Partie I de l’enfant au jeune retraité
Partie II Ma vie professionnelle
Partie III Qui Suis-je

1.      Préambule  10

Vie privée : de l’enfant au jeune retraité  12

I.        Un certain regard sur ma famille de cœur  14

A.       Mes grands-parents paternels, Antoine Ruminski et Veronika Suqososki que je n’ai pas connus. 19

B.       Mes grands-parents maternels, Martin Kaspereck et Marthe Biernat  20

C.       Mes parents, Irène et Alphonse que je kiffe. 22

Autres qualificatifs  22

D.       Souvenirs de 7 à 15 ans  22

1.       Mes tontons sont mes bienfaiteurs. 22

2.       Ma madeleine de Proust : la fraise, mon fruit préféré. 24

3.       La maison d’Écaillon   25

4.       Départ pour l’Allemagne  25

5.       Mort d’Alvis et retour d’Allemagne  26

E.       Le Quesnoy, la ville surprise, le théâtre de notre vie. 30

1.       Le cinéma à Le Quesnoy  30

2.       Mon année en CM1 vers 1969   32

3.       Les films « My Fair Lady » et « Coccinelle »  33

4.       La customisation des affiches « osées »  34

5.       Le mini-bus  34

6.       Les séances gratuites à Noël 35

7.       Les Gitans, ma sœur et moi 36

8.       La Tourniquette, nos jeux d’enfants  37

9.       Les boites de cirage  38

F.       La fratrie : Patrice, Cathy et moi. 39

1.       Les désastres de la vaccination   39

2.       Mon indépendance et ma créativité  41

G.       Cathy ou les fardeaux d’une vie. 42

1.       La noyade à la piscine  43

2.       La robe en feu   44

3.       Notre relation frère-sœur  44

4.       Cathy adolescente  45

5.       Sa vie de femme et de mère  46

6.       Son inertie face au décès de nos parents  47

7. Des parenthèses heureuses  48

I. Mes années collège, lycée et ma brève vie d’étudiant  49

1.       Un élève moyen jusqu’en troisième  49

2.       Découverte du sport  50

3.       Option GEA puis DUT informatique  50

H.       Les projections du Cinéma de Valenciennes  51

1.       Arrivée des films pornographiques  51

2.       Peter Pan Pan cul cul…   52

I.        Mes rencontres féminines  53

   53

1.Annie Demuriez  53

1.       Dominique, femme libérée  54

2.       Paris et Mélina  58

II.       Où est passée ma vie de jeune homme ?  60

A.       Disque-jockey  60

B.       CREPS – Être ou ne pas être professeur de sport  63

C.       Manager d’un groupe de rock « Lézards Martiens »  66

D.       L’informatique - les cours en GEA (vers 25 ans)  69

E.       Les arbronautes (1980)  69

F.       L’armée en 1979   70

G.       Le Sud de la France  73

1.       Achat d’une maison familiale de vacances  73

2.       Les plages du Moure rouge et de Pomme d’Api 73

III.     Ma vie d’homme  74

A.       Édith Strelzic ou l’histoire de celle qui a failli devenir mon épouse  74

B.       Corinne, la mère de mes enfants Audrey et Maxence  76

Rencontre, mariage, enfants, Cannes, divorce (1986 – 2000)  76

C.       Véronique alias Cécile, ma seconde épouse - rencontre, mariage, Juan-les-Pins et Montauroux. 90

D.       Pirate et voleur de musique, de films et de séries (1990)  101

Le concours Lépine – 2016 - 2017   105

IV.     Jeune retraité  107

A.       2020. Année noire – disparition de mes parents  107

B.       La mémoire de la famille, gardiens des films et des photos  116

C.       La retraite à Montauroux, mes enfants et petits-enfants  116

V.      Portrait d’un voleur de temps ! 119

VI.     Les entreprises  120

VII.         Ma vie de créateur  133

1.       Crashword   133

PARTIE 3 : 147

QUI SUIS-JE ?  147

MON REGARD SUR LE MONDE  147

VIII.       La vie en général, la mienne en particulier  148

1.       De la préhistoire à aujourd’hui, qu’est ce qui a changé ?  148

2.       Retours sur ma vie  150

3.       Mon regard et mon ressenti sur des faits de société  155

IX.     Mes écritures  158

1.       Vengeance apocalyptique (Un-certain 11 septembre)  158

2.       La Lionne  159

3.       Un love, Amour, leurre uni vers celle ! Tic ! Tac ! re Tic ! re Tac ! 161

X.      Mon cœur  163

1.       Sait-on encore aimer ?  166

2.       Et si l’on répondait à la question : Qui suis-je ?  170

1.      Préambule

 

Informaticien imprévu, inventeur par accident, rêveur absolu, un père qui a toujours misé sur la raison plutôt que sur le cœur… Voici mes premiers mots pour me dépeindre dans cette autobiographie où je vous invite à découvrir l’enfant, puis l’homme qui s’est façonné au fil du temps, des challenges déposés sur les chemins de traverse de ma vie. Quelques focus mettront en lumière mes réalisations, mes contributions diverses à l’amélioration du quotidien de tout un chacun. Surmonter les défis, inspirer les gens grâce à ma détermination, mon travail acharné et j’ajouterais un certain courage d’avoir su affronter seul, des événements plus ou moins graves.

Ces mémoires ne sont pas le reflet d’une fierté. C’est ma volonté profonde de transmettre à des proches mon histoire, avec des valeurs qui tendent à disparaître, comme le respect, la gentillesse ou la générosité. Tout ce que mes parents, qui ont été des amours géniaux, ont su me transmettre. J’en suis tellement fier et reconnaissant. Ils ont posé une partie des fondations de l’homme que j’allais être. Disparus en 2020, ils me manquent terriblement.

Si je devais résumer ma vie… au fond, je n’ai profité de rien. Je me suis mis au service des autres. Ce que je regrette le plus, c’est que personne n’ait mesuré à quel point il m’a été difficile de braver certains obstacles, de véritables murs qui vous stoppent dans votre course. Mais je ne dois m’en prendre qu’à moi-même, car j’ai tout fait pour que ces murs ne dérangent personne.

En tant que fils, j’ai tout fait pour que mes parents soient fiers de moi.

En tant que père, j’ai été un repère.

En tant que mari, j’ai été quelqu’un de confiant.

En tant qu’ami, j’ai été quelqu’un sur qui l’on pouvait compter.

 

La vie n’est pas linéaire, elle peut être légère, agréable, tortueuse, ambiguë, cruelle… Alors parfois, si je dis une vérité et son contraire, ce n’est pas grave. Je l’assume, car après tout, rien n’est plus proche du vrai que le faux !

À la fois une confession, un testament, un document en partage… cet écrit met en lumière mes émotions, mes réflexions et l’histoire de ma famille telles que je les ai vécues. J’ai conscience que cette parole, gravée dans le papier, est une manière de me révéler, de laisser une trace, d’exister au-delà de la mort. Une parole silencieuse que chacun peut lire à son rythme et s’approprier à l’envie.

Sincérité et honnêteté ont été les gardiennes de ce récit que je vous livre et qui restera le lien bien au-delà du temps, avec les miens.

 

Bonne balade scripturale.

 

 

 

 

 

 

« Une vérité qui traverse un être sera la plus absolue car plus proche.

Dès qu’elle flirtera avec des êtres plus ou moins éloignés,

 elle sera plus ou moins relative. »

Richard


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partie 1

Vie privée : de l’enfant au jeune retraité


 

 

 

1958 – Richard au centre entre maman et son frère Patrice

 

 

I.    Un certain regard sur ma famille de cœur

 

Lorsque je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, je constate, à plus de soixante ans, que ma vie fut une rivière où les cascades vives, parfois rebelles, se sont succédé. Aujourd’hui, le lit de la rivière se fait plus tendre et je navigue en des eaux plus calmes !

Remontons à la source, lorsque je poussai mon premier cri pour annoncer au monde ma présence.

 

Je suis né un mercredi 30 avril 1958 à 23h45 ! La sage-femme, pour marquer l’événement, a ajouté 15 petites minutes, enregistrant ainsi une naissance plus mémorable. Un certain jeudi 1er mai à 0h15 ! À peine né, j’avais déjà rajeuni de 30 minutes !

Très jeune, j’ai pris conscience de la pression exercée par le temps sur ma vie.

À 25 ans, je réalise que j’étais sur cette planète depuis déjà un quart de siècle.

Qu’il m’en restait environ trois autres à vivre.

Qu’il ne fallait surtout pas rater le deuxième quart, celui du socle de la force de l’âge. Raté ! Je ne me souviens quasiment de rien de cette période. Un trou de vie, un trou de mémoire. Le troisième quart fut assurément le meilleur et malheureusement, dernière moi, car je suis en train de vivre le dernier.

Le rythme du temps m’imprégnera de plus en plus de son tic-tac, re tic, re tac permanent au point qu’inconsciemment ou pas, je crée une adresse courriel qui s’intitule « VoleurDeTemps » à toutes les sauces : Hotmail, Gmail, Free, etc. Le dernier quart, je l’appelle la phase de résignation, car je passe en définitive beaucoup de temps pour oublier qu’il existe, tout en me remémorant les événements importants de ma vie.  

Le dernier quart, considéré comme étant celui de la vitesse de croisière de ma vie, est celui durant lequel j’estime ne plus avoir grand-chose à apprendre, avec l’amère constatation que je le passe dans un corps qui commente à s’affaiblir, la soixantaine bien enclenchée. Comme une bougie que l’on allume dont la flamme vacille en fin de course… Je chancèle à cause de ma santé : un diabète permanent et chiant, deux coronaires qui ont failli éteindre le souffle de ma vie tels des agents arrêtant net la

 

 

Richard en 1962

circulation pour excès de vitesse. Des alertes s’additionnent, me font prendre conscience tout à coup, que le temps et le chemin qui reste, est bien plus court que celui déjà parcouru. J’ai malgré tout une parade pour atténuer mon stress dans lequel je ne tiens pas à sombrer : les mathématiques. Leur pragmatisme me rassure du « temps d’éveil » au regard du temps, on va dire normal, et auquel le monde entier se rattache.  Je vais me jouer de l’horloge, étalon universel.

Voilà ma théorie. Une théorie qui rejoint totalement celle qui compare la courbe de la mortalité du Moyen Âge, avec celle d’aujourd’hui : l’espérance de vie a plus que doublé. Il y a de plus en plus de centenaires aidés par l’évolution de la médecine.

Le temps d’éveil, c’est quoi ? C’est assez logique en fait. Le temps moyen du sommeil pour la majorité des individus est de huit heures par nuit. Moi, depuis 1981, date de mon premier métier, je dors en moyenne quatre heures par nuit. Je gagne 4 heures d’éveil par jour. Si on applique ce « bonus » de vie, depuis 1981 à aujourd’hui, j’ai une plus-value à peu près de dix ans ! Et donc, je n’ai pas 64 ans, mais 74 ans !

J’ai encore réussi à me rajeunir de 10 ans en faisant un pied de nez magistral à Madame la Faucheuse. À défaut d’être immortel, c’est ma façon de compenser. On n’oublie surtout pas d’ajouter les 30 minutes des sage-femmes.

 

La moralité de ma vie ? Il y en a une et elle a toujours existé en fait, car elle se manifeste de diverses manières et fait écho en moi. Je n’ai jamais grillé mon temps, et très vite, je suis devenu un voleur de temps hors pair, à force d’en faire une priorité absolue et permanente.  La recette est très facile, et il n’y a qu’une seule condition qui fait que l’on bascule dans ma catégorie où il y a très peu de monde, ou alors on bascule dans la catégorie où il y a la majorité, voire la totalité du reste du monde. La « conscience ». Voici la recette en un exemple. Lorsque vous travaillez, c’est du 100% de votre temps. Mais si vous travaillez vite, vous avez du temps pour aller siroter un petit café tranquille tout en regardant les autres courir. L’idée, bien entendu, n’est pas d’aller forcément vite tout en étant organisé. À force, on devient une sorte d’analyste permanent et à terme, on devient même manipulateur. Oh pas comme vous le pensez. C’est une manipulation très particulière qui vise à ne blesser personne tout en étant plus performant dans

1964

1965

cette subtilisation de temps qui devient en définitive un réflexe. Sur les dix ans de gains de temps sur le sommeil de tout à l’heure, on peut largement le doubler dans ce que j’ai pu voler ailleurs. J’ai 84 ans.

 

Le vol le plus magistral fut opéré au sein de ma dernière entreprise, celle où je suis entré en urgence, juste après avoir appris que l’on m’imposait un divorce. En avance d’environ sept ans sur mes contemporains, je ne pouvais qu’apporter des innovations, des évolutions bénéfiques pour l’entreprise et lui faire générer des bénéfices. Ne souriez pas, je suis un pro dans mon domaine. Comme Obélix tombé dans la potion magique. Tellement pro, que je me suis fait des ennemis tout autour de moi dans presque tous les domaines et l’instigatrice n’est autre que la jalousie ! Hors de question de concéder une seule seconde de mon temps précieux à un « système » bien pourri. Comment ai-je réussi ce tour de force ? Vous n’imaginez pas à quel point la facture a été salée pour l’entreprise qui n’a eu pour seul choix que de me laisser faire ce que je voulais. Bien évidemment, pour que j’en arrive à ce stade, il y a eu un préambule. Lorsque j’ai été embauché, j’avais donc 7 ans d’avance et tout à apporter pour, justement, aller dans le sens de l’entreprise. Durant dix ans, « ils » ont tout fait pour détruire ma conscience professionnelle, « ils » m’ont placardisé… j’ai utilisé ces années à bon escient, mais j’y reviendrai. De 84, je passe à 94 ans !

Je me suis protégé des êtres abjects, sans états d’âme, qui n’avaient pour but que de préserver leur aura, quitte à détruire la vie des autres. Je suis très fier d’avoir inversé la vapeur. Au fond, l’entreprise, a payé la véritable facture sans bénéficier de mes compétences. Lorsque des personnes tentent de vous anéantir, il n’y a aucune raison que vous soyez le seul à rentrer chez vous avec des valises. Retournez-les à l’envoyeur. Équilibre dans le déséquilibre.

 

Enfin, le centenaire que je suis devenu a, en réalité, 65 ans. Il ne faut pas s’y tromper ! Cependant, il me plait d’affirmer qu’une autre personne qui aurait eu à suivre mon parcours aurait bien eu besoin d’un siècle pour y parvenir !

 

 

A.  Mes grands-parents paternels, Antoine Ruminski et Veronika Suqososki que je n’ai pas connus.

 

 
1967
Je n’ai pas énormément de souvenirs d’enfance. Un des rares est que j’ai passé plus de temps chez mes grands-parents que chez mes parents. Ils habitaient à proximité de notre domicile, dans un hameau formé de quelques maisons isolées, à Écaillon, un tout petit village non loin de Douai, dans le département du Nord en région Nord-Pas-de-Calais. Il faut imaginer un carrefour quasiment jamais traversé par les voitures et la présence de l'oratoire de Notre-Dame-des-Orages. C’est une image bien gravée dans ma mémoire ! J’ai toujours été intrigué par ces chapelles de dimensions restreintes avec leur prieuse muette, une statuette à l’intérieur et trois ou quatre arbres autour. À six ans, ce qui m’énervait, c’était qu’on ne pouvait pas y entrer ! Il y avait une porte avec une grille et juste derrière comme un ange que j’aimais bien regarder.

 

Je me souviens bien d’Écaillon puisque j’y vivais en permanence.

 

Mon grand-père Antoine Ruminski travaillait dans les mines, avait sept frères et était venu de Pologne, berceau de notre famille. Une partie de la fratrie a transité provisoirement par l’Allemagne et lorsque la guerre fut déclarée, certains de nos proches ont été « catapultés » aux quatre coins du globe : Australie, Canada, Angleterre. Une majorité s’est installée dans le nord de la France et notamment mon grand-père qui s’est établi à Flers-en-Escrebieux (une cité minière, un coron où je crois qu’ils ont aimé vivre), puis à Écaillon. Il faut voir cette cité comme une gigantesque famille, où tout le monde se soutenait.

 

Marié à Veronika Sukososki, le couple aura quatre fils : Alphonse mon père, l’ainé, né en 1928, suivi de Casimir, François, et Alvis.

 

B.  Mes grands-parents maternels, Martin Kaspereck et Marthe Biernat

 

À cette époque, mes grands-parents maternels Martin et Marthe, également émigrés polonais, habitaient à côté de nous à Écaillon, où mes parents construisaient leur maison. Ma mère, Irène est leur fille unique, née en 1935. Mes grands-parents et mes parents avaient un jardin commun qu’ils cultivaient. Ils produisaient de tout. J’ai en mémoire des fraises, des blettes, des framboises et toutes ces rangées de légumes.

 

En me retournant sur mon passé, je vois surtout le visage de mon pépé Martin que j’adorais. Il était un peu un laissé-pour-compte. Ancien mineur, un être doux, simple et discret. Je pense que j’étais proche de lui car j’étais le plus disponible. Mes parents et ma grand-mère étaient si occupés. En vivant auprès de nous, pépé Martin a bénéficié à la fin de sa vie de tous les avantages du cinéma que mes parents ont exploité. Il dégommait comme nous les bonbons, les glaces et voyait des films, surtout des westerns, des choses qu’il n’aurait jamais pu faire si mes parents n’avaient pas pris le cinéma. Il appréciait ces moments et le soir, c’est lui qui me ramenait à la maison. C’était chouette ce retour dans le noir parce qu’il n’y avait pas de lumières comme aujourd’hui. Nous faisions environ un petit kilomètre à pied, main dans la main, sous des lunes plus ou moins claires. À la maison, nous parlions du film, il se mettait plus à mon niveau que moi au sien et du coup, je considérais mon Pépé avant tout comme un petit copain avant d’être mon grand-père.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mémé Marthe était différente. À dire vrai, je ne l’appréciais pas à sa juste valeur… tout en l’aimant bien. Avec le recul, je dois avouer que je n’avais pas cet amour qu’un petit-fils devrait avoir. Pour ma défense, j’étais bien jeune et je considérais qu’elle ne me donnait pas ce que j’attendais d’elle. J’ai compris bien plus tard que sa priorité n’était pas de dorloter son petit-fils mais d’aider le plus possible la famille surtout à Écaillon, pour que personne ne soit dans le besoin. Au sortir de la guerre, son aide était devenue un réflexe : bosser au jardin du matin au soir, préparer les repas et pomper l’eau pour les lessives et même de faire les poubelles pour récupérer ce qui était récupérable. Dans les années 50, les couches en tissu étaient lavées et relavées… Je compare Marthe à une machine à travailler non-stop. Ce qui n’est pas vraiment compatible avec les desiderata d’un enfant qui espère que sa mamie joue avec lui ! Travailleuse mais pas revendicatrice ! Un peu effacée comme mon grand-père. Elle trouvait toujours du travail à faire… À l’image du lapin Duracell. Marthe ne savait pas ne rien faire. Au décès de mon grand-père Martin, mes parents l’ont logée dans plusieurs maisons successives. Marthe a eu le talent de transformer un pavillon de plain-pied moderne, en une ferme. Sacrée mémé.

Par exemple, au lieu d’utiliser les toilettes, elle faisait dans un seau qu’elle versait dans le jardin pour que les légumes poussent mieux, comme les poireaux. Les maisons voisines étaient tirées à quatre épingles ; chez mémé, c’était une véritable forêt avec un champ de légumes, des poules et des lapins. Elle vivait à l’ancienne, a tout fait à l’ancienne sauf profiter du peu de confort qui lui était offert. Elle continuait à faire les poubelles, à demander au boucher de la viande pour ses chats et chiens, mais qu’elle cuisinait en fait pour elle ! Ainsi, elle a « thésaurisé » à mort jusqu’à la fin de sa vie. La guerre, la peur du lendemain. Qui a raison ? Personne.  

 

C.   Mes parents, Irène et Alphonse que je kiffe.

 

 
Irène et Alphonse Ruminski
Autres qualificatifs : « les généreux », « les gueules de cons » « les amours » les « gamins » ! Mais je suis surtout tellement, tellement fier de ce qu’ils ont été. Impossible d’écrire juste un paragraphe sur mes parents. La vie n’étant pas linéaire, maman et papa reviendront régulièrement dans ces mémoires. Enfant, je revois mon père bricolant un vieux camion et avec l’aide de maman. Il a construit de A à Z, la maison qu’ils ont habitée. Ils la vendront car un projet à l’étranger les attendait. Feront-ils le bon choix ?

 

D.                Souvenirs de 7 à 15 ans

 

1.                  Mes tontons sont mes bienfaiteurs.

Casimir habitait à Courcelles avec sa femme Gertrude et leurs deux fils : Michel le guitariste et Bernard le fantaisiste. François, le second frère de papa a été poussé dans le dos par la guerre vers l’Angleterre et est devenu un boulanger industriel à Plymouth.

 

Marié à Irène, ils ont eu deux enfants, un autre Richard, futur militaire de la Royal Navy et Danièle la voyageuse… Enfin Alvis, qui s’installera en Allemagne et marquera fondamentalement notre famille. J’en parlerai un peu plus loin.

 

Après-guerre, début des Trente Glorieuses, une période où il était possible de réussir en démarrant de rien. Après avoir été déchirés par la guerre, les gens se sont réconciliés, stabilisés. J’ai 7 ans en 1965 et je ne sais plus pour quelle raison, Alvis devenu millionnaire est venu à Écaillon pour rencontrer mon père, en Cadillac avec chauffeur s’il vous plaît. Les deux hommes s’estimaient. Alvis a proposé à mon père de travailler avec lui à Düsseldorf. Enthousiastes à cette idée, mes parents ont décidé de vendre leur maison d’Écaillon pour se lancer dans cette nouvelle aventure.

 

L’oncle François d’Angleterre, adorait venir en France. Régulièrement, nous nous trouvions sur le quai de débarquement pour l’accueillir et je voyais ces énormes bateaux qui faisaient la navette entre Plymouth et Douvres, vomir des voitures sur le port ! Impressionnant. Propriétaire d’une marque anglaise, François était devenu très « British » ! Comme le père Noël, il ramenait toujours des choses incroyables tel un énorme camion coloré tout en fer et rempli de bonbons. Au début des années 60, nous n’avions pas trop les finances pour ces choses-là et j’appréciais ces cadeaux qui me surprenaient toujours. L’oncle François aimait faire le tour de la famille. Sans doute un besoin vital de maintenir le lien. Un subside de la vie dans les Corons.

 

Mes parents se rendaient souvent chez l’oncle Casimir, très sédentaire. Il faut dire qu’il habitait, presque au milieu de la trajectoire Le Quesnoy-Lille. S’arrêter chez lui était devenu un stop obligatoire lors de la petite sortie quasi-hebdomadaire de mes parents. Je me souviens bien d’Irène Bic, la reine des boutiques de fringues, une cousine à mon père, et de son mari Michel, sans oublier leur fils unique Philippe. Ils habitaient plus loin, au Touquet. Ils sont devenus tous les trois de soi-disant bourgeois, des parvenus inscrits un peu trop dans les fausses « Appâts rances ». Pour autant, ils restaient généreux et gentils, tout comme le reste de la famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Oratoire Écaillon

 

2.    Ma madeleine de Proust : la fraise, mon fruit préféré.

 

 Si vous avez bien lu les pages précédentes, j’ai parlé du jardin de ma Mémé Marthe, des bonnes odeurs, des fraises mes fruits préférés, des blettes. Je glanais des pommes de terre dans les immenses champs tout

autour de la maison d’Écaillon plantée comme une épingle au milieu d’un tableau. Il n’y avait qu’à se baisser, pour les piquer ces pommes de terre. J’ai écrit « piquer », mais je ne volais rien car après la récolte, il en restait toujours assez pour remplir une cave. C’était commun à cette époque. L’été, je me roulais dans les champs de blé, je m’enfouissais dans les bottes de blé jaune très parfumées en forme de pyramide. J’adorais voir les moissonneuses jouer les faucheuses.

 

3.    La maison d’Écaillon

 

Dans la campagne d’Écaillon, je vivais protégé, loin de la ville, toujours accompagné de mon trop grand vélo. Une vie comme déconnectée de ce monde qui commençait à se réveiller loin de nous, au gré du modernisme. En fait, au fil du temps, c’est la ville qui est venue à nous !

Notre quotidien était orienté sur les choses à faire, souvent des choses simples. Elle était chouette la vie à cette époque dans la maison tête d’épingle, pilier dans notre histoire. Bien plus tard, j’ai voulu que mes parents la revoient pour qu’ils se remémorent ce passage important de leur vie. Papa s’est plus qu’investi dans la construction de cette demeure familiale. Brique après brique, il a édifié notre petit paradis, aidé de maman. La maison, le camion bleu servant à transporter du charbon…

Les grands-parents pas loin, le jardin des délices, le calme et plein d’oiseaux tout autour, sans oublier l’ange juste au carrefour, comme pour régler la circulation des voitures fantômes, car il n’y en avait quasi jamais. Nous y étions très heureux et qui sait quelle aurait été notre vie si… on avait habité ailleurs. Ce que je ne savais pas encore, c’est que j’étais né dans une famille avant-gardiste, attentive et très protectrice qui ne laissait pas tomber les siens.

 

4.    Départ pour l’Allemagne

 

Je reviens à l’oncle Alvis, l’homme qui a failli changer le cours de notre vie ! Le premier big bang familial. Je savais qu’il allait nous rendre visite, mon père en parlait. Mais lorsqu’il a débarqué, j’étais à l’école où il est venu me chercher, accompagné de mes parents. Garée devant l’école, sa Cadillac gigantesque avait un coffre tellement spacieux qu’il a avalé mon trop grand vélo en une bouchée, sans que l’on ait eu besoin de le plier. Impressionnant et impressionné. Son chauffeur nous a ramenés à la maison. À partir de ce moment-là, ce fut un peu le black-out, car ce parent était, sans le savoir,

 

La Cadillac

 

le point de départ d’un grand bouleversement de notre vie qui aurait ses conséquences. Les adultes avaient leurs discussions et moi, je continuais ma petite vie. Et puis tout à coup, la maison vendue, on abandonne mes grands-parents pour déménager en Allemagne.

 

Nous avons rejoint Alvis qui était à la tête d’une importante société de BTP en plein essor après la guerre.

 

5.    Mort d’Alvis et retour d’Allemagne

 

Assurément, Alvis voulait faire de mon père son bras droit, face à une multitude d’employés incompétents. Autour de lui, personne n’avait la fibre d’un entrepreneur. L’avenir semblait donc sourire sauf qu’Alvis se savait mourant, à cause d’un cancer. Un médecin était à sa disposition et vivait au domaine, à Düsseldorf. Au départ, mon père n’était pas au courant de la santé d’Alvis mais très rapidement, il a su. L’oncle Alvis est décédé peu de temps après. Mes parents ont failli se retrouver à la rue car ils avaient donné tout le fruit de la vente de leur maison à Alvis, sans avoir établi aucun papier…. Alvis leur avait donné en échange, provisoirement un immeuble de quatre étages… toujours sans aucun papier. La famille d’Alvis a été conciliante. Papa a revendu l’immeuble, et on est rentrés en France.

Le décès d’Alvis a forcé mes parents à rentrer en France après deux ou trois ans de vie en Allemagne. Je précise qu’à cette époque, nous étions encore très proches de la fin de Seconde Guerre mondiale et revenir en France avec une voiture immatriculée en Allemagne, ne fut pas facile. Ma famille a été clairement considérée comme étant « Bosch », moi y compris à l’école.

 

La seule chose dont je me souviens, c’est que l’on fêtait le mardi gras. Une année, je me suis déguisé en Zorro, personnage très connu en France, mais en Allemagne, c’était un illustre inconnu et on me répétait tout le temps « Was is das ? Was is das ? » Le petit garçon que j’étais, si fier de son déguisement incompris de ses copains a été marqué. Je m’amusais également beaucoup en bas de l’immeuble dans cet immense bac à sable. Une nouveauté pour moi qui avait appris à respirer la terre.

 

Dans cette aventure allemande, ma famille a frôlé le désastre et failli se retrouver à la rue, sans rien. Mes parents ignoraient qu’ils amorçaient un nouveau départ en rentrant en France et que celui-là allait bouleverser définitivement et radicalement leur vie, de manière positive. L’argent qu’ils ont récupéré in extremis de la vente de l’immeuble de Düsseldorf fut très utile à ce nouveau démarrage qu’ils ont entamé avec courage et audace.

 

Retour en France donc. Je ne sais pas comment cela s’est déroulé, mais il y a eu une rencontre avec une personne dont je ne sais plus le nom mais qui leur a posé la question suivante : « Pourquoi vous ne reprendriez pas un cinéma ? ».

 

 

Le Quesnoy

 

 

 

 

 

 

 

 

Face à cette question, mes parents ont fait le point : originaires de Pologne mais nés en France, installés à Flers, à Écaillon puis en Allemagne et retour en France avec juste de l’argent en poches… La proposition de s’installer à Le Quesnoy et de reprendre un cinéma a fait son chemin même s’ils sont tombés du 36e étage par cette étonnante proposition. Le meilleur, c’est qu’ils n’ont pas hésité et ont répondu « Pourquoi pas » !

 

Je les adore.

 

E.   Le Quesnoy, la ville surprise, le théâtre de notre vie.

1.    Le cinéma à Le Quesnoy

 

Arrivés à Le Quesnoy, nous avions fait la route depuis l’Allemagne dans une Fiat 1500 blanche qui a traversé la Forêt-Noire en tuant au passage un faisan qui s’est suicidé sur le pare-brise. Une frayeur mémorable. Le volatile a fini dans l’assiette. Nous avons emménagé très vite dans un HLM et je suis catapulté dans une école. Mes parents, trentenaires, ont obtenu l’aide de la mairie pour les démarches et transformer un théâtre inactif en cinéma. On est si loin du père Alphonse qui retapait son camion pour livrer du charbon, loin de cette maison familiale construite de leurs mains, leurs pieds baignant en permanence dans du ciment. Quelle audace d’oser tout vendre, faire confiance à un oncle quasi-inconnu et le suivre à Düsseldorf. Puis, il fallait de nouveau oser fuir l’Allemagne avec comme seul bien une petite cagnotte, la famille entassée dans une voiture fonçant vers une ville inconnue et faire une fois de plus confiance à un inconnu. J’ai compris bien plus tard qu’à l’époque des Trente Glorieuses, il y avait encore l’ascenseur social et que beaucoup de personnes se faisaient confiance. Le contrat, c’était de cracher dans la main. Mon père s’est découvert un super talent de bricoleur et a transformé à la seule sueur de son front, le gigantesque théâtre surdimensionné pour une ville de 6000 habitants. Boosté par ma mère qui se découvre l’âme d’une commerciale, mon père a installé deux projecteurs au charbon, un écran géant sur la scène pour diffuser les films et a ingénieusement transformé la salle en cinéma avec l’aide de cette personne dont je ne me rappelle pas, qui a été à l’initiative de ce bouleversement total. Assez rapidement, le cinéma fut opérationnel et il est clair

 

que c’était un sacré événement pour toute la ville du Quesnoy. Mes parents ont été perçus très vite comme des notables sympas. « Le Modern’Ciné » était né. Quant à moi, j’apprenais à connaître les remparts de cette ville fortifiée par Vauban. Un fantastique terrain de jeu. Trop jeune encore pour me perdre dans les fortifications, j’allais jouer juste en face de l’appartement, souvent avec ma sœur. Je commençais déjà à construire des petites cabanes. Tout était nouveau pour tout le monde et on ne mesurait pas encore tout ce que cette ville allait nous apporter en termes de richesses. Comme si le big bang ne suffisait pas, on a déménagé dans une maison de maître, une maison bourgeoise du 18e siècle dans l’enceinte fortifiée. Une vraie ruine qui se trouvait à deux pas de mon école. Je réalise en écrivant ces mots, que tout ce que touchait mes parents, retrouve une aura. Mon père avec courage a retroussé ses manches pour transformer la ruine en une demeure familiale où il faisait bon vivre. Une maison plein sud, au calme, avec un jardin rempli d’arbres fruitiers : noisetiers, cerisiers, pommiers, poiriers, abricotiers… Le rêve.

 

Mon père est désormais « exploitant cinématographique » et ma mère comptable de l’entreprise… ce qui arrangeait bien mon père. Ils se complétaient à merveille.

 

 

2.    Mon année en CM1 vers 1969

 

 

 Je me souviens bien de cette période post Allemagne. Je rentre en classe de cm1. Ce ne fut pas évident pour moi, car la Fiat 1500 avait toujours une plaque immatriculée en Allemagne. Pour les villageois encore très marqués par l’invasion teutonne, nous étions des « sales Bosch ». J’en ai souffert à l’école. J’ai dû me défendre. Ma première bagarre, un coup de poing au visage d’une grande nouille qui jouait le fier. Cela a calmé tous mes agresseurs potentiels. Pas violent du tout, j’ai découvert l’art de me défendre seul. J’avais profité du coup de sifflet à la récréation nous invitant à mettre les mains sur la tête, pour régler mes comptes. La nouille était plus grande que moi, j’avais donc trouvé ce seul moyen un peu lâche peut-être, de me venger d’une l’insulte si injuste.

Au fond, c’était rusé de ma part, et terriblement efficace.

 

Cette petite mise au point effectuée, je me souviens bien de nos jeux de billes en terre, en verre et le jeu de la marelle. En y repensant, Écaillon, c’était pour moi le premier cocon et l’Allemagne le brouillard. Mais, à Le Quesnoy, c’est vraiment là que ma vie et celle de ma famille s’est enracinée, et ce n’était que le début.   

 

 

 

3.    Les films « My Fair Lady » et « Coccinelle »

 Le monde du Cinéma avec tout ce qui s’y rattache, a ouvert une porte de rêve à notre famille. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque où les salles de cinéma étaient plus que bondées. Chaque film à l’affiche était un événement et remplissait les salles. Certains films plus que d’autres ont marqué ma mémoire. Lorsque « My Fair Lady » a été diffusé, deux très jolies jeunes femmes, Arlette et Colette, habillées comme dans le film, étaient présentes lors de la projection. Lorsque le film « La Coccinelle » est passé au Quesnoy, il y avait une vraie voiture « Coccinelle » devant le cinéma. La fameuse Choupette. Avec ce cinéma, c’était à chaque fois de nouvelles histoires dont certaines nous ont bien fait sourire. Au fond, le cinéma ne nous a pas seulement permis d’accéder à un rêve, il a enrichi considérablement notre vie, financièrement, socialement, intellectuellement. On est si loin du sac de charbon que l’on jette dans une trappe de la cave depuis un camion qui tombe en panne toutes les 5 minutes. Quel parcours !

4.    La customisation des affiches « osées »

 

Le cinéma était situé juste en face d’une école. Mon père collait les affiches des films érotiques projetés pourtant soumises à la censure… Cependant, si une poitrine voluptueuse apparaissait, papa grimpait à l’échelle avec des feutres pour dessiner un soutien-gorge, histoire de ne pas heurter les enfants de l’école.

 

Ancien projecteur 35 mm

5.    Le mini-bus

 

 
1966 devant le cinéma
 Pour participer à l’activité du cinéma qui clairement dynamisait la ville, la mairie a missionné un bus qui sillonnait les villages avoisinants pour acheminer des personnes qui voulaient voir un film. Ils n’étaient pas nombreux à pouvoir se déplacer, car avoir une voiture était encore une exception. Lorsque le bus arrivait sur la grande place, on savait si le chauffeur était « bourré », ou pas. Lorsqu’il était saoul, il réussissant toujours son créneau du premier coup. Lorsqu’il ne l’était pas, il s’y reprenait en plusieurs fois.

6.    Les séances gratuites à Noël

 

Mes parents n’étaient pas des spéculateurs. Les billets proposés n’étaient pas chers, car ils ont vite réalisé que dans la région de Le Quesnoy, un monde paysan était en place avec des agriculteurs peu fortunés. De ce fait, le tarif a été minoré. Très vite, ils ont offert  des séances gratuites aux pensionnaires des maisons de retraite et à chaque Noël, mon père s’arrangeait pour détourner des films de Disney en séances « pirate » pour tous les enfants.

 

Je me souviens des montagnes d’oranges, des petits bonhommes en pain de mie bien dorés, les sachets de bonbons prêts à exploser. Et tous ces arômes... le rêve ! Du moins pour moi. Les autres enfants eux, ne faisaient que passer, et hop une collation offerte par la mairie qui participait aussi à cette « piraterie » collective.

Dans le cinéma, il y avait un hall d’entrée avec un bar, une bonbonnière, la caisse pour la délivrance des billets. Derrière le bar, Marie-Hélène faisait aussi du ménage dans la salle. Elle râlait toujours lorsqu’elle devait ramasser les tonnes d’écorces de cacahuètes qui jonchaient le sol ! Pour l’aider, mon père avait fabriqué un aspirateur géant dont le sac gonflait comme une montgolfière lorsque l’on le mettait en marche. De ce fait, l’aspirateur diffusait une odeur bien agréable de cacahuète dans toute la salle.

 

Il y avait du personnel. Marie-Hélène était une voisine qu’il avait embauchée comme tant d’autres. Un projectionniste, un contrôleur de billet. À tour de rôle, maman et papa étaient en caisse. Ma sœur et moi, nous étions derrière la bonbonnière. Forcément, dès que nos parents avaient le dos tourné, on piquait des sucreries pour s’en remplir la bouche.

 

Le hall du cinéma était très vivant. Toujours bondé de clients avec tout autour de nous, d’innombrables affiches de films en cours, des photos de longs-métrages à venir. Un passage obligé : le brouhaha incessant jusqu’à ce que le film démarre et là… plus un bruit sinon celui des bobines.

 

7.    Les Gitans, ma sœur et moi

 
Le lac de Le Quenoy
Autre anecdote mémorable. Il arrivait qu’il y ait des Gitans comme clients. Ces dames cachaient leurs enfants sous leurs longues jupes en pensant passer inaperçues. Mais lorsqu’elles marchaient, on pouvait entr’apercevoir quatre, ou six paires de gambettes, au lieu de deux. Mon père ne pipait mot… juste pour la forme. Mais, de temps en temps, ils les prenaient la main dans le sac, où plutôt les enfants sous la jupe, histoire de bien montrer qu’il n’était pas dupe. À l’entracte, il y avait quasi les mêmes acteurs que dans le hall, qui sillonnait les rangées avec un panier accroché au cou, rempli de bonnes choses : popcorn, glaces, cacahuètes et autres sucreries. C’était l’époque où il y avait la publicité sur le grand écran, « Pro ciné publicité », les actualités journalistiques en avant-première et des documentaires, des présentations de films à venir. Le cinéma était une vraie fête. Tout cela a disparu aujourd’hui. Cette très belle période que nous avons vécue en famille, s’est transformée peu à peu, le rêve s’est assombri. Au fur et à mesure du temps, nous avons réalisé avec ma sœur que nous ne sortions jamais avec nos parents. Se promener ou faire autre chose ensemble, en dehors des activités du cinéma qui avaient surtout lieu le week-end était impossible. Ce cinéma qui accaparait nos parents s’est transformé en une prison dorée. Notre vie s’est déroulée comme un long fleuve (pas toujours) tranquille durant une vingtaine d’années jusqu’à ce que mon père rachète le cinéma à Valencienne, « Le Colisée ».

 

8.    La Tourniquette, nos jeux d’enfants

 

Je grandissais. Il y avait de quoi s’amuser près des remparts. Avec les copains, on allait dans les souterrains avec des bougies et des pétards. Le souterrain Fantôme, le souterrain « Brezet ». On aimait se faire des frayeurs !

Ensuite, on allait à la pêche à l’étang « La  Tourniquette », utilisant diverses méthodes dont les « bombes », des bouteilles en verre, genre bière Pélican, avec la capsule attachée au goulot. Nous y glissions de l’acide avec de l’aluminium et des cailloux pour qu’elles s’enfoncent au fond de l’étang. Jetées dans l’eau, il suffisait de patienter pour qu’elles explosent et fassent remonter des goujons, des gardons et parfois des brèmes. Les poissons sonnés, flottaient au fil de l’eau et il n’y avait plus qu’à les ramasser avec nos filets.

On construisait des cabanes dans les arbres, on achetait chez le droguiste des produits dangereux, genre chlorate de soude que je mélangeais avec du sucre pour faire voler des boites de cirage comme des soucoupes volantes. Nous chassions parfois les têtards, les grenouilles… nous allions toujours fouiner partout.

J’avais un vélo transformé en vélo cross pour monter et descendre des pentes incroyables dans une zone prisée des motos cross. Les gardes-boues relevés, une carte à jouer dans les rayons, coincée avec une pince à linge et j’avais le bruit de moteur en prime. Ma mob’. Tous mes jouets de Noël, je les démontais pour reconstruire autre chose. Je ne le savais pas encore, mais ma curiosité et ma créativité n’allaient jamais s’arrêter de progresser.

 

9.    Les boites de cirage

Comme pour le cinéma, ce n’est pas que l’on se lassait des remparts, mais en grandissant, avec nos vélos, on commençait à se balader dans les villages avoisinants. Les rivières, les fermes, les vaches. Un jour, avec des potes de mon âge, nous nous

 

sommes rendus à Louvignies. En passant sur un pont, on a décidé de piquer une tête dans l’eau qui ne paraissait pas profonde. Nous avions cru voir quelque chose briller au fond de l’eau, ce qui nous a incités à nous mettre en slip. Nous avons plongé et nagé jusqu’à « la chose » qui brillait. Nous avons récupéré une petite boite en aluminium que l’on a eu peur d’ouvrir en pensant que c’était une bombe ou un piège. Rassemblant tout notre courage, on l’a finalement ouverte. Dedans, il y avait une grosse liasse de cent francs anciens. Autant dire que ça ne valait plus rien, mais pour nous, c’était une vraie fortune. On était devenus riches !

 

Nous avons partagé entre camarades et quand j’ai ramené mon trésor à la maison, mes parents étaient plus que surpris de notre découverte.

 

F.   La fratrie : Patrice, Cathy et moi.

1.    Les désastres de la vaccination

Avant d’évoquer la vaccination, pour dédramatiser un peu, je peux regarder n’importe quel genre de films, action, horreur et même gore. Mais si dans un film sentimentic ou romentale, je vois apparaître une main prête à faire une injection avec une seringue, je suis au bord de l’évanouissement et je détourne la tête.

 

1960. J’ai deux ans, mon frère Patrice cinq. Suite à l’injection du vaccin DTP comme d’usage à l’époque, je suis devenu aveugle provisoirement et mon frère est décédé dans la nuit d’une commotion cérébrale. Bien évidemment, ma famille a banni à tout jamais le moindre vaccin, laissant nos carnets de santé vides de toute trace de vaccination.

 

En 1975. Les écoles primaires exigeaient déjà un carnet de vaccination rempli. Le médecin de famille tentait de nous rassurer, mais mes parents n’accepteraient l’injection qu’à condition que le médecin signe un document engageant sa responsabilité. Il a fait marche arrière en disant « On va faire un test ». Résultat : positif pour ma sœur qui aurait pu mourir si l’injection avait été faite. Le mien était négatif. Le médecin a blêmi affirmant qu’il n’avait jamais vu ça de sa vie.

 

1978. Le vaccin TABDT à l’armée. J’ai évité in extrémis la piqûre. Tous les appelés consignés en chambrée le week-end ont été malades comme des chiens. J’ai été consigné aussi, étant pris pour un « tir au flan ». Ouf ! Évité de justesse.

 

En 1995. J’ai décidé de consulter un professeur au CHU La Calmette à Lille pour vacciner mes enfants et remplir le fameux carnet de vaccination. Le vrai protocole, n’est pas de faire la piqûre à l’école en une injection et « au suivant ». Le vrai protocole, c’est de faire des injections évolutives à 10% en 10 semaines et d’être en observation 3 heures à chaque fois. C’est à la dixième semaine qui est la bonne à 100%. Je me suis donc rendu dix fois à Lille et les enfants ont été vaccinés avec soin.

Si ma mère avait su…

 

 

1997. Ma fille Audrey a évité de justesse le vaccin de l’hépatite B, devenu obligatoire.

Résultat : à la fin de l’année, 4 600 dossiers impliquaient outre la sclérose en plaques, le syndrome de Guillain-Barré, le lupus érythémateux, des névrites optiques, les polyarthrites, péricardites, uvéites postérieures, paralysies faciales, le lichen plan et aussi l’augmentation inquiétante d’asthme et de diabète insulinodépendant, que l’on occulte totalement en France. Une étude assez discrète a conclu : « Pour la plupart des enfants, le risque d’une réaction grave au vaccin peut être 100 fois plus grand que le risque d’hépatite B lui-même. ». Opération piqûre hépatite B abandonnée.

 

2017. Aux trois vaccins obligatoires pour protéger le citoyen de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyélite (DTP), le gouvernement français en a rajouté huit autres « recommandés » qui ont pointé leur nez début 2018 et qui sont en fait plutôt des précautions prises face à l’arrivée massive d’immigrés. Des centaines de milliers d’Africains traversent la Méditerranée en barque, investissent nos rues, nos commerces, nos écoles sans aucune vaccination. Ils sont porteurs de bactéries potentiellement dangereuses pour l’Occident. Une note a même circulé dans les écoles informant qu’« il faut adopter le principe de précaution, d’hygiène et sanitaire à l’arrivée grandissante des enfants issus de l’immigration ». Bien entendu, les vraies raisons sont passées sous silence.

Ces 11 vaccins m’ont fait réagir, car ils contiennent des métaux lourds neurotoxiques, comme de l'aluminium et du mercure, et des substances chimiques, comme le formol, aux effets parfois mortels. La raison de la naissance de ma sœur, c’est la mort de mon frère. C’est une leçon de vie bien triste, d’autant qu’il est certain que mon frère n’est pas le seul sacrifié au nom de la vaccination et ses protocoles d’injection peu ou pas respectés. Cela n’arrive pas qu’aux autres… Bien plus aujourd’hui qu’hier.

 

Moralité : La priorité, c’est la vie, la vraie, pas celle que l’on nous injecte.

 

 Cet aîné, Patrice, que nous n’avons pas connu, est mort d’une méningite cérébrale foudroyante à cause d’un vaccin fait en une minute à l’école.

Ma mère ne s’est jamais remise de sa disparition aussi violente qu’inattendue. Le temps avait beau passer, elle gardera perpétuellement un voile de tristesse. Parfois, j’ai croisé ses larmes. Mais la vie continue. Mes parents étaient très tournés vers la famille. Ils étaient affectueux, courageux, généreux. Sur le plan affectif, bien que peu démonstratifs, leur attachement était profond. Ma sœur et moi, nous ne manquions de rien. Il faut dire que mes parents n’ont jamais cessé d’évoluer dans leur vie, basée sur les priorités à gérer. Au sortir des Trente Glorieuses, ce fut un réflexe générationnel. Ne manquer de rien, essayer de réussir.

 

2.    Mon indépendance et ma créativité

 

J’ai transformé ma chambre en salle de cinéma. Toutes les affiches un peu étranges, je les découpais et je créais des compositions que je collais sur les murs de ma chambre. J’allumais ensuite une lumière noire et je baignais dans un monde imaginaire.

Je m’approprie, je transforme et je crée. Ce sera le credo de ma vie.

 

J’avais besoin d’être en relation avec la nature au point de rêver d’être une sorte d’ermite. D’où me vient cet appel ? Je n’en sais rien sauf que cela m’apaisait. Il n’y avait pas trop matière à se poser des questions parce que la nature était et est toujours un terrain de jeu phénoménal. J’aurais pu pratiquer du foot, du volley en salle, faire toutes les activités sportives que j’avais sous la main, d’autant plus que le lycée possédait les infrastructures. Au lycée, je serai ceinture noire de judo, interrégional en volley-ball, national en gymnastique, je voulais même être prof de sport et j’ai passé le CREPS.   Mais ce qui me plaisait, c’était la nature : les arbres, les remparts, les cabanes, les igloos lorsqu’il neigeait, le soleil, le ciel. Personne ne me guidait. Je construisais ma solitude, mon monde. Instinctivement, les mêmes sujets revenaient toujours. Inventer, la nature, la musique, les films imaginaires, fantastiques et de science-fiction et tout faire pour me mettre dans une ambiance. J’allais comprendre que tout ce qui était différent, était intéressant. Tout ce qui était pareil, comme la masse des gens, les réseaux, la télévision, la politique même, me faisaient fuir. La nature, l’art, les mondes imaginaires, le vrai, l’authentique, le courage, les valeurs, les chercheurs, les inventeurs. Très jeune, jamais un objet ne restait en l’état ! Il subissait forcément des transformations. Ce qui me passionnait, c’était de savoir comment il fonctionnait, ce qu’il avait dans le ventre, les mécanismes… En grandissant, c’est resté et cela s’est amplifié au point même de devenir inventeur de jeux de société. Je ne peux pas aborder le contenu de mon travail en tant qu’informaticien, un univers très complexe et qui démarrait. Je peux en revanche dire que j’ai inventé des logiciels incroyables, Les Pages Jaunes, avant les Pages Jaunes, la géolocalisation avant la géolocalisation… J’ai fait gagner des millions à « La Mondiale » en inventant par exemple, un logiciel qui corrige automatiquement des millions d’adresses. Ce moteur a été vendu par des tiers à des centaines d’entreprises nationales. J’étais avant-gardiste dans un nouveau domaine qui ne cessait d’évoluer au point même de devenir responsable d’un service de « veille technologique » et tout cela sans presque m’en rendre contre, tellement cela m’était naturel. Je vais oser le dire, car on me l’a dit bien plus tard, à ma grande stupéfaction, alors que j’étais en retraite, que j’étais un « Génie » de l’informatique.   

 

G.  Cathy ou les fardeaux d’une vie.

 

C’est donc la petite dernière de la fratrie. Fragile. Nous avons eu de bons moments enfants, des émotions fortes, mais notre relation s’est dégradée. Elle n’a jamais vraiment su où était sa place. Entre un frère disparu et un autre très moteur, ma sœur s’est perdue. Elle est convaincue d’être venue au monde suite au décès de Patrice et par conséquent ne pas être une enfant vraiment désirée. Ce qui est totalement faux. Il est clair que le décès de mon frère a favorisé l’arrivée d’un autre bébé et il faut le recevoir comme une chance d’exister grâce à lui. Alors que de mon côté, j’ai toujours tout fait pour maintenir l’équilibre, dans le déséquilibre qui m’entoure. Elle au contraire, elle a perdu ses repères. Ses doutes grandissent et touchent à peu près tous les domaines obligeant son entourage à être de plus en plus vigilant et accompagnateurs. La famille à tout fait pour l’aider à contourner, éviter, traverser ses multiples insuccès, sans y parvenir. Sa situation empirant en vieillissant, la jalousie s’est installée. Elle a eu des comportements blessants, des sentiments menant jusqu’à parfois la haine à notre encontre.

Ma sœur et moi, nous sommes le jour et la nuit. Elle est devenue un « cas social », toute seule, sans que mes parents et moi puissions y faire quoi que ce soit. J’en ai voulu un peu à mes parents que j’ai considérés comme responsables de la déchéance de ma sœur. Trop souvent absents car accaparés par leur cinéma, je restais seul avec ma sœur dont je m’occupais beaucoup. Je me souviens avoir sauvé deux fois la vie de Cathy. Une fois des griffes de l’eau puis de celles du feu ! J’ai eu les bons réflexes.

 

1.    La noyade à la piscine

 

Nous sommes partis tous les deux à la piscine de Valenciennes, censés être rassurés par la présence des maitres-nageurs. Mais non, ma sœur Cathy a failli se noyer quand même dans le grand bassin qui lui était interdit, ne sachant pas encore trop bien nager. Quand je l’ai vue en détresse, car je la surveillais toujours du coin de l’œil, j’ai réalisé le danger, j’ai plongé et je me suis mis derrière elle pour ne pas qu’elle m’entraîne au fond et je l’ai agrippée. Elle a quand même réussi à se retourner et a failli m’entraîner dans la noyade. C’est un autre nageur, proche spectateur, qui nous a sauvés tous les deux.

 

 

 

2.    La robe en feu

 

Cathy et moi étions seuls à la maison. Mes parents me faisaient confiance. Implicitement, j’avais la responsabilité de ma cadette. Nous étions toujours très sages et sérieux, pas comme les jeunes d’aujourd’hui ou si on ferme la porte, ça sort par la fenêtre. Ma sœur faisait la vaisselle et moi, je devais l’essuyer et la ranger. Et comme elle avait froid, on a allumé, un déflecteur avec une résistance qu’on surnommait « soleil » installé au milieu de la pièce. Ma sœur avait une longue robe en nylon qui a pris feu d’un seul coup. J’ai saisi une couverture et l’ai enveloppée pour étouffer le feu. Elle a eu les jambes brûlées au troisième degré. Heureusement que j’ai eu la présence d’esprit d’intervenir sinon elle se serait transformée en torche. J’ai ensuite prévenu mes parents.

 

3.    Notre relation frère-sœur

 

Adolescent, j’enviais beaucoup ma sœur d’avoir pu profiter de certaines choses qui m’étaient interdites au même âge. Les aînés ouvrent toujours la voie à leurs cadets et puis elle était peu investie pour aider mes parents au cinéma. Aller se promener, danser en discothèque, boire un café en terrasse, j’aurais aimé moi aussi y aller plus souvent. Je comprenais bien que mes parents ne pouvaient pas me dire « Open bar, fais ce que tu veux ». Quand je demandais à Cathy de me remplacer ou de m’aider, me soulager, elle répondait toujours « non ». Le week-end, j’étais coincé avec le cinéma et ma sœur à m’occuper, et la semaine, je devais étudier, réviser, donc… il me restait parfois le samedi après-midi, et encore !

 

Cathy, son leitmotiv, c’était : « Si j’existe, c’est parce que mon frère est mort. » Un traumatisme. Elle nous a rendu la vie difficile, la note a été salée. Elle a été et sera toujours une personne à secourir, devenant avec le temps, un poids. Pas très psychologues, mes parents n’ont pas vraiment vu, je pense, la souffrance grandissante de leur fille et moi non plus. Trop occupés aussi. Et puis elle ne leur en faisait pas état tous les jours. Elle ne manifestait pas de posture dépressive, ni revendicatrice non plus. Elle ne levait pas le poing en criant « ce n’est pas juste » non, rien de tout cela. Elle en a parlé bien plus tard. Un peu introvertie, elle n’a jamais eu l’occasion d’évoquer cette douleur, cette souffrance ou ces injustices, de partager son ressenti. D’autre part, dans la famille, on n’est pas du genre à étaler nos états d’âme. La priorité a toujours été de « bosser ». D’année en année, c’est comme si Cathy faisant tout pour qu’il lui arrive malheur, tout en faisant tout, pour que cela se passe bien. Très jeune, elle était en surpoids, mais adolescente elle est devenue une très jolie jeune femme, très courtisée. Comme j’étais très souvent son garde du corps, l’on m’a même pris pour son petit ami. Quand elle a commencé à voler de ses propres ailes, elle s’est incarnée en Miss Jekyll et Miss Hyde, autrement dit, elle avait un comportement plutôt bipolaire, incohérent et insaisissable. Ce qui est très étonnant, c’est que je suis certain qu’au fond, c’était un amour. Malheureusement, son « savoir-être » amenait la plupart des gens à la détester. Je souligne à nouveau que la famille a toujours été là pour redresser au mieux la situation.

 

4.    Cathy adolescente

 

Cathy s’est mise à boire en cachette et à jouer sur les apparences. Naturelle en famille, elle se métamorphosait lorsqu’elle sortait. Je ne la reconnaissais pas. Vers 16, 17 ans, la chrysalide muée en papillon qui a décidé d’en jouer. Avec les cinémas de mes parents, et appartenant à une certaine classe sociale bien en vue à Valenciennes et à Le Quesnoy, elle en imposait, se vantait. Malheureusement, derrière ce paraître, il n’y avait plus rien, plus la moindre émotion. Elle a commencé à croire qu’elle réussirait sans études, grâce à cette image factice dont elle s’enrobait. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans sa tête. Un jour à Cannes, à la plage, elle n’était plus sur sa serviette et elle a laissé un petit mot : « Je suis allée voir un milliardaire au Gray d’Albion ». À la seconde, je me suis précipité sur ses traces, inquiet. Elle ne mesurait pas que la traite des blanches était un sport pratiqué dans cette région. Attirées par les palaces, les belles voitures et un monde de strass, de très belles jeunes femmes disparaissaient... Ce n’était pas rare. Cathy avait un rendez-vous et candidatait à un poste de secrétaire de direction trilingue ! Ridicule ! J’ai paniqué à mort, j’ai sauté dans ma Fiat X1/9 et me suis rendu présentable comme j’ai pu pour entrer dans cet établissement de luxe. Dans le hall, ma sœur descendait tranquillement les escaliers. Arrivée à ma hauteur, je lui ai mis une claque dont je pense, elle se souvient encore. Heureusement, il ne s’est rien passé de grave. À partir de là, j’ai dû jouer encore plus la garde rapprochée. Rêveuse et naïve, elle a fait beaucoup de tentatives de cette nature. Cannes avait un environnement très particulier avec ses codes, ses us. La présence d’Émiratis bizarres, la faune dans les boîtes de nuit, rien qui me rassurait... Finalement, Cathy a eu un job dans le nord de la France, chez Lyreco, une très bonne entreprise spécialisée dans le matériel bureautique, sa meilleure expérience à mon sens.

 

5.    Sa vie de femme et de mère

 

Cathy a épousé Joël et ils se sont installés en Guadeloupe. Au début, tout allait bien. Le couple a donné naissance à deux fils : Luther et Alexis. Joël s’est réveillé un jour et a abdiqué face à l’étrange comportement de sa femme. C’est allé au clash au point que Cathy a failli être internée dans un asile psychiatrique. Mes parents se sont décarcassés pour la rapatrier en France. Ses démons l’ont fait sombrer dans l’alcool et elle a entamé une descente aux enfers. Mais je ne suis pas sûr qu’elle l’ait compris !

Cet enfer a duré plus de 15 ans. Côté professionnel, Cathy se surestimait et n’a plus jamais eu un poste stable. Elle briguait la fonction de secrétaire trilingue sans savoir utiliser un ordinateur… Une catastrophe annoncée lorsque le patron s’en apercevait. Aujourd’hui, elle est toujours en difficulté professionnelle même en tant qu’aide à domicile. Je lui avais pourtant trouvé un contrat à Le Quesnoy, une place un peu plus confortable que dans une grande ville, elle a dit non… Je précise que pour elle, tous nos efforts, notre aide, c’était normal. Et d’ailleurs, elle a fini par les refuser alors que notre objectif visait seulement à la sécuriser. Cathy a cumulé en plus de 15 an une dette (aide financière de mes parents) à hauteur de plus de 150 000€. Ce n’est pas rien. Stupide, elle a cru que cette « dette » était une créance alors que c’était le résultat d’une aide familiale. Mes parents vieillissant, ma mère a compris que l’avenir après leur mort allait être sombre pour moi par rapport à ma sœur et elle a décidé avec mon père de faire une donation pour éviter une guerre fratricide. Devant la notaire, ma sœur a traité nos parents de voleurs, ne comprenant pas que tout ce qu’elle avait reçu n’était pas un dû. Pourtant, la donation offrait un cadeau supplémentaire pour la protéger : une maison rien que pour elle, d’une valeur de 100 000€. Elle n’a pas compris que nos parents voulaient régler un déséquilibre financier injuste à mon égard, même si je m’en fichais. On ne peut pas déshériter un enfant pour un autre ; Cathy a lu la liste de toutes les aides qu’elle a reçues. Rien à faire. Elle est restée sur ses positions, elle se sentait lésée et c’était du vol que de rétablir un équilibre vis-à-vis de l’autre enfant. Elle a tellement fait traîner la signature de cette donation que cela a failli capoter. Deux mois plus tard, mes parents mouraient.

 

Lorsque je me suis rendu seul à la ligue antialcoolique pour comprendre son comportement et savoir comment l’aider, ils m’ont dit ceci : « Monsieur, Ruminski, vous voulez l’aider ? Il n’y a qu’une solution, ne pas l’aider et la laisser couler jusqu’au fond du caniveau. Pas d’inquiétude, elle remontera la pente toute seule. » C’est ce que mes parents et moi aurions dû faire. L’aider à petites doses selon ses propres efforts et non pas l’aider d’avance car elle s’est installée dans un confort extrême. Croyant que tout lui était dû, elle manifestait une forme d’animosité ou de la jalousie qu’elle associait sans doute à des injustices dont elle était la victime ! Ce côté « Tout pour elle » tout le temps…

À force j’en ai eu assez, je me suis détaché de ma sœur et j’ai fini par la virer de ma vie.

 

6.    Son inertie face au décès de nos parents

 

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase fut lors du décès de mes parents. Elle a brillé par son absence à toutes les étapes. J’ai tout fait tout seul, noyé dans une peine indescriptible. L’hôpital et les soins palliatifs, les deux enterrements successifs (mes parents sont décédés à un mois d’intervalle), vider la maison des souvenirs et j’en passe. Je ne parle pas des dix ans avant leur décès ou étant leur voisine, Cathy ne leur a jamais apporté aucune aide, aucun petit plat ni fait la moindre course, surtout durant le covid où ils ont eu une peur bleue du virus. J’ai tout pris en charge. J’ai fait le maximum pour que nos parents aillent bien et qu’ils ne manquent rien, alors que j’habitais à plus de 1000 km. Je leur téléphonais tous les jours et allais les voir souvent.

Ma sœur ne prenait jamais de nouvelles de personne. Dans sa vie, elle a dû me téléphoner trois fois pour me demander à chaque fois, une aide informatique sans jamais me demander si j’allais bien. Ce que je lui reproche, c’est que mes parents vieillissants avaient besoin d’attention, d’accompagnement de la vieillesse, alors qu’elle agissait comme s’ils étaient immortels. J’ai fait de mon mieux après leur décès pour encore aider ma sœur, mais j’en ai eu assez.

Les enfants de Cathy, devenus adultes, ne se sont pas occupés de leur mère. J’ai fermé les yeux sur son logement à titre gratuit dans la maison d’à côté, propriété de mes parents. Pour son intérieur, je lui ai offert des éléments de cuisine, une tablette et un téléphone neufs. En échange, je n’ai eu que de l’indifférence. Aucun soutien. Ses enfants que j’ai tenté de solliciter pour qu’ils prennent le relais auprès de leur mère sont devenus des ennemis. Pire, le décès de mes parents, leurs grands-parents ne semble même pas les avoir émus, alors qu’ils ont été élevés par eux durant plus de 7 ans (mes parents les ont élevés en accord avec les services sociaux qui s’apprêtaient à les retirer à leur mère à cause de son problème d’alcoolisme).

Quand ma mère est décédée, le seul jour où elle était encore consciente à l’hôpital, je tenais absolument à aller la voir. Mon père trop effondré n’a pas pu m’accompagner. Alors qu’elle était voisine et au chômage, ma sœur m’a répondu non, qu’elle ne pouvait pas rester auprès de notre père. J’ai tenté de comprendre son comportement et son manque d’empathie… en vain. J’ai mis toute sa méchanceté sur le compte de l’alcool qui avait sûrement cramé son cerveau. Ce n’était pas suffisant pour calmer ma colère grandissante. Je ne pardonnerai jamais à Cathy, Alexis et Luther leur indifférence.

 

7. Des parenthèses heureuses

 

Mes parents ont fait de moi l’homme que je suis. Je suis si fier de ce qu’ils ont fait de leur vie, la façon dont ils ont tout géré avec courage et détermination. Ils auraient voulu mourir dans la maison familiale. Je suis presque arrivé à exaucer leur vœu. Lorsqu’ils ont dû aller à l’hôpital, ils ont tous les deux vite basculé en soins palliatifs. 85 et 92 ans. Chaque fois que j’allais les rejoindre, je prévoyais de la distraction, des surprises et des sorties. Je ramenais des glaces, des films, j’ai toujours été l’animateur de la famille. J’ai fait installer un ascenseur dans leur maison pour qu’ils puissent dormir à nouveau dans leur chambre au 1er étage. J’ai organisé les sorties au Touquet, permis de revoir leur première maison. Nous avons revu de nombreux films de notre famille à Noël, au nouvel an et d’autres évoquant des soirées dansantes, les sorties à Le Quesnoy, les balades en forêt ou à l’étang où ils nourrissent les cygnes. J’ai même illuminé le jardin de lumières photovoltaïques que ma mère adorait admirer le soir. Un vrai spectacle.

 

Après leur décès, j’ai continué à les représenter au tribunal pour trois affaires « d’abus de faiblesse ». Victimes, mes parents méritaient réparation et nous avons gagné. Pour moi, c’était un devoir de mémoire. Ma mère pensait que ces affaires étaient compliquées, qu’elle et papa n’obtiendraient pas gain de cause. Elle serait contente du résultat et je dois avouer que j’en suis fier. Dommage qu’ils n’aient pas savouré de leur vivant nos victoires. Il n’y a pas un moment où je n’ai une pensée pour eux.

 

I. Mes années collège, lycée et ma brève vie d’étudiant

1.       Un élève moyen jusqu’en troisième

 

J’étais un élève moyen jusqu’en troisième parce que je n’étais pas intéressé. On n’arrivait pas à capter mon attention en définitive. Les seules matières que j’aimais et où j’écoutais étaient la musique, le dessin, la physique, la science. Le reste, notamment l’histoire, le français et les langues, c’était de l’abstrait. J’avais une moyenne un peu désastreuse mais en quatrième, j’ai eu une révélation. Je suis devenu un pro en mathématiques, dans le top 3 de la classe. Je suis monté en puissance. La physique a suivi. Étonnement. Révélation.

2. Découverte du sport

J’ai enclenché sérieusement tout ce qui était sportif à partir de la seconde. En fait, je testais les différentes activités sportives, peut-être pour voir celles que je préférais. Ceinture noire de judo, interrégional en volley-ball. 11 secondes au 100 mètres. Je détestais faire les dix tours de piste ! Le handball, bof. Et puis il y a eu la gymnastique. Rondade flip. Flip flap. Au sol, j’avais le niveau national. J’adorais les barres fixes et les barres parallèles. Il est clair que je voulais devenir professeur de sport. En seconde, j’aurais pu choisir d’aller en « C », section pour les matheux et cela aurait été plus logique mais c’était trop. En fait, j’ai pris l’orientation « D », car elle était plus diversifiée. Par contre, Il fallait être motivé et avaler moult informations. Je découvre mes aptitudes en sport et mes capacités bien au-dessus de la norme.

 

3.   Option GEA puis DUT informatique

 

J’ai choisi au hasard l’option Gestion des Entreprises et des Administrations. Il y avait de l’informatique, et comme je montais tous les dossiers des copains. Bingo ! Obélix tombé dans la potion informatique a trouvé sa nouvelle voie. J’ai arrêté GEA et enclenché le DUT Informatique.

 

Cependant, un tout autre avenir m’attendait, mais je ne le savais pas encore…

 

1972

 

1979

 

H.  Les projections du Cinéma de Valenciennes

1.    Arrivée des films pornographiques

 

Dans les années 80, mon père s’occupait du Cinéma de Valenciennes et moi de celui de Le Quesnoy avec mémé et pépé. Ma mère faisait le « yo-yo » entre les deux. Sacrés parents. Toujours plus haut, toujours plus loin.

Anecdote amusante. Les films pornographiques ont fait leur apparition. À Le Quesnoy, tout le monde disait que le pornographique, c’était une honte. Force était de constater que les films X remplissaient tard le soir les salles qui commençaient à se vider après la projection du film grand public… Les cassettes vidéo débarquaient dans les foyers et les films pornographiques aussi. Il n’était pas rare que mon père surprît des moralisateurs Quercitains venir voir un film porno à Valenciennes.   

Évidemment, des bourgeois balançaient une morale, mais comme dit l’adage « Écoute ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais ». Ces situations faisaient sourire mes parents qui savouraient la situation.

2.    Peter Pan Pan cul cul…

On a eu un accident que l’on a intitulé « Peter Pan pan cul cul ». C’était un peu de ma faute. Nous allions chercher les films à Lille dans des sacs remplis de bobines de 35mm. Plus tard, nous les recevrons par la Poste mais là, nous devions aller les chercher directement chez les maisons de distribution.

Ces films étaient en fait des copies en 35mm prêtés et projetés de cinéma en cinéma. Chaque semaine, plusieurs titres étaient proposés plus ou moins promotionnels. Certaines salles les diffusaient en priorité car ils en avaient la primeur. Les distributeurs venaient à la maison avec une liste et je me souviens de toutes les bagarres diplomatiques qui se terminaient devant un bon verre d’alcool ou au restaurant. Au Cinéma du Quesnoy, nous avions deux machines à arc qui fonctionnaient grâce à des charbons. Les films étaient composés de 6 à 7 bobines qui s’enchaînaient d’une machine à l’autre. Un jour, par mégarde, j’ai enchaîné une bobine X avec du Disney, d’où le titre de « Peter Pan Pan cul cul ». La salle, remplie d’enfants venus voir le Disney ont assisté à une scène imprévue et surprenante, mais fort heureusement très brève. Je m’en suis rendu compte tout de suite et j’ai rectifié. Les enfants dans la salle n’ont pas eu le temps de réaliser.

 

Lorsque j’étais projectionniste, j’aimais piquer une image une toutes les vingt-quatre pour en faire des diapositives. Toujours mon petit côté à détourner les éléments…

Il faut dire que l’univers du cinéma dans son ensemble avait de quoi assouvir ma curiosité. Il n’y avait pas Google ni Internet. Découpage des films, d’affiches, maîtrise des machines, les acteurs, les films, les clients….

 

Quel univers incroyablement nourrissant.

 

 

I.     Mes rencontres féminines

 
1.Annie Demuriez

 

Je n’ai jamais été amoureux de ma vie. J’ai toujours été amoureux des « valeurs ». Adolescent, je ne suis pas intéressé aux filles. J’avais tellement de choses à faire ! Et puis d’aussi loin que je me souvienne, l’amour, l’amitié ont eu un rapport un peu particulier avec ma petite personne. Je n’ai pas eu d’amis d’enfance, pas d’amourette sauf avec une petite Annie Demuriez, qui vit encore. Voisine du cinéma, sa chambre était adjacente un pigeonnier qui communiquait avec sa maison. M’aidant d’une poubelle pour grimper sur le mur, je pouvais le longer pour rejoindre Annie dans sa chambre. C’était totalement platonique, on avait douze ans. Au fond, elle ne m’aimait pas spécialement. Quant à moi, j’avais une attraction, mais j’étais incapable de nommer ce sentiment qui m’agitait. Une petite amourette quand même. Parfois, nous faisions des balades à vélo et il nous arrivait d’aller cueillir des pommes dans les vergers. On s’est fait un petit bisou sur la bouche, une première. Ça s’est arrêté là. Bien plus tard, je l’ai retrouvée via « Les copains d’avant » sur le web et quand je l’ai eue au téléphone, l’adulte qu’elle était devenue n’était qu’une étrangère… un grand « flop » ! Ce qui est étonnant, c’est que lorsque j’ai voulu retrouver des personnes qui ont fait partie de ma vie et pour qui j’avais un sentiment ou qui avaient une place dans ma mémoire. Je n’ai jamais retrouvé la même émotion, le même retour, la même « ambiance ». On avait tous changé, je suppose. C’est assez décevant parce qu’à chaque fois, j’ai mené des enquêtes. Un détective qui veut retrouver les protagonistes de son passé et quand j’atteignais mon but, j’étais content mais la déception finissait toujours par clôturer une grande désillusion. Avec le recul, et on ne se refait pas, le sens des valeurs, d’humanité, profondément ancrés en moi, laissaient cette drôle de sensation qu’en face les gens devenaient des machines.

 

J’ai assez vite compris que le genre humain se résumait à des besoins vitaux, surtout quand j’ai croisé la fameuse « Pyramide de Maslow ». Le culte des apparences, le besoin fou de possession, ce n’était pas moi. J’ai compris surtout que de mon point de vue, une forme de vérité se trouvait dans le détail, même infime. Je devenais un scrutateur en puissance et peu de choses pouvaient m’échapper, au point que cela en devenait même épuisant.

 

1.             Dominique, femme libérée

 

Années 80. Mes parents faisaient le tour du monde et j’en ai profité pour faire une fugue. J’avais une amourette avec une certaine Dominique. Il n’y a pas longtemps, j’ai eu de ses nouvelles. C’était une histoire incroyable en fait. Cette jeune fille était « strange ». J’avais 21 ans et elle n’avait pas grand-chose à faire de moi, mais elle m’aimait bien. Quand j’ai eu mon bac, il y avait un peu de friction avec mes parents et profitant de leur tour du monde, je me suis sauvé avec Dominique et sa sœur pour des vacances.  L’objectif des deux frangines était de partir dans une Rancho. Nous fonçons pour Semezis Cachant, un tout petit village en pleine campagne et nous logeons dans une petite fermette avec ses vieilles casseroles, perdue, comme un relais de montagne en haut d’une colline. On avait un paysage sur 365 degrés. Le matin, les coqs se répondaient à 25 km de distance, on avait des brumes, des paysages magnifiques, pas d’eau ni d’électricité. On allait voler l’eau à l’école en enjambant la grille avec un bidon. Il y avait un épicier avec sa caverne d’Alibaba à la française. C’était un droguiste qui vendait de tout : légumes, viande, sacs… Moi, j’avais tellement acheté de choses qu’il m’avait prêté un sac en cuir. J’étais scotché là aussi. Il m’a juste demandé de le ramener quand je reviendrais.

 

J’ai trouvé sa démarche incroyable et touchante. Et même vide, j’ai eu à cœur de le ramener le lendemain. Donc on a eu des aventures dans cette nature totalement déconnectée du monde et moi, j’allais de plus en plus vers ma propre rencontre et vers ce à quoi j’aspirerai plus tard.

 

Mes premiers ébats amoureux, je les ai connus avec Dominique. Mon père affirmait qu’on était véritablement un homme lorsqu’il a eu un rapport avec une femme et pour calmer les ardeurs d’un adolescent et l’initier, les papas emmenaient leurs fils voir les putes. Cela m’a fait sourire. Pas eu besoin de payer avec Dominique, mais j’ai trouvé que les papas n’étaient pas bêtes. Sourire. Vive l’éducation intelligente. Aujourd’hui, ça se passe de plus en plus tôt. À quatorze ans, les jeunes ont fait le tour du sujet. Moi, j’étais un peu en retard quand même. Elle, elle avait dix-sept ans, elle n’était pas très jolie, moi je ne me trouvais pas spécialement beau, alors que je plaisais aux filles, ça c’est sûr ! Ce que je commençais à apprendre, c’est qu’il y existait quelque chose de bien supérieure à la beauté. Ce sont toutes les histoires qu’elle m’a fait vivre avec sa sœur, et à aucun moment, je n’ai fait une fixation sexuelle sur elles.

 

J’étais leur pote et je ne voyais que ça. Même si dans les Landes, ça a un peu basculé. Il faisait très chaud, nous n’étions pas très habillés et ça faisait un petit côté soixante-huitard. Être soi-même, la nature… C’étaient les prémices de ce que j’allais construire plus tard et clairement, j’avais ça déjà bien au fond de moi. C’était un catalyseur. Pas pudiques mais pas offensantes non plus, les sœurs étaient très complices et libres. On a jeté l’empreinte de la société pour être nous-mêmes et « qui m’aime me suit ». C’était un peu cette idée-là. J’étais très content d’avoir fait partie de ce petit cercle-là.

 

Auparavant, nous avons fait un arrêt à Paris. C’étaient des filles complètement dingues, mais je ne le savais pas. À Paris, nous avons dormi dans l’appartement d’un

 commandant de bord. La sœur de Dominique menait plusieurs aventures à la fois. Elle sortait avec le pilote et un milliardaire. Lorsque je suis allé aux toilettes, j’avais en face de moi un mur de bandes dessinées. J’en ai pris une et j'ai adoré le titre « Comment éviter la mort et les impôts. Et vivre heureux éternellement » - un exemplaire des guides loufoques de Will Eisner, un auteur américain que j’ai lu entièrement. Cette BD a fait plusieurs fois son apparition dans ma vie. Lorsque j’ai fait mon armée, j’ai rencontré quelqu’un qui collectionnait les BD. Je lui ai prêté ce guide loufoque, et à la fin de l’armée, le gars s’est évaporé avec. Et je l’ai réalisé trop tard. Je n’avais aucun moyen de le contacter. Trois, quatre ans plus tard, alors que je travaillais à La Mondiale, je croise un bédéphile, et je lui raconte mon anecdote ainsi que ma tristesse de ne plus avoir ce livre. Quelques jours plus tard, je vois la BD sur mon bureau. Génial ! Super cadeau. Cette personne a fait des pieds et des mains pour se la procurer et me l’offrir, sans doute ému par ma petite histoire. Comme un boomerang que la vie s’amuse à utiliser pour rendre à César ce qui est à César. La vie est ainsi avec ses fils d’Ariane. Comme quoi il est important de communiquer. Si je n’avais pas parlé de cette BD, je serais sans doute resté avec ma petite frustration interne.

 

Je reviens après cette parenthèse à l’appartement avec les deux sœurs qui sont très libérées, habillées de façon légère et je vois la sœur moyennement amoureuse de son commandant qui part souvent en mission. Durant son absence, une Rolls « fantôme » venait nous chercher le soir, direction la boite de nuit et nous attendait dans la rue. Cette voiture était tellement feutrée et insonorisée qu’on avait l’impression d’être sur le tapis d’Aladin dans une salle de concert. Du Johny Halliday à fond. La sonorité était incroyable et j’avais l’impression que l’idole des jeunes chantait à côté de nous. J’ai été marqué par ces événements. Enveloppé dans cette musique à bord d’une automobile de luxe ultra agréable, j’étais sur un nuage et je débordais d’émotions, de sensations. Pour moi, c’était plus qu’une surprise. Je ne me souviens plus de la suite, car entrer dans la boîte de nuit, c’était replonger dans le banal. Le lendemain, nous avons repris la Rancho 4. Un troisième petit copain avait rejoint sa sœur en fin de week-end… J’étais quand même scotché par cet univers très libertin.

 

Pendant que je m’amusais, mes parents sont revenus de leur tour du monde le jour ou le lendemain de mon départ et se sont lancés à ma recherche. Mon père avait le bras long et connaissait un commissaire. J’avais juste laissé un mot :

 

« T’as voulu que j’aie le bac. Le voici, moi, je pars en vacances ».

 

 

J’étais majeur, mais j’avais des parents autoritaires et puis je ne leur avais pas dit où j’allais. Mon père avait peur que je sombre dans les paradis artificiels, j’expliquerai les raisons un peu plus loin. Le commissaire, je ne sais pas comment il a fait, mais mes parents se sont retrouvés en bas de la tour de l’appartement où nous étions à Paris… et ils ont sonné ! Moi, je suis tombé de soixante étages ! Je les ai rejoints…. Ils se sont dirigés vers moi et m’ont demandé de tendre mes bras, ce que j’ai fait tant j’ai été surpris. Ils ont relevé mes manches, regardé mes bras pour voir si j’avais des piqûres. Comme j’étais ok, ils sont repartis comme ils sont venus. Je crois qu’au fond, ils savaient très bien que j’étais quelqu’un de responsable. Je n’ai jamais fait de bêtises. Ils avaient tellement eu peur de mon escapade qu’ils ont voulu juste se rassurer et vérifier par eux-mêmes que tout allait bien.

 

2.    Paris et Mélina

 Bien plus tard, alors que je travaillais chez Logista, je suis parti avec trois de mes meilleurs collègues pour Paris, en stage de formation, et là, j’ai eu comme une envie de liberté. Nous rencontrons un animateur assez cool et très professionnel, capable du bon mot. Notre stage concernait un logiciel dont le nom m’échappe, mais il avait une connotation sexuelle et le prof faisait des métaphores dans le même registre. Parfois, j’intervenais en utilisant d’autres métaphores… Mes collègues avaient compris et des rires collectifs, à en pleurer ont créé une ambiance sympa. Premier jour très détendu… Le soir, j’interroge le groupe : avaient-ils une idée de l’endroit où dîner ? Aller du côté de Sainte Germain écouter les pianos bars ? Tout le monde était d’accord sauf qu’après le restaurant, ils ont tous pris un taxi et sont rentrés. Je leur ai fait part de ma déception le lendemain, mais ils avaient tous une excuse : le métro fermait à minuit, ils devaient téléphoner à leur épouse…

J’ai répliqué :

 

-     Attendez, vos femmes ne sont pas là. Le but n’est pas de les tromper, mais on ne va quand même pas rentrer à minuit juste après le restau !

-      

Le lendemain, j’ai localisé un café latino sur les Champs-Élysées. Et moi, j’adore le latino. Mes collègues, la queue entre les jambes étaient quand même un peu plus vaillants. Parfois, il y a une bulle qui se met autour de vous lorsque vous faites un truc et tout va dans votre sens. À l’entrée, il y avait un visagiste avec lequel je me suis connecté. C’était comme si on se connaissait depuis toujours. À l’intérieur, il a fait un clin d’œil à celui qui est venu nous placer ; c’était immense dans cet immeuble haussmannien de quatre étages. Il y avait de l’ambiance sur les pistes de danse. Au rez-de-chaussée régnait une ambiance feutrée comme dans les salles de cinéma ; c’était sympa et nous étions super placés dans le salon où l’on nous a offert un verre. Mes collègues n’avaient plus d’efforts à faire. Ils étaient « dégoupillés ». Ils prennent une bouteille et la soirée se passe. Je monte dans les étages, redescends, me mêle à des gens que je ne connais pas. J’ai discuté avec des Américains, des Allemands, d’Australiens et j’adorais ça. De temps en temps, je jetais un œil sur mes collègues. Certains dansaient, d’autres avaient retiré leur cravate, bref tous prenaient du bon temps. L’alcool aidait sans doute. Et toujours comme dans un film, au fil du temps qui passait, les clics se faisaient de plus en plus, éteignant les scènes de ce paradis. Le rez-de-chaussée restait tamisé. Moi, je faisais toujours mes va-et-vient et j’étais au quatrième étage, lorsque j’ai vu une femme brune, les cheveux bouclés avec un chapeau titi parisien. Elle était en train de griffonner sur un petit calpin et je suis allé la voir directement pour la questionner : était-elle journaliste ? Prenait-elle des notes ? Et puis, je lui ai demandé si cela l’intéresserait de connaître ma vie. Elle a esquissé un large sourire qui signifiait : « t’es qui toi ? ». Instantanément, je me suis assis et présenté.

 

-   Richard, et je ne suis pas là pour très longtemps. J’ai vraiment envie de faire votre connaissance.

Elle a, je ne sais comment, créé le désir et moi et je lui ai renvoyé le même message. Deux heures plus tard, elle m’a proposé d’aller chez elle. C’est une Parisienne et moi j’étais de la Province. J’adorais l’esprit et ça me rappelait mon escapade avec Dominique dans les Landes. Nous sommes descendus et nous nous sommes fait un petit bisou qui voulait dire « message open bar ». Elle était l’instigatrice. J’ai suivi, prêt à prendre le relais. C’était charmant, magique et j’avais l’impression de la connaître depuis toujours. Bras dessus, bras dessous, nous rejoignons les gars qui m’attendaient à la sortie, trois à droite et trois à gauche. Ma nouvelle amie et moi, nous sommes sortis sous une haie d’honneur, en leur disant au revoir. Ils m’ont regardé éberlués. Trois heures du matin, je m’engouffre avec Mélina dans un taxi, comme dans les films. Arrêt à la Bastille, on entre dans sa chambre et là elle me fait une tasse de thé, brûle de l’encens, me fait fumer un peu de chite comme j’aime bien. On regarde un bouquin sur Dali et là, je commence à péter un câble en me disant que je suis dans le nirvana. Elle me proposait tout ce que j’aimais. On s’est fait des câlins sans aller trop loin, on était super bien et le peu de temps qui nous restait, j’ai réalisé que j’avais un avion à prendre. À 6h30… Elle a appelé un taxi et m’a dit qu’au vu des axes desservis, j’arriverais à Orly sans problème. Je me suis douché, rhabillé, j’ai sauté dans le taxi qui a traversé Orly à une vitesse complètement dingue. Je suis arrivé devant mon avion qui ouvre à nouveau ses portes pour moi parce que je suis arrivé en retard, l’avion était prêt à partir. L’hôtesse m’accueille in extremis. Je vois à la ronde mes collègues, m’installe dans mon siège et m’endors, épuisé de ma nuit.

 

Nice. Je bondis dans ma voiture, car je dois travailler dans la foulée. À mon bureau, je me dis que j’ai vécu un rêve… dont l’héroïne s’appelait Mélina. Nous avons eu une relation pendant six mois et puis elle est restée parisienne quoi qu’il arrive. Par contre, ce n’était pas une fille avec laquelle j’aurais pu faire ma vie. Nous avons surfé sur la vague et à la troisième rencontre, mon coup de foudre est tombé. Il m’avait fait peur parce qu’il était ingérable et que je n’aime pas ça. Pour moi, c’était nouveau.

 

Les planètes étaient alignées et j’ai essayé de donner une explication à cette vibration étrange. Très vite, ma conscience a repris le dessus.

 

II.  Où est passée ma vie de jeune homme ?

A.  Disque-jockey

J’écoutais toujours l’émission de France-Inter - Loup garou avec Patrice Blanc-Francart. J’aimais beaucoup car il passait de nombreux vinyles des années 70. C’était très rock et cette musique se francisait. « Téléphone » débarquait et j’étais à fond dedans. J’avais un copain d’école qui habitait également à Le Quesnoy et qui était DJ à la « Bascule » à Orsinval, une commune juste à côté. Un soir, il avait besoin d’un remplaçant et m’a proposé de prendre sa place en « intérim ». Il m’a dit que ce n’était pas difficile, qu’il me préparerait bien les disques. Le patron était d’accord et moi, je n’avais qu’à passer les disques les uns après les autres et j’y suis allé, en douce, un soir, sans que mes parents le sachent. J’ai enregistré sur des cassettes des jingles de rock et de hard rock que je me suis convaincu de passer entre les musiques du moment. Il y avait pas mal de disco, de chansons françaises mais j’y croyais. Je ne savais pas comment j’allais manipuler tout ça mais j’avais un plan. Ça s’est très bien passé et le patron m’a gardé en alternance avec l’autre disque-jockey. Il était plutôt content parce que j’étais original et que je faisais pas mal danser les jeunes de mon âge. Je ramenais mon grain de sel avec des introductions de Van Halen sur lesquelles s'enchaînaient des musiques du moment, ou un solo de Deep Purple qui était une rythmique clairement hard rock que je détournais et adaptais à la discothèque. Les clients appréciaient.  Je travaillais dans de nombreuses boites de nuit et j’ai même gagné des coupes. J’ai été attendu dans des discothèques incroyables : new Waves au « Cercle » à Valenciennes par exemple. Je me souviens aussi de celle de Mons en Belgique. Vous auriez pu faire croire à votre petite amie que vous l’emmeniez prier !  Les Belges avaient construit une église et à l’intérieur, une piste en marbre blanc, taillée à la romaine vous accueillait. Dans les chœurs, des palmiers grandeur nature complétaient le décor et des colonnes de haut-parleurs de dix mètres balançait avec puissance le son quand on se lançait sur la piste. Vibration musicale garantie dans tout le corps. Magique. Pour moi, ce furent des moments incroyables.

 
1982 – Disque-Jockey à la Bascule

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À 22 ans, je travaillais le jour dans l’informatique et la nuit en tant que disque-jockey. L’autre disque-Jockey était également satisfait, car cela lui laissait plus de temps pour draguer les filles ! À la fin, j’ai eu une très belle notoriété. J’aimais en fait « piéger » les danseurs, les surprendre sur des rythmes particuliers et je procurais du plaisir renouvelé dans un domaine que j’avais envie de maîtriser. J’allais faire des remplacements dans d’autres discothèques et petit à petit, je me suis fait une renommée en Belgique, à Lomme, à Valenciennes. J’ai voyagé, mais j’en ai eu vite assez. Sûrement la fatigue. J’ai tellement enchaîné que je ne dormais plus ni le jour ni la nuit. J’avais des yeux de conspirateur, comme Coluche dans « vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». La famille Adams avant l’heure !

 

 

Un jour, je rentre chez moi et ma mère me dit :

-  Si tu continues à vivre cette vie-là, tu dégages…

Je suis monté dans ma chambre, j’ai fait ma valise et je suis parti à la seconde. Je l’ai prise au mot. Ma mère ne s’y attendait pas et c’est clair qu’au début, j’ai dormi dans des hôtels cinq étoiles, puis quatre, puis trois et en réfléchissant, je me suis dit que ça ne servait à rien d’entrer dans un cinq étoiles pour deux heures ! Alors, deux étoiles, une étoile, sans étoile puis à la fin, je piquais un somme dans un couloir ! J’ai aimé cette période, mais je suis rentré chez mes parents au bout de trois semaines. Tout est rentré dans l’ordre. J’aime la nuit plus que le jour. La nuit, c’est calme, le monde s’arrête… un terrain de jeu et de pensées immense s’offre à vous.

J’étais différent de par mon métier qui était totalement novateur, différent aussi de par mes choix musicaux, un avant-gardiste.  

 

B.  CREPS – Être ou ne pas être professeur de sport

 

J’étais prédisposé à être prof de sport. Mon année au lycée s’est très bien passée. J’avais de très bonnes notes grâce aux mathématiques, mais mes trois ans de retard, à cause de notre séjour en Allemagne, m’ont poursuivi. Lorsque je suis arrivé au baccalauréat, je n’avais pas le droit à l’erreur. Je voulais faire l’Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société (URePSSS) mais j’ai compris qu’en plein milieu de mes études, j’aurais dû les interrompre pour l’armée (à l’époque, c’était obligatoire). Du coup, j’ai choisi le CREPS, c’était presque la même chose sauf qu’à l’inverse, c’est 90% de physique pour 10% d’intellectuel. J’exagère à peine ! et la formation était plus courte. J’avais envisagé ma carrière ainsi : après ma deuxième année de CREPS, j’effectuerais ma période militaire et ensuite, j’aurais pu embrasser la carrière de prof de sport. Au CREPS, il y avait une épreuve Coeff 4. Il fallait choisir entre la gym (l’épreuve de cœur pour moi) et la course à pied (l’épreuve de raison). J’ai choisi la gym. Au sol, j’ai eu 19 sur 20. Je suis passé derrière un national et j’ai eu une meilleure note que lui. Du coup, j’ai cru que l’allais être aussi un « national » dans cette discipline.

 

 

 

 

 

Au lieu de prendre la course, j’ai pris les barres parallèles et là, malheureusement, je suis passé derrière un autre qui a fait croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer…(rires) des blocages avant, des blocages arrière. Je suis arrivé… Coucou, regardez-moi, prenez la photo, je ne m’arrête pas… score : dix sur vingt ! En athlétisme, j’aurais pu avoir 14. J’ai raté mon concours de trois points.

Je suis rentré à la maison, les mains vides… Je ne savais plus vers quelle orientation me tourner, et dans la foulée je me suis inscrit à GEA - Gestion - Économie, Administration d’entreprise. L’informatique, bien qu’au début de ses balbutiements faisait partie des options. Windows n’existait pas encore… Mais je traitais déjà tous les dossiers des copains.

C.   Manager d’un groupe de rock « Lézards Martiens »

J’ai rencontré par hasard Stéphane Petoux, un saxophoniste génial qui m’a demandé si cela m’intéressait de manager un groupe de composition. Un peu surpris au départ, j’ai répondu par l’affirmative. Avec les chanteurs, ce fut pareil, je suis toujours dans le même schéma. J’ai un grand un sens du partage et si on arrive à coupler cette qualité avec l’innovation, tout en se faisant plaisir… En général, ça marche des deux côtés. Moi, je me régale aussi, dans le côté de la manipulation positive, qui est toujours au profit de l’autre. Entrainer son petit monde vers le haut, pour leur bien en définitive. Je ressemble tellement à ma maman, c’était son sport de tirer toute la famille vers le haut. Je le fais souvent avec les gens que j’aime. Ne plus être disc-jockey a laissé un vide après la naissance de ma fille Audrey.

Mon père et ma mère connaissaient les parents de deux des musiciens qui étaient extraordinaires. Il s’agissait du batteur et l’autre avait la particularité de ressembler à Jacques Higelin. Quel hasard. Cela devait se faire. Je vais les voir en répétition. Les textes sont incroyables, dans le genre de Baschung ou Higelin et j’ai donc vraiment eu envie de les manager, mais à la sauce Richard. Je savais comment faire pour les emmener du point A vers le point B. Ils sont hyper motivés et super contents d’avoir un drôle de manager sympa. Bien que sans le sou, nous avons passé des soirées d’enfer durant lesquelles nous avons changé le nom du groupe. De « Banal Brugge », on est passé à « Lézards Martiens », ce qui sonnait mieux. Ils existent toujours ! Je les ai relookés, comme les Mods des années 60, je leur ai demandé d’arrêter de boire de la bière derrière le micro quand ils chantaient. Ça a bien fonctionné pendant trois ou quatre ans, voire cinq et j’ai commencé à leur décrocher des contrats Place de la République à Paris, sur Bruxelles… Sauf qu’à un moment, ils ont cru que je piochais dans la caisse, ce qui était faux. En fait, l’argent que nous gagnions, je l’utilisais en partie pour régler nos dépenses quotidiennes. Je n’allais pas prendre sur mes deniers personnels et d’ailleurs, je n’aurais pas pu. Le groupe était content de son évolution, mais malheureusement, le bassiste s’évaporait. Il fallait reprendre tout le répertoire, parce que c’étaient des œuvres de composition et enchaîner les répétitions. On perdait du temps et de l’argent. Nous étions freinés dans nos efforts pour nous faire connaître. Malgré mes efforts pour les aider, cela m’a finalement arrangé qu’ils me prennent pour un voleur et qu’on arrête parce qu’ils n’avaient plus confiance en moi. J’étais triste et à deux doigts de les faire connaître, car ils avaient vraiment du style. On a vraiment perdu quelque chose de bien et de rare. Quand vous faites jouer un groupe de compo dans un endroit inconnu, où ils ne sont absolument pas connus et que vous voyez que pendant deux heures et demie les gens danser - y compris sur les tables - c’est une vision incroyable. Il y avait un trompettiste, un saxophoniste, une guitare basse, une guitare acoustique, un bassiste… tout cela donnait un son jazzy sur des paroles françaises et cela donnait une telle ambiance que tout le monde dansait, applaudissait, essayait de reprendre les refrains… incroyable. Et là, vous vous dites qu’il y a une vraie carte à jouer. C’est ce qui m’a motivé, ce potentiel.

Pour faire un parallèle avec mon jeu – j’anticipe un peu, mais c’est important - c’est exactement ce qui s’est passé. La première fois que je l’ai présenté et fait tester par des joueurs au Festival des Jeux de Cannes, j’ai ressenti la même chose qu’avec les chanteurs… Je ferme la parenthèse.

 

De temps en temps, je jette un coup d’œil sur YouTube parce que le groupe existe toujours. Ce sont des gars d’une soixantaine d’années, toujours actifs et depuis mon départ, toujours au même point !

 

 

 

 

 

 

 

 

LEZARD MARTIEN

 

D.  L’informatique - les cours en GEA (vers 25 ans)

 

Inscrit en GEA, j’étais à nouveau rassuré. Mon quotidien était assez mouvementé mais je rentrais sagement à la maison. Je ne jouais pas au billard avec des potes, je n’allais pas voir mon amie, d’ailleurs je n’en avais pas vraiment. J’envoie en parallèle une unique candidature et je suis embauché. Du coup, je gagne pas mal d’argent. J’ai un salaire tout en habitant chez mes parents, une impression bizarre... Aujourd’hui, ce n’est absolument plus ce qui se passe. Je réalise que j’avais une sacrée capacité d’adaptation lorsque je me retourne sur toutes ces tranches de vie.

J’ai commencé à devenir un petit couteau suisse. Tout m’intéressait notamment la musique, surtout le rock.

 

E.   Les arbronautes (1980)

Je me promenais quotidiennement sur remparts et je les ai croisés. Ils avaient des baudriers et tendaient les cordes. Les arbronautes allaient inaugurer la voie aérienne mise en place avec un facteur qu’ils ont remonté et ils m’ont pris comme destinataire de l’enveloppe qu’il était censé me donner. Tout s’est déroulé dans les airs, un moment suspendu et en fait, nous avons tellement sympathisé que j’ai dormi dans les arbres une nuit. Une performance pour un signe de terre ! Je sais grimper comme les chats mais ensuite pour redescendre… zéro ! Ce fut une très belle expérience.

 

F.   L’armée en 1979

Devenir prof de sport... Je le voulais tellement… J’en ai de profonds regrets même aujourd’hui. À cette époque, il y avait des cours supplémentaires et des spécialités du style judo, volley-ball… Les sportifs s’entraînaient le soir. J’assistais à tout et m’y rendais tous les jours, ce n’est pas compliqué… J’aimais surtout la gymnastique au sol. J’avoue que l’UREPS, c’est une très grande déception. J’étais dégoûté et j’avais bien du mal à digérer cet échec. Ce que je n’ai pas dit, c’est que non seulement j’ai raté le CREPS mais du coup, j’ai rejoint l’armée. Mon père m’a pistonné pour que je puisse pratiquer du sport. J’avais le désir de reprendre l’UREPS après mon année militaire. Les casernes d’Orange, Fontainebleau ou Sedan avaient cette orientation sportive. Orange ne voulait pas car c’était de la haute voltige avec les parachutistes. Moi, je suis taureau, un signe de terre… On me lâche dans le ciel, j’y reste scotché ! Fontainebleau avec tous les nationaux en gymnastique était un corps militaire qui réalisait des prestations sportives de haut niveau y compris lors des exhibitions. Ils étaient tous déjà très forts et là j’ai eu peur… Je me suis dit « tu te crois fort mais tu ne l’es peut-être pas » et par élimination j’ai choisi Sedan. On m’avait dit que je serais prof de sport dans l’armée. Pour moi c’était top. Pour accéder à ce poste, j’ai refusé les horaires bien qu’éligible pour être élève officier de réserve. Je suis arrivé à la caserne et j’ai appris que j’allais être conducteur de chef de corps parce que la place que je convoitais avait été prise dans la session précédente… Anéanti, ma motivation a fondu comme neige au soleil. Je n’avais plus le cœur à faire un métier dans la filière sport. Alors toute l’année, j’ai aidé mes potes à faire le mur grâce à la voiture du Colonel, un nain avec un sabre qui trainait par terre quand il marchait. Cela nous faisait rire. L’avantage de mon poste, c’est que je ne faisais pas les manœuvres puisque j’étais toujours au service de ce Colonel qui m’obligeait à griller les feux rouges, en veux-tu, en voilà. Si je n’obéissais pas, j’allais au trou donc j’ai passé une année assez bizarre où mon objectif était quand même, quelque part de faire de la transgression. J’ai fait sortir, via le coffre de la voiture, au moins une centaine de copains. Dans un sens comme dans l’autre. Le

véhicule du Colonel n’était jamais contrôlé. Je faisais ce que je voulais. Et puis, j’en ai eu assez et j’ai outrepassé la voie hiérarchique parce que j’ai crié haut et fort que je voulais être prof de sport. J’ai passé trois jours au trou ce qui a prolongé d’un jour et demi la durée de mon service militaire. J’ai vu tous mes copains partir et j’ai fait mon temps supplémentaire en grinçant des dents. Douze mois, c’était déjà très long. Après l’armée, envisager d’être prof de sport, c’était foutu. Ma condition physique n’était plus la même. Parfois, je me pose la question « Est-ce que ce n’était pas foutu parce que quelque part je l’avais décidé ? » Ces 3 jours de trous sont une des raisons que je n’ai pas pu récupérer ma BD.

 

1979 -armée

 

 

 

G.  Le Sud de la France

1.    Achat d’une maison familiale de vacances

 

 Mes parents sont au fond de charmants parvenus, mais pas dans le sens péjoratif du terme. Ils ont acheté une maison, pas chère, comme toutes les maisons pas chères qu’ils ont achetées, retapées et revendues. Ils ont toujours démarré avec rien, et la peur de retomber à chaque fois dans la situation dans laquelle ils étaient avec l’épisode de l’Allemagne. Ils ont toujours osé avec pas grand-chose, beaucoup de sueur et de courage ! Mes parents, dans le cinéma, ont thésaurisé à mort et ayant au bout du compte des moyens, ont décidé de ne pas mettre les œufs dans le même panier. Ils ont failli investir dans une ruine à Sainte-Maxime. Il fallait refaire entièrement l’intérieur. Finalement, mes parents ne l’ont pas achetée et leur choix s’est posé sur les « Hespérides » à Cannes, une vieille maison à retaper, encore une ! Ma mère voulait réussir plus encore, elle voyait toujours grand ; prendre des commerces… mais mon père y mettait un frein. Il était plus mesuré. Avec le recul, ma mère avait raison. Après les Trente Glorieuses, c’était le meilleur moment pour se retrousser les manches et investir. Après ! Pourquoi Cannes, le sud de la France ? Je ne sais pas. Il faut dire que la Côte d’Azur, c’était le rêve pour des Chtis.

 

2.    Les plages du Moure rouge et de Pomme d’Api

 

Cannes donc, est devenu le pied-à-terre familial investi régulièrement. Célibataire, j’y allais souvent avec ou sans ma sœur. Petite anecdote. On allait à la plage du Moure rouge ou celle de la Pomme d’Api juste en face de notre petite maison rose. La plupart du temps, c’était la course au bronzage, le soleil que l’on a rarement eu. Les sudistes disent que dans le Nord, il ne pleut que deux fois par an : une fois les six premiers mois et une autre fois les six mois suivants…Donc au premier rayon de soleil, on se faisait cramer comme des écrevisses comme quand nous étions allés une fois en famille à Sainte-Maxime tous ensemble. C’était la première fois que j’allais en vacances en Méditerranée. Blanc comme un cachet d’aspirine, je me suis trop exposé au soleil. Résultat, j’ai failli cramer ma peau qui était devenu tellement sensible, rouge comme un homard, que même m’allonger dans un lit, je ne pouvais pas. Manque d’expérience sur les effets de ce soleil si puissant. Ma sœur, qui avait douze ans, pensait qu’elle pouvait se balader avec juste le bas de son maillot. Arrêtée par les flics, elle a failli être verbalisée parce qu’elle a traversé la route dans cette tenue. Il faisait si chaud que l’on était tout le temps et partout en maillot de bain !

 

Je descendrai souvent seul à Cannes et je fonçais à tombeau ouvert pour gagner un max de temps. Sept heures en moyenne pour faire 1150km. Je partais en général le vendredi soir. Pas de radars, et je revenais le dimanche soir. Sur place, je commençais à faire quelques connaissances et je suis sorti dans des soirées incroyables comme à la villa rose de Peter Sellers l’acteur, des villas discothèques juste pour une saison avec la mafia derrière le bar. Mémorable soirée de théâtre en plein air à Sophia-Antipolis dans le thème osé mais soft sur la sexualité.

Des sorties dans quelques discothèques.

Des soirées plages avec des musiciens, des rencontres avec des philosophes et des peintres. Que de belles évasions, comme j’aime !

III.     Ma vie d’homme

A.  Édith Strelzic ou l’histoire de celle qui a failli devenir mon épouse

 

Avant Corinne, ma première épouse, j’ai eu une autre expérience avec quelqu’un dont je tiens vraiment à parler. L’événement est devenu tragique. J’ai fait la rencontre d’Édith Strelsic, d’origine polonaise. Ses parents étaient un peu comme les miens. Elle avait la particularité de chanter comme Barbara Streisand. Impressionnant. Elle avait exactement la même voix. Ça donnait des frissons. Ses parents possédaient une caravane dans un camping et parfois, elle donnait des concerts. Je ne la prenais pas vraiment au sérieux. J’avoue que je ne voulais pas être déçu en allant assister à un de ses concerts parce que je me connaissais déjà un peu… Ce sont des valises que je garde après. Un jour, elle a tellement insisté que j’ai fait l’effort d’y aller. Et là, je suis resté scotché ; c’était vraiment exceptionnel, elle avait la même voix que la diva. Je n’en revenais pas. Bref, nos parents sachant que nous nous voyions, Édith et moi, nous nous présentons à nos parents respectifs. On décide des fiançailles. Je dis à Édith que mes parents ont un pied-à-terre à Cannes et je lui propose de ne pas se marier comme tout le monde. On décide de n’inviter que nos parents, nos frères et sœurs. Nous célébrerions notre union dans le Sud, un peu comme en vacances… c’est quand même mieux que d’être dans une salle, enfermés avec des gens que l’on ne connaît pas… Édith était tout à fait d’accord. Nos parents se sont vus une fois comme ça sans nous en informer. Ils se sont vraiment plus et étaient contents. Le jour des fiançailles, ma promise et moi étions très complices. Durant les fiançailles, tous nous demandent comment nous envisageons notre mariage. J’ai pris la parole et j’ai regardé Édith qui a commencé à baisser la tête. J’explique notre vision du mariage, que cela ferait de très bons souvenirs plus tard. Le père d’Édith s’est levé d’un bond et a déclaré :

 

-  Si tu crois que je vais descendre dans le sud et avoir des auréoles de « pissou » sous le bras et supporter un mariage à la con pareil, tu te trompes.

En une fraction de minute, il a tout cassé. Il a renchéri en s’adressant à sa fille :

 

-  Et toi, t’as pas intérêt à vouloir te marier comme ça… parce que c’est non.

Je me suis levé comme lui, comme un seul homme, je suis parti et je n’ai plus jamais revu Édith. Rupture. Elle ne m’a pas défendu et je me suis dit que si cela commençait ainsi... En fait, j’ai su plus tard que ses parents étaient désespérés. Son père a regretté amèrement son intervention catastrophique lors des fiançailles. Les futures relations amoureuses d’Édith seront vouée à l’échec. Ses parents n’avaient pas réalisé qu’en fait nos familles étaient en osmose, cohérentes. Édith en a eu marre un jour et est partie s’acheter un fusil (c’était possible) pour se tirer une balle en pleine tête. Je le regrette. Je le regrette oui et non. C’est une fille que j’ai adorée parce qu’elle était agréable, simple et naturelle. Avec le recul, mon caractère était déjà bien trempé. Quand je décide quelque chose, ce n’est pas pour moi, c’est toujours pour l’autre en face, et par conséquent, l’autre n’a pas trop d’efforts à faire. On peut être d’accord ou pas, la discussion est toujours possible. Mais si on change d’avis en me l’imposant, sans me prévenir devant tout le monde, je m’évapore. Son silence fut comme une bombe nucléaire. Elle, qui était d’accord, n’est pas venue à mon secours. Je suis sûr qu’elle savait que son père allait intervenir. Résultat : elle était résignée et moi choqué. Je savais déjà, lorsque je me suis levé, qu’elle ne m’emboîterait pas le pas. Son suicide m’a fait de la peine, elle ne méritait pas ça.

 

B.  Corinne, la mère de mes enfants Audrey et Maxence

     Rencontre, mariage, enfants, Cannes, divorce (1986 – 2000)

 

 J’ai rencontré Corinne, mon ex, dans le premier quart de ma vie. À cette période,

j’étais un  beau mec, sportif et musclé, « gentil » dans le sens naïf, avec des parents, nantis. Ça en jetait. Mes parents venaient d’acheter le cinéma le Colisée à Valenciennes. Je ne m’en suis pas rendu compte, mais à Valenciennes j’étais devenu un fils de bourge qui n’avait qu’une seule préoccupation : sa Golf 1. Golf 1 brillante, sur équipée avec s’il vous plait une chaine hifi Clarion pour écouter la musique à fond la caisse, vitre ouverte, dans le seul et unique but. Faire x fois le tour de la place d’Arme à 0,2 km heure, le coude sur la portière avec sur ma tête une casquette de pingouin et ce, devant toutes les terrasses qui a cette époque étaient bondées quasiment tous les jours. Ça c’était avant 2003, avant les fameux réseaux. À part ma voiture, les filles, je ne m’y intéressais pas plus que ça. C’était plutôt l’inverse et je ne m’en rendais même pas compte. Quand il fallait sortir, c’était facile. La Bascule à Orsinval, ou alors le Cercle à Valenciennes et surtout, la chaussée de Bruxelles en Belgique, à quelques kilomètres seulement de valenciennes et où il y avait des dizaines de discothèques de toutes sortes assez incroyables. Disco, newwave, de la soul musique. Aujourd’hui, du Rap dans les oreilles. La plus incroyable des discothèques se trouvait à Mons en Belgique. On pouvait faire croire à sa copine, qu’on allait faire sa prière le samedi soir, au lieu de faire aller ses gambettes sur une piste. De l’extérieur, une église grandeur nature. Dès que l’on avait poussé la géante porte, on était dans une église discothèque jusqu’au bout des ongles. Des décors incroyables. Palmiers géants, colonnes de hautparleurs d’au moins 10 mètres de haut, piste de dance en marbre blanc, des bars en hauteur. Dingue. Lorsque l’on dansait sur la piste, le son enveloppait tout notre corps et faisait frémir le moindre poil.  Je profite de Corinne, pour expliquer une ambiance qui n’a plus rien à voir avec les ambiances réseaux d’aujourd’hui. C’est à peu près la même comparaison avec nos parents, qui à leur époque remplissaient les terrasses et il n’y avait que çà. Avant c’était vivant, aujourd’hui, on croit que c’est vivant. Nuance. Revenons à ma rencontre.

 

Je suis encore dans la période de disque-jockey et je rencontre ma femme dans une boite de nuit « le Cercle » dans lequel se trouve Rémi Camurat, mon meilleur ami. Il l’est toujours aujourd’hui. Enfin, c’est la connaissance la plus sympathique et la plus rapprochée que je puisse avoir. On n’est pas amis dans le sens des partages que l’on peut avoir en amitié, mais ça résonne bien. Il faut dire qu’on est à mille km. Y a un élan de rendre service s’il y a besoin. Donc, il est là dans un groupe et moi dans un autre. Et il y avait une certaine Corinne. Elle avait deux sœurs, une était le sosie d’Isabelle Adjani, les trois sœurs étaient des déesses, des bombes nucléaires… Sa meilleure copine me l’a présentée puis m’a discrètement dit que Corinne s’intéressait à moi et on a dit la même chose à Corinne : que je m’intéressais à elle. Ce qui au départ était faux. Moi, j’étais dans mes tests… Je ne voulais pas rencontrer une fille qui prendrait de l’embonpoint avec l’âge. C’était une obsession. Et dire que j’ai moi-même pris 20 kilos plus tard, à cause de Crashword. Quand on allait au café, je regardais si elle mangeait de petits biscuits, si on allait au restaurant, j’observais si elle prenait un dessert… Je commençais à regarder pas mal les filles et je suis quelqu’un de simple. Je rencontrais assez naturellement la fille du banquier ou la fille de… Je ne voulais pas d’une bourgeoise, d’une fille à papa. Heureusement que j’avais les discothèques qui étaient mon axe de sortie principale. Le « Cercle » était un lieu assez novateur, destiné essentiellement à la haute bourgeoisie valencienne. Je suis arrivé à la meilleure période des années 1980 où il y a eu un déferlement musical incroyable. On avait vraiment basculé dans le disco, la pop, la soul, la new wave. Disque-jockey, je suis allé à Bruxelles, la caverne d’Alibaba où l’on pouvait se procurer tous les disques du monde comme les États-Unis, l’Australie. On appelait ça des galettes bouillantes, des maxi 45 tours en fait qui n’étaient pas sortis en France, toujours en retard en matière de nouveautés musicales. Je suis rentré avec une pile de ces disques, et le patron du « Cercle » n’en croyait pas ses yeux. Il m’a embauché direct pour un an. J’y allais aussi en tant que client et c’est ainsi que j’ai rencontré Corinne. Quand je l’ai vue, ce qui m’avait touché, c’était en premier lieu sa gentillesse qu’elle cachait sous des apparences que je n’aimais pas. Elle avait un profil de femme qui me déplaisait mais ce fut comme un aimant. Pour moi, une femme, je la vois avec une liste de valeurs et non sur le plan de la beauté physique. Bon, j’ai eu la chance que toutes les femmes que j’ai rencontrées étaient ultra jolies au point que je me demandais d’ailleurs pour quelles raisons, elles s’intéressaient à moi. Je n’ai jamais vraiment eu de réponse, il est vrai que je n’ai jamais demandé non plus. Bref, Corinne était jolie, j’ai eu des enfants magnifiques. Donc nous nous sommes vus et quasiment du jour au lendemain, elle a quitté le domicile de ses parents. Dans la foulée, j’ai pris un appartement. Nous mangions des frites sur un carton en guise de table, le cul par terre ; ce n’était pas grave, on n'avait pas besoin de grand-chose. J’étais content car je la voyais responsable, elle gérait ses priorités, et j’en étais une. Elle n’était pas scotchée à ses parents et toutes ses réactions me convenaient bien.

 

Je me marie avec Corinne en janvier 1986 parce qu’elle est enceinte de notre fille Audrey. On y avait pensé. Si Corinne tombait enceinte, on garderait l’enfant. Il n’était pas spécialement programmé, on a laissé faire la nature.

On déménage à Le Quesnoy quasi en face de chez mes parents. On se marie et elle accouche à la Maternité de Le Quesnoy. On re déménage à Valenciennes ou on loue une maison près du Jardin de la Rhonelle. Elle a trouvé un travail pas loin à la trésorerie Municipale et moi je commence à travailler à Lille dans une super entreprise informatique.  Tout s’est fait vitesse lumière et je pense que l’un et l’autre, n’a eu le temps de prendre vraiment connaissance de l’autre. Deux ans plus tard, Maxence arrive. Au final deux accidents de naissances, car pas programmés du tout. J’ai eu chaud. Ils auraient pu avoir 8 frères et sœur de plus. Je travaille, je fais des courses, je popote et je bricole beaucoup. Elle travaille, elle se pouponne et s’occupe bien des enfants. Assez vite, je remarque un truc qui cloche. Ses sœurs et leurs mères, çà communique beaucoup trop, sans moi. Quand ça papote beaucoup devant vous et dans votre dos, méfiance. Je le remarque, sans y prêter trop attention.

Il faut que je précise que pour moi, les enfants n’étaient pas intéressants tant qu’ils ne communiquaient pas. Je ne me sentais pas père, pour moi, ça n’avait aucun intérêt. Un bébé, ça pleure rit, mange, boit, fait ses besoins dans les couches… je ne me sentais pas impliqué. Par contre, dès qu’il y a eu communication, alors là, oui. J’ai adoré ces moments-là. J’aimais moins lorsqu’il fallait les catapulter chez la nourrice le matin très tôt. Les deux enfants étaient rapprochés, ce qui était bien d’ailleurs. J’avais cinq ans d’écart avec ma sœur et nos rapports n’étaient pas les mêmes. J’ai très vite réalisé que la nourrice faisait office de papa et de maman... J’avais cette image dans la tête : on ouvre la voiture, on catapulte les enfants en s’arrêtant à peine, on repart et le soir, on les récupère… Nous étions rincés de notre journée, fallait faire le dîner, le bain, et à huit heures, ils étaient au lit… Nous ne profitions absolument pas de nos enfants. Le week-end, et encore, car il y avait les courses à faire, rendre visite à Papi et à mamie… ça m’a passablement énervé. Après, j’ai bien compris que les enfants étaient des malins : lorsqu’ils étaient avec Corinne, clairement, ils la manipulaient. À tel point qu’à chaque fois, elle m’appelait à son secours. Lorsque j’étais sur place, tout fonctionnait bien et lorsque j’étais absent de la maison, il fallait qu’elle me les passe au téléphone pour que je les calme. La nounou m’a dit un jour qu’elle savait qui venait récupérer les enfants, rien qu’à leur comportement. Avec moi, ils étaient sages comme une image et si c’était leur mère, c’était le bordel absolu. Et l’école, c’était le big-bang ! Nous les habituions à la bonne nourriture, du frais, pas trop de sucre. Du jour au lendemain, il ne fallait plus du gras dans la viande, il fallait retirer des machins par ici, des trucs par là parce que nos enfants étaient sous l’influence totale de leurs copains. Tout le travail réalisé en amont a fondu comme neige au soleil. J’étais très expérimentateur avec eux et donc un soir, je les ai testés et bousculés. J’aimais bien les endormir et un des enfants avait un lit plus grand que l’autre. Il était suffisamment grand pour que l’on y dorme à trois. Comme ils aimaient dormir ensemble, c’était sympa de se retrouver là. Ce soir-là, je leur ai demandé s’ils connaissaient des gros mots. Nous étions dans le noir et il régnait un silence absolu. Pour « starter » un peu la conversation sur le sujet, j’ai dit « zut », « prout » … ils ont enchaîné d’un coup… « t’es un con » « pute », « salope », « pédé ». Et là, j’ai dit : « À qui sont ces enfants ? ». J’ai réalisé que l’école était en train de tout détruire. L’éducation, alors qu’il n’y avait pas encore Internet, suffisait pour transformer nos enfants et jeter aux orties tout ce que nous avions entrepris au niveau éducation. Je leur ai créé des univers et j’étais très proche d’eux. Chaque année, on partait en vacances, une année sur deux aux sports d’hiver. Je leur ai fabriqué une cabane dans le jardin à côté de l’abri à bois. Une cabane sur pilotis. Ils ont bien aimé. J’ai toujours eu le côté amuseur. Lorsqu’en face de moi, il y a l’innocence, ça me transporte et j’ai vraiment envie de faire plaisir, de les faire rire. Je les taquinais. Ils savaient les limites. Lorsque je bricolais, je ne les surveillais pas du tout. Eh bien, ils ne faisaient pas de bêtises et étaient très sages. Rien à voir avec mon ex qui, elle était totalement submergée.

 

Mes enfants ont eu leur chambre avant moi et le plaisir des vacances, c’était emporter tout ce qui les concernait : poussette, lit parapluie, youpala… Une fois toutes leurs affaires mises dans la voiture, il ne restait de la place que pour nos maillots de bain !

J’ai suivi attentivement leur évolution. Je m’adaptais à la courbe de leur croissance, à leurs besoins. J’avais trouvé un camping très sympa, très nature, le « Camping de la Forge » avec des chèvres, des chevaux. Durant vingt ans, nous irons en vacances à cet endroit, à la Lande des Maures.

 

    

Camping « La Forge » - Les Londes les Maures

 

On sourit en descendant dans le sud à 16h30 alors que je finis le boulot à 16h00… la voiture est prête depuis la veille, comme dans le film « Bienvenus chez les Ch’tis », et on pleure en remontant. Ce n’est pas loin du fort de Brégançon, le Lavandou, les plages de l’Estagnol… L’argentière. Pour nous rendre sur ces plages, nous traversions des vignobles. Il y avait plein de fleurs. C’était bien pour toute la petite famille de se mettre un peu au vert. J’ai continué à y aller après le divorce (prononcé en 2001). Avec les enfants, c’est sûr, j’y suis allé 16 ans et puis j’y suis retourné deux ou trois fois, seul. De la nostalgie sans doute et comme j’étais dans la région… j’avais plaisir à revoir les propriétaires. Je ne voulais pas les lâcher mes enfants dans des centres aérés ou des colonies de vacances. Nous travaillions quand même un mois sur deux pendant l’été mais arrivions à tout gérer.

 

 

    

Les jours heureux…

 

    

 

Mon père avec Audrey et Maxence

 

Le divorce

Avant le mariage, je n’étais pas très porté sur les filles même si j’avais les idées bien arrêtées. Quand j’ai rencontré Corinne, elle correspondait à « mes » critères. Je me disais qu’une fille mince resterait mince. Elle était gentille et tout le reste, je m’en fichais. Et en fait, ce fut un mauvais calcul. Les enfants ont clairement profité de la rupture engagée entre Corinne et moi pour faire leur choix. J’ai tout fait pour qu’ils restent à mes côtés, le contraire aurait été une catastrophe pour leur avenir. Ils étaient en pleine orientation. Maxence avait 14 ans et Audrey 16. J’ai réussi, en manipulant à mort, à les garder. Quand ils se sont installés chez moi, j’ai rencontré Cécile qui deviendra ma seconde épouse. Nous avons acheté un lit-armoire pour éviter de prendre un trois pièces d’autant plus que nous venions à peine d’entamer notre relation. Enfin, si les enfants quittaient l’appartement pour une raison ou une autre, Cécile et moi, nous nous retrouverions dans un appartement bien trop grand. On a fait une réunion avec les enfants pour connaître leur avis sur ma relation avec Cécile, d’autant plus qu’ils espéraient une réconciliation avec leur mère. Le divorce s’est déroulé sans violence, pas de guerre.

En fait, Audrey et Maxence m’ont affirmé qu’ils aimaient bien Cécile. Je ne sais pas s’ils m’ont fait plaisir ou s’ils le pensaient vraiment… j’étais ouvert, presque extraverti et proche d’eux. Ils avaient, je pense, une forme de respect pour moi, et même s’ils pensaient le contraire, ils n’osaient peut-être pas me le dire. Je ne sais pas. Très vite, j’ai compris que Maxence voulait retourner auprès de sa mère et j’en été effondré. Les bons résultats scolaires qu’il avait avec moi disparaîtraient avec sa mère.

Je ne savais plus que faire. Je ne pouvais pas subir le divorce, travailler, maintenir le salaire. En plus, j’avais tout laissé à Corinne : la maison, le contenu, j’ai juste pris la TV et la voiture. J’ai insisté en lui disant que si je n’avais pas le véhicule, je ne pouvais pas aller travailler et je ne rentrerais pas de salaire et donc il ne se passerait rien. Tout le reste, j’ai laissé. Bref, très vite, j’ai compris et heureusement que je surveillais les ordinateurs des enfants pour voir comment ils communiquaient avec leur mère et les autres jeunes de leur âge. Je voulais qu’ils aient une sorte de liberté, mais que je contrôlais. C’est à travers l’outil informatique que j’ai appris qu’Audrey allait le soir chez sa copine et qu’elles sortaient. J’ai fait des bonds et j’ai commencé à resserrer les vis. J’ai vécu 14 ans avec Corinne. Nous étions d’accord pour installer la famille dans le Sud. J’ai abandonné mon travail de Valenciennes, cherché un nouveau job dans le Sud et une maison à acheter. Corinne devait se faire muter et me rejoindre avec le reste de la famille. Le jour où j’ai annoncé que j’avais découvert un lieu charmant avec le chant des grenouilles, la maison à cinquante mètres, Corinne m’a dit qu’elle ne descendait plus. Un lâchage de mari à 1100 km… J’ai toujours séparé le physique et le mental. Corinne m’avait fait une fois déjà un enfant dans le dos comme on dit. Elle sortait avec ses sœurs qui étaient totalement immorales. J’ai su que Corinne me trompait lorsque la femme de son amant a débarqué chez nous. Elle pleurnichait en racontant l’adultère. Je lui ai rétorqué que ça ne me dérangeait pas plus que ça… Par contre, ce qui me gênait, c’était le mensonge. Sinon, je m’en fous. Et ce n’est pas pour autant que j’ai compensé de mon côté. Bref, j’ai intercepté le message et je me suis dit que s’il y avait une première fois, il y en aurait d’autres. Mais j’avoue que je n’ai rien vu venir. Le fait qu’elle ait freiné deux fois pour venir dans le Sud-Est soudain devenu compréhensible. Elle travaillait dans l’administration et ne serait pas venue tout de suite, c’était le prétexte, mais s j’ai compris qu’elle ne m’aimait plus. C’était plutôt un amour « gloire et beauté » avec le fils du « Colisée » … Et moi, je suis plutôt quelqu’un de pragmatique. J’aime bien les valeurs. Et là, clairement, en un soir, Corinne les a transformées. Donc j’ai pleuré trois jours et trois nuits parce que je n’ai rien compris. Sur le coup, le ciel me tombe sur la tête et tout s’écroule. J’habitais avec mes parents à Cannes et durant 3 jours et 3 nuits, une lavette remplie de larmes. À l’aube du quatrième jour, la bascule. Ma seconde naissance. D’abord le nettoyage. Hors de question de divorcer avec un remplaçant à domicile. On divorce propre. Grâce à mon réseau dans le Nord, j’apprends que je suis cocu à répétition et j’arrive à contacter son petit copain en lui racontant qui est vraiment Corinne et au fond, la Naïve. Je suis tombé sur un gars, Eric, qui par chance me ressemble et est assez génial. Je sais, bonjour les chevilles, je suis aussi génial. Ce qui est fou, c’est que la Corinne la Naïve, serait rentrée dans la même finalité de notre histoire, qu’avec la nouvelle histoire avec lui. Il a instantanément compris qu’il n’a rien à faire avec les femmes « Appâts Rances » et menteuses « manipul’actrices ». Il avait déjà perçu des choses. Suite au coup de fil, il l’a virée et de ce fait, on a divorcé proprement.

 

Grâce à Corinne, j’ai rencontré une femme formidable, Cécile. Le plus grave dans cette histoire, ce n’est pas tant une erreur de trajectoire avec quelqu’un ; ce n’est pas un mariage raté non plus. Au combien il y a eu des naissances. Le plus gave c’est la suite. Non seulement Corinne est une menteuse, une femme dans les apparences, mais il y a bien pire. Corinne est une totale irresponsable. J’ai tout fait pour qu’au-delà du divorce, on pilote les enfants à deux en toute intelligence pour leur assurer un bel avenir. Mission impossible. Chaque fois que je tricote, elle détricote. Chaque fois qu’elle est venue dans le sud, à toutes mes invitations, une seule. Il est bien plus important de bronzer à la plage que de même, passer des coups de fils pour que l’on maintienne le rôle de parents. Pire encore. Alors que j’ai endossé mes responsabilités en faisant tout pour accueillir les enfants, Corinne m’a pilonné à travers eux pour presque détruire mon couple. Il est clair que la seule fois où elle est venue suite à une de mes invitations, et que Cécile était bien évidemment présente. Face à Cécile, Corinne a vite compris que sa beauté factice ne suffisait pas. Les femmes se comparent bien. Une belle image, face à une belle machine de guerre. Cela m’a fait sourire. Suite à cette rencontre, Corinne continue de tout détruire, et au point où on en est, je laisse faire. Les enfants repartent de chez moi, Maxence la rejoins dans le Nord. Il n’y a plus rien à faire. Ce divorce est arrivé au pire moment. L’orientation scolaire, la bascule des réseaux ou tout le monde étale sa stupide vie avec fierté et Corinne y Compris. Les enfants jouant sur les apparences, sans encore avoir atteint l’âge de raison, s’engouffrent avec facilité dans ces apparences. Comment voulez-vous que je résiste à cette pression sociale avec en plus avec une Corinne qui ne pense qu’à paraitre, qu’au maquillage et à mentir sans intelligence. Je ne remercierais jamais assez Corinne d’avoir sans le savoir, amélioré ma vie en provocant la rupture. Au fond je ne lui en veux pas. Au-delà de ses considérations personnelles, la pauvre, elle n’était pas assez armée dans sa petite vie. Elle s’est bien occupée de ses enfants. Elle a bien tenue sa maison, trop même, avec ses « tocs » d’ultra nettoyage à en pourrir la vie des autres. Je sais qu’elle avait à cœur d’être bien à son travail. En apparence, souriante, toujours. « Gentille » toujours. Corinne est le profil idéal qui donne les bonnes réponses à cette société qui pilote tout. Ce genre de profil, fait partie de la Masse.  Boire manger dormir sans se soucier de rien ni de son entourage ni de son avenir. Pas de vague et on lustre son nombril. Cela ne vous rappelle rien ? Comment voulez-vous que la nouvelle génération ne soit pas attirée et séduite par cela, qui plus est avec tous ces nouveaux outils de communications stupides qui les isolent encore plus. Et bien c’est grâce à tout cela que je ne suis pas un Papy, ni le mari de Corinne d’ailleurs. Toute ma famille ascendante a construit pour améliorer leur vie et de tout ce qu’ils ont gagné avec courage, ils en ont fait profiter leur entourage proche. Si j’étais resté avec Corinne, ma vie aurait été un fiasco total et au final, au profit de cette société. Alors Merci Corinne, grâce à toi, j’ai réussi ma vie, et tu as raté la tienne et celle de nos enfants. Quand on ne mise que sur les apparences, on ne réussit jamais rien et c’est vrai depuis la préhistoire. J’ai remarqué que tu étales encore aujourd’hui, ta vie sur « Fesses Bouc ». Tu n’as pas changé et tu ne changeras jamais. Comment veux-tu que nos enfants aient une chance dans la VRAIE vie ? Ton essentiel, est que tu la réussisses la tienne de vie ! C’est plutôt ça.

 

Pour moi, ma femme c’était comme une artiste dont j’évaluais à chaque fois les valeurs. Mais dire que je suis amoureux d’une femme, ça ne m’est jamais arrivé. Pour moi, il s’agit surtout de respect parce que derrière le respect, il y a toujours une somme de valeurs et ça se voit dans le geste… le problème de l’amour, c’est que lorsqu’il disparaît, il n’y a plus d’amour… Et moi, je préfère être ami à vie avec une femme qu’être amoureux.

En amitié, on ne démarre pas sur quelque chose qui vous voile la face, qui vous transforme une personne parce que vous la regardez autrement. Une rencontre démarre souvent par une belle histoire, et qui n’aime pas cela. J’ai eu une fois un coup de foudre et c’est un truc de malade. C’était avant de connaître ma femme Cécile, en 2002.

Petite parenthèse, quand je me suis marié, j’ai voulu que tout le monde soit bien.

 

 

J’estime que la femme s’est mal battue pour avoir sa liberté. Quand on a des enfants, on est moins libre parce qu’on se doit de les élever. Quand on est célibataire, on fait ce que l’on veut, carriériste et on peut très bien vivre ensemble mais par contre, le gouvernement a quand même amélioré les choses parce qu’il a donné un peu plus de temps aux maris. La femme était obligée de tout supporter avec la charge des enfants en plus, ce qui n’était pas le cas de l’homme. Donc, j’ai décidé que Corinne travaillerait de moins en moins. De 100% elle est passée à 90%, à 70, 60 et 50%. Quelque part, tout en gardant une sécurité de l’emploi, nous avons amélioré le quotidien des enfants qui n’étaient pas tous les jours chez la nounou. C’était un bon réflexe, car avoir des enfants pour les catapulter tout le temps et en profiter juste une demi-heure, le temps de donner le biberon, jouer un petit peu ou leur passer un dessin animé de Walt Disney et 20h00 au lit, franchement, c’était un programme peu réjouissant. Si on calcule : huit à dix ans partent à la poubelle !

 

Donc, j’ai mis ces horaires pour ma femme en place. Tout allait bien jusqu’au jour du divorce, la manivelle vous tape dans la gueule. Ma femme devient un cas social et du coup vous pompe tout votre salaire. Elle a failli obtenir une compensatoire en prime !

 

J’ai fait de la régression professionnelle. Je me suis fait un ami, mais un faux-ami, un qui me plantera le couteau dans le dos. C’était un bipolaire, signe scorpion. Je le savais, mais il était intéressant et totalement immoral. Il trompait sa femme, voulait toujours m’entraîner dans ses histoires de drague comme pour s’exonérer. Libertinage, femmes volages bref, tout ça ne m’intéressait pas.

 

C.   Véronique alias Cécile, ma seconde épouse - rencontre, mariage, Juan-les-Pins et Montauroux.

 J’ai rencontré Véronique ma seconde épouse que je suis le seul d’ailleurs à appeler Cécile. C’est lié à un événement peu banal en 2003 ou Internet commençait à prendre son envol. Les sites de rencontres étaient embryonnaires et les pratiquer était totalement immoral. Vingt ans plus tard, c’est une tare de ne pas y être… marié ou pas d’ailleurs. Sur le site de rencontre regroupant des gens de Nice, il y avait peu de monde, trois pelés et quatre tondus, Cécile et moi, et on râlait car il fallait redémarrer la BOX appelée SAGEM toutes les cinq minutes. Nous avons discuté via le site et avons décidé de nous téléphoner. On ne s’ennuyait jamais et on s’entendait bien sur de nombreux sujets. On est passé à l’étape suivante, celle de la rencontre. Comme elle habitait à La Valette près de Toulon et moi à Juan les pins, on a coupé la poire en deux c’est-à-dire au péage de Draguignan. Avant de venir au rendez-vous, elle a préparé sa venue et m’a averti avant de partir, de quelque chose d’imprévu, qui m’a étonné sur le coup et que j’ai trouvé immédiatement génial. Elle a dénoncé mon pedigree à la gendarmerie, pour se protéger au cas où. Je suis arrivé au péage avec ma Transalp rouge, elle avec sa voiture Ford rouge. On s’est retrouvé en plein soir debout sous un arbre, pas loin du péage et des poubelles. Quand elle m’a dit qu’elle faisait fuir les hommes, je me suis dit qu’elle était la bonne personne. Enfin une femme qui avait du caractère et qui exerçait son métier dans le domaine militaire. La DGA. Rien que ça.

Notre rendez-vous se passe bien et avant de se quitter, je lui fais un bisou sur la joue tout en lui tenant la hanche. À cet endroit, on détient tout d’une femme, en tout cas, c’est mon avis. La légèreté, la chaleur, le niveau de frisson, le creux, la réaction, la dureté. J’ai craqué, car tout me plaisait chez elle. Je suis resté soft, sans lui dire mon ressenti, du moins, sans trop le lui faire comprendre. Elle devait éprouver la même chose car on s’est revu plusieurs fois. Chez elle, chez moi. Ayant tous les deux vécu une expérience matrimoniale catastrophique, on était méfiants.

En dehors de quelques étincelles issues d’un caractère fort et tant mieux (encore un bon repère), ça matchait bien.

Au final, on sort ensemble. Le trajet Juan/La Valette en alternance la fatigue à tel point qu’elle doit parfois dormir quelques heures sur des aires de repos. De mon côté, je suis en plein divorce tandis qu’elle est libre. J’ai réussi à avoir la garde des enfants. Cécile, devenue marâtre, a été très bien acceptée par mes enfants. Enchantée au début, elle était ravie de participer à leur éducation. Elle se sentait investie et leur apportait beaucoup car elle est très cultivée. Elle n’était pas spécialement emballée à avoir des enfants, et même plutôt réfractaire contrairement à moi. Mais bon. On décide de se marier juste pour qu’elle ne soit pas délocalisée à Paris car l’armée faisait du dégraissage et du regroupement !

C’est la première fois de ma vie où j’étais bien avec une femme, et j’éprouve toujours la même sensation aujourd’hui. Le meilleur repère est d’être soi-même face à quelqu’un. Je pense que c’est la même chose pour elle et c’est très rare. On se marie donc civilement en 2003 à Vallauris, entre deux mariages musulmans. Un collègue de bureau Stéphane et Élodie son épouse sont nos témoins. Mariage bouclé en 10 minutes en tenue « chinois ». On ne s’est pas mariés vraiment par amour avec grand « A », car on a plutôt amoureux de toute une liste de valeurs avec un grand « V ».

  

 

Mariage en 2003 à Vallauris

On est amis, amants, époux et potes ! Tout cela à la fois. Deux espèces de couteaux suisse indépendants et cérébraux. Des gentils, mais des tueurs aussi, surtout elle car en un seul mot, elle peut tuer quelqu’un. Une relation compliquée comme on adore. Ce serait simple, on s’ennuierait tous les deux. Ce qui nous plaît, c’est que ce soit vrai, sincère car c’est rare ; le monde change tout autour de nous, et rapidement, grâce justement à cet internet qui avilit et abêtit la population mondiale. L’armée simplifie encore ses effectifs et j’’aide Cécile à entrer au CADAM à Nice. À ce moment-là, je sais qu’elle s’interroge et qu’elle n’est plus trop certaine de notre relation. Je perçois une anxiété assez enfouie qui lui sert également de protection. La concernant, elle est dans le zéro risque et c’est ce qui lui permet d’être très combative et de bien réussir dans cette vie. Elle fait des choix qui la protègent et ce n’est pas sans sacrifice. Je dirais que c’est plein de bon sens même. Le résultat ? Elle n’a besoin de personne et surtout pas de dépendre de moi. Ça tombe bien ! Je ne suis pas anxieux, je fonctionne de la même manière. Nous sommes dans un combat, car on sait que si on plonge dans la facilité, cette vie qui se dégrade sans cesse ne nous fera aucun cadeau. L’un et l’autre, nous ne voulons surtout pas devenir un poids pour la famille qui nous aide parfois un peu. C’est le plus beau des cadeaux que l’on puisse avoir, moi comme elle. Et donc, pas trop certaine de notre relation, elle a provoqué une parenthèse. Un beau brun ténébreux et j’ai dû batailler pour la reconquérir. Elle en valait la peine. En tout cas, rien à voir avec les stupides cocufiages et sauteries de mon ex. Et j’y suis arrivé. Plus de vingt ans et nous sommes toujours dans la même dynamique ! Nous avons tenté de récupérer mes enfants. Projet génial au début et approuvé par tout le monde. Au final un fiasco total à cause de Corinne qui a manœuvré en arrière-plan en utilisant nos enfants. On déménage moult fois. Cécile éprouve beaucoup de plaisir à accueillir ses parents l’été (surtout son père) dans un de ses appartements. À chaque fois, cela la rend heureuse malgré quelques contraintes professionnelles. Tout va bien. Si je devais résumer, Cécile et moi, nous bossons comme de grands malades tout en s’occupant assez bien de nos parents, cependant on ne profite pas vraiment de la vie. On reste toujours deux entités indépendantes, vivant ensemble et ça nous convient. Du moins, c’est ce que je crois. Cécile elle ne laisse rien transpirer de ses émotions négatives. Elle me renvoie l’image d’une personne gentille, accompagnante, souriante. Comment me perçoit-elle ? Je n’en sais rien. Je suis un « Doudou ». Mon repère, c’est son comportement qui, généralement me rassure. Quoi qu’il en soit, tous les deux on est des « dangereux ». On peut à un moment donné, claquer cette porte pour 0,1% de problème alors que le 99,99% qui reste et génial. Ce que l’on ne mesure pas, c’est que la vie ne raisonne pas en pourcentage. Tout autour de nous le monde s’écroule et ça s’accélère. Elle comme moi, on voit les désastres pointer le bout de leur nez bien avant qu’ils ne surviennent. Cela impacte notre vie même si nous sommes armés pour nous en protéger. On a l’habitude sauf pour les chocs émotionnels intenses comme le décès de nos parents. Cela nous ébranle, Cécile encore plus que moi. La disparition de nos parents (sauf la maman de Cécile qui est encore avec nous), signifie le départ des meilleurs. Socialement, il ne reste quasiment plus rien excepté un vide abyssal. On n’arrive pas à avaler la pilule tant ils nous manquent. En parallèle, nous vieillissons avec pour chacun une chouette maladie silencieuse dont on se passerait bien. Une myopathie dont Cécile ne se plaint jamais. Je ne la surcharge pas de mes problèmes, du moins, le moins possible. À quand la guillotine ? Jusqu’à quand pourra-t-elle marcher ? Pour ma part, j’ai subi un accident coronaire de trop. Plus on avance, plus mon caractère change dans la forme, mais pas Cécile, du moins pas en apparence. Elle gère et me bat à plate couture. Je n’ai rien à lui reprocher, qui plus est, elle n’a jamais failli à être là pour moi, en toutes circonstances. J’essaye de me corriger et ce n’est pas facile. Face à nous, comme je l’ai dit, le monde change : jalousie, égoïsme, individualisme, déshumanisation, guerres, exodes, économies en berne, inflation qui met les familles à terre… Chacun pour soi en faisant croire le contraire. Les « Appâts Rances ». On a l’impression que plus on avance dans le temps, plus il y a de fardeaux à combattre et c’est épuisant. La disparition des parents, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Même le mas provençal que l’on a acheté ensemble n’a été qu’un rêve de cinq minutes. Si on ne peut pas le partager avec les proches que l’on aime... Il y a un goût de « pas fini » ou de « on n’en a plus rien à faire ». On dépasse ces sentiments négatifs même si parfois, on verse tous les deux discrètement quelques larmes. On sait qu’il y a la bataille contre nos propres ébranlements et que ce n’est pas simple. Quand je dis bataille, je devrais dire un reste de bataille. Je suis orphelin et mes enfants qui croient que je suis le roi des salauds alors qu’ils m’ont abandonné et rejeté Cécile. De son côté, Cécile pensait ne plus avoir personne, mais son frère s’est bonifié et sa mère, même si elle est têtue et crée des problèmes, Cécile se complet à accompagner le reste de la famille et ça lui fait du bien. Une façon pour elle aussi d’honorer une promesse faite à son père qui lui avait demandé de ne pas les laisser tomber.

 

Le mas provençal que l’on a acheté est vraiment le résultat de toute une vie. Moi qui suis un « voleur de temps », il n’y en a plus beaucoup à voler. Cécile elle, travaille encore et pareil, elle ne réalise pas trop. J’ai décidé d’injecter tout l’argent de la vente la maison familiale dans cet endroit à Montauroux pour le remettre à neuf. J’ai réussi à étouffer l’anxiété de Cécile, convaincue que la maison allait s’écrouler. Elle m’a fait confiance Au final, tout a été remis à neuf et tout le monde est content. J’ai perdu vingt kilos et c’est bénéfique pour ma maladie. J’adore voir Cécile s’occuper de ses fleurs, du jardin, et bricoler des choses qui m’étonnent parfois et me font sourire. Je la vois comme une petite souris qui fait des activités en cachette. La page béton est tournée. Sur le plan relationnel, il me reste à corriger un travers qui a grandi en moi, malgré toute ma vigilance et qui ébranle Cécile. En résumé, je l’utilise comme « coupable de proximité » au moindre problème sans importance. Cela peut être violent en paroles, ma forme devient une vraie merde, et je me traite de connard. Alors ce n’est pas souvent mais à chaque fois, je culpabilise. Ce que je n’avais pas mesuré, c’est que de son côté, le verre s’est rempli, qu’elle me le jetterait bien au visage et qu’elle divorcerait… Violence contre violence. C’est fini et je lui ai donné des clés pour m’aider à résorber ce travers. À part ça, je suis son « doudou » et elle ma « poulette ». Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai remercié Corinne d’avoir enclenché le divorce. Grâce à elle, j’ai rencontré vraiment une chouette Femme. Ma plus grande tristesse, c’est sa maladie. C’est bien la seule femme au monde à mes yeux qui ne méritait pas ça. C’est pour ça aussi que rien que pour elle, je suis un satellite et que j’améliore sa vie au mieux pour qu’elle en profite. C’est une relation rare qui mérite des efforts car il y a beaucoup d’intelligence, de réflexion et d’authenticité. Vivement qu’elle soit en retraite et moi encore en vie pour qu’ENFIN on en profite. Du courage, nous n’en avons pas manqué et nous méritons d’avoir les doigts en éventail. Ma façon de la remercier parfois est de l’étonner en lui faisant plaisir. Ce n’est pas souvent, mais on s’en rappelle bien. De bons souvenirs comme de survoler en hélicoptère notre lieu de rencontre, d’oser une balade en bateau moteur à la James Bond pour se retrouver sur le toit d’un hôtel luxueux, effectuer un voyage en montgolfière où j’ai eu la peur de ma vie (pas Cécile), remonter le canal du midi et ses écluses, visiter le zoo de la Flèche... Elle aime me faire plaisir, à sa façon comme lorsque je voulais acheter une Citroën Méhari… Elle me l’a offert le jour de mon anniversaire. Dans le garage, en plein milieu, j’ai effectivement découvert la voiture de mes rêves : un modèle réduit de 20cm sur 10. Un de mes meilleurs souvenirs. D’autres me reviennent, comme un petit-déjeuner pris debout sur la jetée à Antibes un 1er janvier, ou le premier lever de soleil de l’année.

Mon plus beau cadeau, ce sont ses sourires et quand elle est bien dans sa peau.

Quelle belle rencontre !

 

Durant quelques années, j’ai fait des expérimentations avec des femmes, lorsque j’étais célibataire. Cécile en faisait partie. Dans ma tête, je voulais redécouvrir la Femme avec un grand F, et j’ai voulu tester toutes les couleurs. Jaune, Noire, Blanche, etc., uniquement des femmes brunes. Ma mère était brune… sourire. Je désirais mieux me connaître car je me sentais vraiment différent des gens qui m’entouraient. J’ai fait la rencontre d’une dizaine de femmes sur des sites, un vrai outil de travail. Pour en trouver dix, j’ai dû en virer des milliers. Cette recherche ardue n’est efficace que si l’on s’est donné les bons outils, à savoir : a-t-on posé les bonnes questions au cours des entretiens ? Au tout début, c’était laborieux et très vite, c’est devenu de l’abattage. Au moindre problème, à la moindre faille, je virais et à force, non seulement j’ai appris à mieux me connaitre à travers les questions que je posais, mais en plus, j’arrivais à me rapprocher du meilleur. On est très loin de la drague dans une discothèque ou chez des amis ou tout n’est qu’apparence. Alors certes, on peut encore se tromper, mais on inverse surtout les statistiques. 95% de raté dans une rencontre en surface. 95% de réussite sur la compréhension complète d’une personne en posant les bonnes questions sur un site de rencontre.

Au départ, ces femmes ne s’attendaient pas à avoir ce genre d’échange qui frôle la divination, la psychanalyse, le langage du vrai et j’en passe. Elles sont comme noyées dans la masse, sans vraiment savoir ce qu’elles recherchent. Comme endormies. Alors certes, dix femmes noyées dans des milliers de femmes, c’est vraiment un vrai travail de recherche et de poubellisation. Il faut même parfois résister à de très jolies femmes qui vous disent oui, mais vers qui il ne faut surtout pas aller de peur de tomber sur une Corinne bis. Et des Corinne bis, il y en a des centaines. Belles, mais ennuyeuses à mourir. Quand on a fait ce travail, on récolte les fruits. J’avais raison, c’est l’esprit en un qui compte et surtout pas le physique. Je me suis même amusé à ce que trois d’entre elles se réunissent avec moi. Elles sont devenues instantanément amies à leur grande surprise. Il y a une catégorie de personnes assez rares qui sont mentales, cérébrales et regardent ce monde d’une façon différente. Je les appelle « des âmes d’artistes », et ce sont des artistes dans l’âme, car elles créent toutes quelque chose de leurs mains. Ce sont des solitaires aussi et c’est compréhensible. À force de se « cogner » contre des êtres humains qui ressemblent à d’autres êtres humains tels des clones, l’ennui gagne. Et dans la solitude, on commence à créer des choses, à force. La moralité de cette histoire de recherche frénétique, elles m’ont « Validé » et ça, ça n’a pas de prix. Enfin je ne suis pas seul et ces centaines d’heures de recherches ont été une expérience géniale. Non seulement elles m’ont validé, mais je les ai validées aussi. Et croyez-moi, ça rassure. Je me suis dit que si je perdais une Cécile, je serais certain de trouver aussi bien. Oui, elle ne sera jamais tout à fait pareille, mais ce sera tout aussi génial car l’esprit est là ! Une rencontre ne peut pas être le fruit d’un hasard. C’est bien trop risqué surtout si la rencontre est amoureuse. Ça n’existe que dans les films. Une rencontre, c’est un vrai travail de recherche et n’est possible que depuis que le web existe. Avant, il fallait se marier mille fois avant de tomber sur la bonne ! et encore. Aujourd’hui c’est facile, mais personne ne le fait. Dommage. La clé d’une belle relation, c’est le miroir mental et rien d’autre. Le reste, c’est de la foutaise. Depuis toujours, je me dégage beaucoup de temps libre et je suis très organisé. Je ne mélange pas tout. Beaucoup de temps, car je le vole dès que j’en ai l’occasion et j’en rends le moins possible à cette société manipulatrice qui fait la même chose à son propre profit. Du coup, cela a pas mal profité à Cécile. Je trouvais ça honnête de compenser son manque de temps par le trop plein du mien et je me suis mis à faire les courses, le ménage, la vaisselle, la cuisine et même si on additionne tout ça…

 

Nos havres de paix

Je me laisse encore un peu de temps pour m’occuper de ma moto, de mon unique voiture que j’ai depuis 1995, et il me reste encore du temps pour construire un chalet pendant quinze ans. J’ai même eu assez de temps pour mettre en place un projet de jeu. Personnellement, j’ai une vie intéressante parce que j’ai su donner, partager tout en me protégeant. Tout est partageable. J’y reviendrai.

 

 

 

Notre premier havre de paix a été un petit chalet au bord du Lac de Saint-Cassien dans le Var. J’ai toujours été imprégné par la nature et je ne connaissais pas la partie Est de ce département. Je n’en pouvais plus de vivre dans un clapier bétonné du centre d’Antibes et un jour, je suis parti à la recherche d’un terrain pour y mettre un chalet ou une caravane. À cette époque, Google laissait des pages mortes, c’est-à-dire « inactives » mais auxquelles on accédait quand même. Je suis tombé ainsi sur une annonce vieille de deux ans, d’un terrain à vendre du côté du Lac de Saint-Cassien. Il y avait un numéro de téléphone et j’ai tenté ma chance. Je tombe sur un papi qui me dit qu’effectivement le terrain avait été mis en vente mais qu’il avait abandonné l’idée et que finalement mon appel était le bienvenu. Du coup, j’étais le seul candidat. Et lui n’a pas cherché d’autres acheteurs. Quand j’y suis allé avec Cécile, je découvre les lieux, l’environnement. Je ne soupçonnais pas l’existence de tels endroits magnifiques en pleine nature et pas loin en plus, tant j’étais occupé par mon travail. J’allais de surprises en surprises. Quand j’ai franchi la grille, il y avait certes un vieux mobil-home et une superbe pergola avec comme des raisins qui tombaient. Le propriétaire avait préparé le Ricard. Je me suis assis en face de lui et je me suis dit en souriant, que j’étais prêt à le tuer pour prendre sa place. Tout le monde m’a déconseillé d’acheter ce terrain. J’ai été traité de fou. Je l’ai acheté à un très bon prix et j’ai viré le mobil-home a des gens de l’Est de la France qui sont venus le récupérer. Et j’ai donc aménagé le terrain. J’ai coulé une dalle, c’était interdit. J’ai posé du carrelage, c’était interdit. J’ai installé un chalet de plus de 20m², c’était interdit. J’ai dit à la mairie qu’EDF avait dit oui pour l’électricité et l’inverse, donc j’ai eu l’électricité. J’ai mis internet satellite, la parabole. J’ai mis une pergola dans les arbres, j’ai mis neuf containers d’un mètre cube pour récupérer l’eau du ciel, j’ai fait un système d’alimentation d’eau par gravité à l’intérieur, une mini salle de bain avec des toilettes pourvues d’un Sany broyeur et les déjections partaient vers un super rosier que j’avais récupéré d’en face de chez ma mère.

 

Pendant 15 ans, ce fut formidable. Cécile et moi avons profité des environs, des oiseaux, loin du béton, loin des cons. C’était top. Je peux toujours me déconnecter de ce monde débile, et puis j’ai mon univers personnel. Cécile était également ravie, privilégiant les promenades le long de la petite route qui menait jusqu’au village. Au cours d’une de ces marches, elle a repéré un petit mas provençal et se disait « voilà la maison de nos rêves ». Elle avait remarqué la clochette sur le toit. Plus tard, elle a reconnu sur une petite annonce immobilière le bien. Il était à vendre dans le Figaro ! Si Cécile avait pris une douche au lieu de regarder son iPad ce jour-là, nous ne l’aurions pas achetée. Honnêtement, je ne l’aurais pas reconnue. C’était vraiment incroyable. Le chalet a été vendu pour financer en partie ce mas provençal dans lequel nous vivons aujourd’hui. Pendant quinze ans, je suis passé avec Cécile devant cette bâtisse sans savoir qu’un jour nous en serions les heureux propriétaires. Nous signions la vente la veille de Noël 2021. C’est la première fois de notre vie et ce sera surement la seule fois aussi que nous étions, à Noël, DANS le cadeau.

Le chemin vers notre paradis

 

 

 

 

 

Le Chalet à Montauroux

 

 

 

Le mas provençal – Montauroux

 

D.  Pirate et voleur de musique, de films et de séries (1990)

 

La musique est prépondérante dans ma vie. J’ai toujours eu une attraction pour le monde musical et j’ai baigné dans divers courants. La musique est un moyen pour me comprendre, elle m’aiderait à aborder des sujets en me donnant des clés… J’ai découvert les musiques genre du monde, ensuite Buddha-bar. C’est une puissance au-dessus. Tout un florilège d’artistes. Sur Internet, je suis tombé sur de la musique underground américaine. Généralement, il y a très peu de voix. De la mélodie dans de la mélodie dans de la mélodie. J’ai compris qu’un cérébral pouvait être distrait par la voix où alors s’il y en a, il faut que les paroles soient top. J’ai adoré Baschung et Gainsbourg parce qu’ils sont énigmatiques, les musiques orientales, les Tribales africaines, le Togo japonais. Les détournements me plaisaient aussi. J’ai découvert un rap espagnol qui n’a rien à voir avec les autres musiques Rap qui sont des horreurs.

 

« Pulp fiction » est mon film préféré. J’aime aussi tout ce qui est en rapport avec l’espace. J’adore tous les films imaginaires et les road movies.

 

Attiré par le cosmos, je comprends mon positionnement par rapport à lui. Comme tout le monde, je me dis que l’on n’est trois fois rien et je m’en amuse. Par exemple, j’ai souvent raconté à des potes lorsque j’étais tout jeune, que l’homme était sur une planète qui est en fait une espèce d’électron et qu’on faisait partie d’une chaîne. La dimension que l’on voit autour de nous est beaucoup plus vaste que ce que l’on imagine. Je me projetais parfois vers l’infiniment petit, une façon peut-être pour grandir encore plus. J’ai toujours été intéressé par l’art, la culture, les films différents, la musique différente car tous ces univers me parlent. Bref, j’aime tout ce qui est hors des sentiers battus, car c’est moins chiant. La musique psychédélique (ça part avec un bruit d’eau par exemple, et une mélodie puis changement de trajectoire, puis des voix apaisantes) on est à chaque fois détourné et c’est ça qui me plaît. Quand on ne pense plus, on se laisse porter. Mes parents aimaient bien la musique polonaise, je me suis intéressé au bandonéon puis ensuite à d’autres instruments. J’ai découvert la cithare qui est aussi bien russe que turque avec de très légères variations. Envoutante. J’ai trouvé de rares interprétations, c’est juste une tuerie. Le musicien a des doigts d’or.

La dernière musique, est une musique primée mondialement « The Grand Budapest Hôtel ». Je l’ai su après coup. La musique de ce film a eu un oscar et je peux l’écouter pendant des heures. Le son est tellement épuré et colle parfaitement au film. Voyage mental.

               

 

Je chasse donc de la musique au niveau mondial, du downtemp, chillout, underground américain. L’avantage de cette musique, c’est qu’elle est thérapeutique pour les gens cérébraux. Elle vous entraîne au premier niveau qui vous entraine dans le deuxième, et si vous accédez à la troisième, qu’est-ce qui se passe ? Vous lâchez prise. Vous vous déconnectez.

 

Depuis les années 90, je suis un excellent pirate et un voleur de films, de séries tv et de musiques et de jeux vidéo. Je crois que 10 euros, c’est le grand maximum que j’ai dépensé dans ma vie avec un cd que j’ai acheté à la FNAC. Tout le reste, je l’ai volé. Pourquoi ? La porte web est ouverte, voilà pourquoi. Et du coup ouverture vers le social aussi. Auparavant en France, on ne produisait que pour la France. Mais avec la mondialisation, acteurs ou chanteurs français qui exportent un film ou un disque  dans plus de 60 pays deviennent des millionnaires à vie. Il n’y a pas de raison d’en profiter aussi... Et moi, je suis tellement gourmand de cinéma et de musique, que je me serais ruiné. Rien que dans le cinéma de mes parents, en trente secondes, je savais si cela allait être un navet ou pas. Alors quelle torture si je devais payer pour voir un navet, ou acheter un CD dont un seul morceau serait valable sur les douze enregistrés, surtout qu’aujourd’hui, on est bombardé d’âneries. Donc depuis les années 90, je pirate tous les jours et j’ai du même acheter un serveur sur lequel il y a 20 000 films, 450 séries et des gigas de musiques. Quel intérêt ? Ne pas être otage de la soupe diffusée à la TV ou sur Netflix. Bien sûr, j’ai des préférences et j’ai créé un tiroir « culte » avec mes incontournables. Et puis, de nos jours, le temps du téléchargement est ultra rapide. J’ai passé du temps pour ne pas en perdre et surtout pour retranscrire. Tout était sur des bandes, puis des cassettes, puis sur des CD puis sur des disques durs, puis sur un serveur. Je suis le gardien des souvenirs de toute la famille. Personne n’aimait faire de photos, de vidéos et pour le peu qui a été produit et récupéré à gauche ou à droite… À la fin, j’ai retranscrit du 8 millimètres vers le super 8, puis vers le VHS puis SVHS, puis sur CD, puis en dématérialisé sur un serveur. La famille n’a plus qu’à cliquer pour visionner. J’ai une centaine de films sur la famille où je n’apparais quasiment pas et quatre mille photos que j’ai récupérées, souvent à partir de négatifs. Rémi, un photographe, m’a aidé. J’ai dû reprendre une par une les photos cartonnées de papi, mamie qui dataient de 1920 à 1940 en utilisant une caméra fixée sur un trépied. Je filmais trois secondes la photo pour la mettre avec les autres sur vidéo, vidéos que je classais ensuite dans les films familiaux. Il faut être super organisé pour mener de front Crashword, les films, la musique, les courses, le travail…

 

Le concours Lépine – 2016 - 2017

 

Jonathan que j’ai croisé au Festival des Jeux de Cannes débutait tout comme moi. Il allait au concours Lépine et j’y suis suis rendu par curiosité. J’espérais y croiser des inventeurs. C’est encore Jonathan qui m’a dit de m’inscrire… on ne sait jamais. C’est ainsi que j’ai gagné la médaille d’or. Lui en a gagné en bronze, en argent et en or. Il m’a encouragé. D’y aller, c’était déjà un rêve, alors gagner une médaille… inespéré. Mon père avait ce même rêve. En 2016, j’obtiens la médaille d’argent et en 2017 la médaille d’or. Les inventeurs viennent du monde entier par paquet de dix ! Chine, Thaïlande, Amérique, Angleterre etc. Ils se présentent pour avoir au moins le diplôme de participation. Il est dommage qu’en France, on ait transformé le concours Lépine en amusette. Il y a de vrais ingénieurs que l’on ne met pas en valeur comme ils le mériteraient. J’ai vu des ingénieurs présenter une éolienne qui récupérait de l’eau dans l’air lorsque les pales tournaient. Il y avait un robinet en bas de l’éolienne et de l’eau en coulait. Ils ont eu un succès énorme, ont été vendus dans le monde entier, excepté en France et moi, au sortir de ma médaille, je n’ai trouvé personne en face pour prendre le relais. Donc, je suis reparti avec mon jeu et ma médaille sous le bras. Mon prix honorifique ne servait à rien parce qu’en France on s’en fout totalement. Plus d’un se serait découragé, mais pas moi. J’étais encore plus motivé. Je suis allé de surprise en surprise avec ce projet de jeu : d’abord, la joie de voir qu’il plaisait systématiquement, ensuite que j’avais réussi à le faire fabriquer en Chine et à le présenter au concours Lépine (et de gagner la médaille) ; tout cela était plus qu’encourageant. J’avais mis en place une autoroute pour ma retraite et de quoi m’occuper ! Mais je pensais que cela prendrait moins de temps, pas quinze ans même si je n’ai rien lâché. Je travaillais le jour au bureau et la nuit sur mon jeu. Parallèlement, j’ai créé des jeux vidéo et j’ai trouvé le studio EXKEE trois ans plus tard. J’ai refait le site je ne sais plus combien de fois.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui il y a deux. Crashword et un blog perso WebTv sur lequel je mets des choses personnelles comme les tableaux peints par ma femme, Dali que j’adore, tous les désastres planétaires parce que je trouve ça dingue. On a toutes les infos, toutes les preuves, il y a des reportages et si on va au tribunal dénoncer tous ces désastres, on gagne. J’ai les ai réunis pour que l’on mesure la gravité de la situation et à tous les niveaux.

IV.    Jeune retraité

A.  2020. Année noire – disparition de mes parents

 

Ma retraite arrivant au pas de course, je me suis organisé : pas de dettes, un projet de jeu, encore plus de temps pour moi. Génial. Je vais enfin en profiter. Et bien non ! Tout a été bouleversé par le décès de mes parents. Tout.

 

Mes parents ! Deux grandes gueules au cœur immense !

 

Comment résumer mon papa et ma maman ?

Née en 1935, la lionne, ma maman, décède le 14 septembre 2020 à 5 heures 25 minutes. Né en 1928, le lion, mon papa, décède le 29 octobre 2020 à 16 heures 5 minutes. La disparition de ces deux êtres aimés ressemblait, si j’utilise une métaphore, à deux interrupteurs qui se sont éteints d’un coup, à environ cinq semaines d’intervalle. Je n’habitais pas à Le Quesnoy mais à Antibes. Il était important pour moi de les rejoindre très souvent dans notre maison familiale pour y séjourner une quinzaine de jours et ainsi les accompagner et anticiper au mieux les améliorations à apporter à leur vie qui devenait de plus en plus difficile. Une semaine avant son décès, maman m’appelle en pleine nuit. Je dormais à l’étage du dessus, dans mon ancienne chambre d’enfance. Douleurs au ventre, paniquée, elle s’est oubliée, n’ayant pas réussi à atteindre à temps le pot de chambre.

        

 

 

Sur le coup, j’étais persuadé que c’était une maladie du genre gastro. Je nettoie tout en la rassurant. Très gênée, elle me remercie. Puis je l’aide à se rallonger et elle s’endort. Le lendemain vers 6 heures, je me lève et comme d’habitude, prépare la table pour le petit-déjeuner de tout le monde. Quelle ne fut pas ma surprise de voir maman dehors à la fraîche comme on dit car il faisait vraiment froid, en nuisette, assise à califourchon sur la grande poubelle pour y faire entrer un sac plastique. Je souris et je l’engueule gentiment. Elle rentre dans la cuisine, s’installe à table car elle a manifestement une faim de loup. Je me suis dit « la gastro, ça creuse » en souriant dans mes moustaches imaginaires. D’habitude, elle prend son petit-déjeuner du bout des lèvres avec cette volonté inutile de vouloir perdre du poids. Là, elle l’avale avec appétit et je l’accompagne tout en l’observant. Bien plus tard, allongée sur son canapé dans le salon, elle m’appelle en me disant qu’elle avait à nouveau mal au ventre. Je lui demande de s’assoir, tout en pensant appeler le médecin de famille. Au même moment, je vois ses cuisses décupler de volume et j’ai un mauvais pressentiment. J’appelle les urgences. Les pompiers l’emmènent, et confiant, j’attends des informations de l’hôpital. Je suis obligé de m’occuper de mon père qui s’inquiète bien évidemment. À 3 heures du matin, mon smartphone sonne et une chirurgienne m’explique que ma mère va mourir. Ils ont tout fait pour soigner le cancer du pancréas qui était en sommeil, et certes, il y avait un compte à rebours, mais on était censé avoir bien plus de temps devant nous. Le pancréas s’est percé et tout s’est vidé dans le bas-ventre et les jambes. Irréparable. Asséné, effondré et « prisonnier » de mon père, je demande combien de temps il lui reste. La chirurgienne me répond un jour, maximum deux ; elle sera transférée en soins palliatifs.

 

Le lendemain, je vais voir ma sœur refuse de me remplacer auprès de notre père. Je préviens mes enfants et mon fils rend visite à sa grand-mère. Il a eu la chance de discuter un peu avec elle et la seule chose que ma mère aurait dite, c’est : « Ouf ! j’ai cru que j’allais mourir ». Le lendemain, j’ai réussi à lui rendre visite avec mon père complètement bouleversé. Ma mère, presque inconsciente, assenée de tranquillisants et de morphine, a à peine perçu que nous étions là et a juste dit « j’ai soif, j’ai envie d’une glace ». J’ai tout fait pour en avoir une que je lui ai amenée sur le champ en faisant de l’humour pour dédramatiser au mieux, tout en nous filmant. Cependant, en mon for intérieur, j’étais totalement effondré, réalisant la tragédie qui arrivait sur nous et le drame que nous allions devoir traverser. Comme dans un film, je voyais mon père assis à côté de sa chérie, tenant sa main recouverte de sparadraps et de perfusions ; il était statufié. On savait tous les deux que c’était vraiment la fin. De retour à la maison, nous avions repris un peu nos esprits. Le lendemain matin, je suis retourné dans la chambre de ma mère. À côté de son lit médical, il y avait un lit gigantesque qui était

 

 

 

toujours apprêté, mais qui ne serait plus jamais utilisé. Mon père lui dormait dans la chambre d’à côté. Il s’est levé dans la nuit et s’est endormi dans ce lit géant, comme s’il voulait sentir la présence de l’amour de sa vie. Le lendemain matin, il ne restait plus que l’empreinte du corps allongé de mon père. À chaque fois que je revois cette scène, je ne peux m’empêcher de verser des larmes tant cette scène supporte le poids de toute la vie d’un couple formidable.

 

Je suis dévasté par le décès de ma mère et je dois continuer à gérer le pire qui reste à venir : l’enterrement. Quelques mois auparavant, j’avais eu le courage de demander à mes parents ce que je devais faire en cas de décès. Réponse des deux : « Tu traverses la rue et tu nous crames. Personne à notre enterrement ». C’est ce que j’ai fait. Je suis entré chez les pompes funèbres et j’ai dit : « Bonjour Monsieur, je viens cramer ma mère ». La personne sourit, nos échanges se font enveloppés d’humour noir. Ouf ! je suis tombé sur le bon interlocuteur. Mes parents auraient tellement aimé nos déconnades. La suite est rapide, je préviens tout le monde que Mamie est décédée, qu’elle sera incinérée et je donne la date de récupération de l’urne en les informant du dernier souhait de maman : personne à ses funérailles ! Cela ne signifiait pas qu’on ne pouvait pas manifester de la sympathie ! Le principal était d’honorer la mémoire. Je récupère l’urne à la maison et la pose sur la grande armoire du salon. Et je flippe.

 

L’état de mon père empirait. Le choc du décès de son épouse a accéléré son Alzheimer qui était jusque-là, presque imperceptible. Plus que l’aspect Alzheimer, il était en crise de panique. La peur que je reparte, et de ne pas savoir que faire en vivant seul. Il est tombé et sa chute a nécessité l’hospitalisation. Il a affirmé au personnel médical qu’il avait reçu des coups, que je l’avais frappé… l’hôpital a fait un signalement. La gendarmerie est venue ; j’allais faire l’objet d’une enquête pénale. Convoqué, on a pris mon ADN. Les dix ans d’accompagnement auprès de mes parents ont servi, car l’enquête a démontré que j’étais le seul aidant de la famille et que je n’avais aucun mobile pour agir de la sorte. La donation a également contribué à mon innocence. Franchement, cela aurait pu mal se terminer pour moi. Le comble ! Entre temps, mon père a repris ses esprits. Il a compris qu’Alzheimer générait de sacrés dégâts si on ne prenait pas garde. Il a fait un passage à l’hôpital, puis de retour à la maison, dans ses instants de lucidité, il a accepté avec difficulté d’entrer dans un EPHAD où il a vécu dans une chambre. Cet « hôtel des vieux » était très bien situé à Le Quesnoy, juste en face de l’étang avec vue sur la nature, les cygnes et les canards. Nous allions d’ailleurs parfois leur rendre visite. J’ai mis dans cette chambre tout ce qu’il aimait avoir près de lui. Toujours dans un éclair de lucidité (de plus en plus rare) il m’a dit : « Merci mon fils, c’est formidable ce que tu as fait pour moi, je suis bien ici ». Cela n’a pas duré une semaine, il a fait des chutes répétitives. Dirigé sur l’hôpital de Valenciennes et mis directement en soins palliatifs. Octobre 2020, il y avait encore le Covid. J’ai alors ressenti la difficile décision à prendre par les professionnels de l’hôpital : rafistoler un Papi de 93 ans ou sauver quelqu’un de beaucoup plus jeune ? Ils ont opté pour le retour de mon père à EPHAD. Soins palliatifs à Le Quesnoy donc. À ce stade, j’étais épuisé physiquement et moralement. À fond de cale, comme on dit. J’allais le voir presque tous les jours. Le vendredi avant de le quitter, je lui ai dit qu’il était dans les brumes avec madame morphine, « Je t’aime papa, et j’aime tout ce que tu as fait pour moi ». Il était impossible de lui dire ce genre de chose. Il faisait partie de cette génération de grande gueule avec un cœur immense. Du rustique, de l’authentique. Rien à voir avec les mâles couilles molles d’aujourd’hui qui se gominent et se pâment comme des gonzesses, sans plus de poils nulle part.

Dix minutes après mon départ, l’EPHAD m’appelle pour me dire que papa avait rendu l’âme. À qui ? À moi peut être ! Je suis presque certain que ce que je lui ai dit l’a réconforté et qu’il s’est laissé aller. Je retraverse la rue et je retourne voir les pompes funèbres. « Bonjour Monsieur, je reviens cette fois-ci cramer mon père ! Demi-tarif ?» 

Dans le salon de la maison familiale trônent sur l’armoire, côte à côte, deux urnes. La rouge et noire, Stendhalienne de ma maman et la grise et noire de mon papa. Rondes toutes les deux. Ils sont de nouveau ensemble. 

Je pensais repartir dans le Sud avec mes deux parents réduits en cendres. J’avais imaginé les poser sur un bureau comme le font certains écrivains. Maxence m’en avait dissuadé.  Comment aller voir Papi et Mamie s’ils sont à plus 1000 km ? J’ai acheté une concession d’urne funéraire à Le Quesnoy. En triant les papiers que ma mère classait méticuleusement dans son bureau, j’ai découvert un document municipal établissant l’existence d’un caveau familial à Écaillon, à durée illimitée. Alors, vu la petitesse de la loge du Quesnoy, en la comparant avec la longue et grande vie de ce couple formidable, j’ai décidé de les transférer du cimetière du Quesnoy vers leur caveau familial plus aéré. Les pompes funèbres sont revenues, ont extrait les urnes de la loge du Quesnoy et les ont installées sur le siège passager, sans obligation de mettre la ceinture, s’il vous plait. Puis ils sont partis dans le caveau familial. Étonnamment, je me suis senti instantanément apaisé. C’était le bon endroit. Patrice mon frère, pépé Martin, mémé Marthe, maman et papa. La famille réunie.

 

 

De retour à la maison, un poids en moins : j’avais réussi. Mission accomplie. Mes parents sont bien dans leur dernière demeure avec un petit goût de « le prochain sur la liste, c’est moi » ! Le plus dur restait à faire. Vider la maison soit 300 m2, 4m de plafond, toute une vie matérielle accumulée. Rien qu’en vêtements et linge : 20m3 de tissus qu’il a fallu jeter ou donner à des œuvres caritatives. Des meubles, un camion-benne de déchets, de gravats et deux camions de matériaux de bricolages provenant de deux ateliers. J’ai conservé quelques souvenirs. Quand j’ai claqué la porte de la maison vidée trois mois plus tard, la page a été définitivement tournée.

 

J’ai une colère à exprimer. Mes parents, gentils et généreux n’ont quasiment pas eu de retour. Ma sœur ne leur a jamais apporté ne serait-ce qu’un plat ni fait des courses surtout durant le Covid dont ils avaient si peur. Personne ne les a sortis pour un déjeuner dans un restau par exemple, ou une simple promenade n’importe où, juste pour leur changer les idées. Les petits enfants Alexis, Luther, Maxence et Audrey leur ont parfois rendu visite mais rares ont été les coups de fils pour demander des nouvelles, toujours à cause de ce soi-disant manque de temps ! Ils y allaient une ou deux fois par an avec du MacDo ou des pizzas ! Clairement, est-ce le genre de repas que l’on apporte à des personnes âgées et est-il normal que ma mère débarrasse la table et fasse la vaisselle ? Qu’est-ce qu’ils peuvent avoir comme souvenirs de leurs grands-parents ? Le même salon chez mes parents tout le temps. Le même jardin chez mes parents tout le temps. La même cuisine chez mes parents tout le temps. Quelle tristesse. Combien de photos ou de vidéos ont-ils prises avec leurs téléphones portables ? Ont-ils sauvegardé ces précieux souvenirs ? Un smartphone en panne, cassé et adieu les photos.

J’ai souvent promené mes parents alors que j’habitais à plus de 1000km. Notre meilleure sortie fut celle dans un restaurant polonais à Noël 2019. Mes parents ont visionné sur leur télévision géante, des centaines de fois le film que j’avais tourné, tant ils se sont éclatés. L’été 2020, je les ai emmenés par surprise au Touquet dans un camping-car que j’avais loué. Au départ, on a failli ne pas partir, car mon père ne se sentait pas bien du tout. Partisans de l’humour noir, ma mère et moi avons catapulté gentiment devant mon père « mourant » dans le Van en lui disant : « Si tu vis, on va manger au restaurant face à la mer un magnifique panier de crustacés. Si tu crèves, on te benne dans un hôpital et les vers te mangeront à la morgue. » Terrassé par une gastro, papa était en pleine léthargie durant au moins une heure. Et tout à coup, face à ces perspectives, il s’est ragaillardi et on a passé un week-end génial. Toutes mes sorties se sont déroulées en forêt de Mormal, à l’étang au Canard avec du pain rassis pour les oies. J’ai fait installer un ascenseur pour qu’ils dorment à l’étage dans leur chambre et non pas en bas dans le salon ou dans la salle à manger. J’ai enclenché des services à domicile, l’aide médicale et une aide-ménagère tant ils ne savaient plus s’occuper d’eux-mêmes. J’ai suivi leurs trois affaires au tribunal pour abus de faiblesse, que ma mère allait laisser tomber et que j’ai gagnées après leur décès.

 

J’ai un devoir de mémoire. Mes parents si généreux ne méritaient pas l’indifférence manifestée par leur fille et tous leurs petits-enfants. De mon point de vue, la nouvelle génération est une merditude absolue, dénuée de mémoire, de valeurs, de respect.

Qu’est-ce que ça coûte un peu d’empathie quand on a la bonté en face de soi ?

Mes parents me manquent terriblement.

 

L’humour était pour moi la seule arme pour exorciser ma peine. Au début, il n’y avait que l’urne de maman dans la maison et j’avais un peu la trouille, je l’avoue. Comme elle aimait les petits savons, j’en avais mis autour et j’avais l’impression qu’elle hantait les lieux à cause des senteurs diffusées par les savons. 

 

Un peu plus tard, lors d’une visite, mon fils Maxence m’a fait part de ses réflexions. Si j’emmène les deux urnes chez moi dans le Sud, dans quel cimetière du Nord pourra-t-il rendre hommage à ses grands-parents ? Je ne comprends pas très bien, il ne va jamais à l’église, ne prie pas et voudrait se recueillir sur la tombe de ses grands-parents ? Je lui ai fait part de ma surprise et rétorque que s’il vient me voir une fois par an dans le Sud, il verra plus souvent Papi et Mamie chez moi qu’au cimetière dans le Nord ! Il insiste et j’ai finalement acheté une concession à Le Quesnoy alors qu’il y avait une au cimetière d’Écaillon où il y a pépé, mémé et Patrice. J’ai cédé à l’argumentation de mon fils pour qu’il aille les voir à Le Quesnoy. Mes parents adoraient cette ville. Malheureusement, il y a les beaux discours et les actes qui disent le contraire. Je n’ai jamais vu une plante, une fleur autres que celles déposées par mes soins auprès du petit marbre de 40cm sur 40cm. Le temps passait inexorablement, sans visites… Alors j’ai changé d’avis et j’ai déplacé mes parents dans le caveau familial à Écaillon. La mairie a annulé la première concession et on a rouvert un nouveau dossier. Il y a une petite complication pour l’urne funéraire de mon père, malgré tout, je me suis senti apaisé. Tout le monde ensemble, c’est mieux et pour eux et pour moi. Les autres, je m’en tamponnais.

 

 

B.  La mémoire de la famille, gardiens des films et des photos

 

J’ai toujours été le photographe de la famille, j’ai tout sur tout le monde et paradoxalement très peu sur moi. J’ai des milliers de photos, des centaines de vidéos sur notre famille. Il faut dire que personne n’avait le réflexe d’être un sportif de la photo ou de la vidéo. Ils ont tous compris tacitement que c’était quelque chose que j’avais en moi et qui fait partie intégrante de ma personnalité. 

J’ai quand même une photo de moi à plusieurs âges. 

J’ai réalisé en faisant cette biographie que j’ai tellement de données que si je meurs, Cécile sera dans l’embarras !

 

C.   La retraite à Montauroux, mes enfants et petits-enfants

Je suis père de deux enfants et papi de quatre petits-enfants que je ne connais pas. J’ai toujours dit que je ne serais pas un bon Papi au vu de ce qui se passait en face. Et en face, mes enfants m’ont retiré des moments de vie ! C’est irrattrapable. Je ne jouerai donc pas mon rôle de grand-père. C’est trop grave. Je me suis expliqué plus haut. J’ai essayé de donner une chronologie. Le fil d’Ariane, « la notion de partage », se présente sous plusieurs aspects. J’ai une capacité d’anticipation supérieure à la moyenne. Si beaucoup de gens de mon âge se posent la question avant le décrochage professionnel et l’arrivée de la retraite, ce fut une bascule facile pour moi parce que je l’avais programmée. Il s’est passé tout, sauf ce que j’avais imaginé ! Pourtant, c’était une évidence pour moi : arriver à la retraite signifiait la fin des crédits, être installé et j’avais assez d’argent pour faire ce que j’avais envie. Je m’imaginais aller sur une terrasse, boire un café, me faire des potes, peut-être jouer au PMU, toutes ces choses que j’imaginais intéressantes. Je songeais à prendre un chien, j’ai toujours eu des animaux avec mes parents et c’était changer de rythme, me recentrer un peu sur moi et puis essayer de faire renaitre un peu l’instinctif de ma personne parce qu’à force d’être programmé à faire des choses… on est déprogrammé quelque part. Et donc il y a eu un peu cette phase au moment du basculement de ma retraite. Autour de moi, c’était catastrophique, car j’ai vu énormément de gens qui voulaient continuer de travailler parce qu’ils étaient totalement démoralisés par rapport à ce qu’ils comptaient faire de leurs deux mains à la retraite. C’était abismal et généralisé. Il y a eu la phase où je n’avais pas réalisé que Heat mon corps était encore bien, que mon esprit l’était aussi et que je pouvais encore même plaire aux femmes de manière générale. Plaire, mais sans paraître.

 

« Voleur de temps », fera le lien entre ma vie privée et la professionnelle. Ce texte me tient à cœur et comme un miroir, est le reflet d’une partie de mes pensées que je développerai dans la dernière partie. Pour cette autobiographie, la mise à nu est nécessaire ainsi qu’une démarche honnête et sincère. Mon problème, ce sont les limites de la lecture, comme le regard de mes enfants sur une partie de ma vie. Parfois, le mensonge est un mal nécessaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partie 2 – une vie professionnelle au service de la création


 

J’ai toujours guidé ma vie professionnelle en appliquant une idée bien personnelle : celle que le temps pouvait se voler.

 

Avoir volé du temps m’a permis d’avoir une vie de créateur.

V.                 Portrait d’un voleur de temps !

Le voleur de temps n’a qu’une obsession en tête, celle de vivre l’instant « Thé » ! Dans l’esprit de « The cup of tea time » anglais par exemple, ou dans l’esprit de la cérémonie du thé chinois. L’instant «Thé» est le seul moment où tout le monde grille allègrement sur l’autel de la connerie humaine, avec une totale insouciance, tout en piétinant une planète qui devient de plus en plus mensongère ! À l’image du mensonge qu’il piétine, le genre humain se méconnaît de plus en plus, et se ment à lui-même sans le réaliser. Il est si concentré pour plaire et construire une aura qui rassure dans une complexité qu’il ne saura plus maîtriser ! Dans cette course aveugle, il voudra alimenter des « Appâts Rances », tant il s’identifie à un pur objet de consommation, tout en étant persuadé du contraire ! Semer le doute chez l’autre eu égard à la complexité enfantée en soi devient un sport et un but jouissif ! Il validera son bien être relatif, en se comparant sans cesse à un voisin qui lui ressemble et donc qui le rassurera. Le voleur de temps est individualiste et se désintéresse du passé et de l’avenir et de la logique collective, car il a la conscience pour lui, et ne se détournera JAMAIS. En même temps, il gardera les yeux grands ouverts pour apprécier TOUT à sa juste valeur. Il n’endossera pas le costume d’un « béat » mais celui de quelqu’un très proche du « vrai » ! Aussi vrai que le reste est « faux ». Le voleur de temps, sournois, malin, manipulateur « positif » est extrêmement curieux et ne s’intéresse qu’aux ressentis et donc à ce qui est PALPABLE ! Le plus beau trait de caractère à ses yeux est la curiosité « positive » et son plus grand cheval de bataille est la « simplification de « Soie » ! Il n’adhère à aucun dogme, à aucune religion ni courant politique, a aucune pensée philosophique. Il se protège de la créativité des autres, pour préserver sa

« propre » créativité. Il détient un pacte intellectuel permanent cohérent et sans concession aucune !... Même s’il a conscience que tout est influence, la seule LOI sera celle que l’on a en « Soie » et qu’il aura construite en lui. Aucune autre loi n’aura de valeur à ses yeux même s’il la respecte… Pour gagner du temps, il donnera à entendre aux autres ce qu’ils veulent entendre… et mettra TOUT en place pour bien vivre, sans oublier ceux qu’il aime ou qu’il apprécie. Le voleur de temps est quelqu’un qui est dans l’hyper détail, sait rendre des rêves presque palpables.

Sa maxime favorite « No Limit sauf une seule, ne faire de mal à personne » rend le

« non » inutile. Nous sommes des entités émotionnelles vivantes programmées pour ressentir ! La seule vocation du voleur de temps est de vivre des intensités et des énergies positives qui sont « essences ciel » à un état d’être pour faire naître une âme d’artiste, sans prétention aucune. Sa vérité est dans le simple, et dans la distance, avec ce qui l’entoure ! Il sait installer un équilibre dans le déséquilibre et il ne se rapprochera que de ceux qui lui ressemblent, détenant une liste de « valeurs » non négociables. Le voleur de temps se fiche pas mal d’arrêter le temps, car il a juste conscience de ne pas gâcher le MOMENT et que c’est la plus belle façon à ses yeux de prolonger la vie.

VI.  Les entreprises

a)   Logista/Arvica

 

Je rappelle que lorsque j’ai échoué à mon examen de sport pour devenir prof de sport, je me suis inscrit en parallèle à GEA, Gestion économie administration d’entreprise avec option informatique. Je n’avais pas envie de faire ma deuxième année d’étude, j’ai envoyé ma candidature à Logista et j’ai été sélectionné. Je devais me rendre dans une agence à Valencienne et donc mes frais de déplacements étaient pris en charge. De Lille à Valenciennes et de Valenciennes à Lille… c’était intéressant !

Logista (où il n’y avait que des ingénieurs) avait « encapsulé » une entreprise qui s’appelait Arvica (où il n’y avait que des analytes). J’œuvrais sous la bannière de la première enseigne. Ce fut une expérience incroyable. Le patron de l’agence était à l’image de Bernard Tapie… On se serait damné pour lui. Mon premier job était un contrat de trois mois. J’avais déjà fabriqué un jeu de bataille navale et si j’avais été chez Thomson, mon jeu aurait démarré. Il était aussi sophistiqué que le jeu de la petite bête qui mangeait des billes et qu’il fallait déplacer avec une manette. Bref, ce n’était pas d’un très haut niveau. Microsoft n’existait pas, nous étions au tout début de l’ère informatique. Pourquoi avais-je fait un jeu ? Parce que l’ordinateur qu’on avait catapulté sur mon bureau avait GW BASIC, ce qui me permettait de développer ce que je voulais et comme j’étais en inter-contrat et que je n’avais rien à faire... J’ai détourné le langage de programmation pour montrer qu’il y avait de la couleur, qu’on pouvait jouer et utiliser la souris. La souris, à l’époque, ce n’était pas naturel du tout. À la suite de ces trois mois, le patron de Logista m’informe :

-  Richard, tu vas aller travailler chez Jeumont-Schneider. Je suis sûr que tu vas réussir.

b)   Jeumont Schneider

 

J’étais un peu incrédule ; cela signifiait costume, cravate…

Je m’y suis rendu… On faisait miroir avec son environnement. Je ne fumais pas… Dans la salle, il y avait quinze fumeurs. Je suis allé acheter des Lambert et Butler, un joli paquet bien argenté pour que ça fasse « in ». Mimétisme ! Je me suis mis à fumer alors qu’au cinéma, j’étais un « tueur » de cigarettes. J’écrasais les paquets de clopes de mon père et lorsque je rencontrais dans le hall des personnes qui fumaient, j’ouvrais les fortes en grand, même l’hiver pour dégager cette fumée que je ne supportais pas. J’ai menti au début à mes parents et puis finalement un jour, j’ai sorti mon paquet car je fumais autant que les autres ! Chez Jeumont-Schneider, je devais installer un plan comptable de trois cents programmes qui allait faire l’interface avec l’ancien et le nouveau. Je sors à peine d’une année de gestion administrative de l’entreprise dans laquelle il y avait une option informatique d’une heure et je suis catapulté dans cette fabuleuse entreprise à faire un travail de dingue ! Ce Bernard Tapie bis était généreux, toujours à motiver, à encourager ses équipes et à être près de ses hommes. Il était génial, nous emmenait au restaurant. C’était un meneur d’hommes, captivant, à l’écoute, ayant une grande confiance en lui et un look, une attitude bien à lui. Il n’était pas spécialement beau mais franchement, on était prêt à tout pour lui. Il n’embauchait que des personnes qui avaient un peu mon profil, des gars avec une capacité intellectuelle qui volait dans les hautes sphères. Il était un manipulateur intéressant et avait bâti une agence formidable. Je suis allé à Jeumont-Schneider et j’ai signé mon contrat. J’avais réalisé que sur place, je n’avais rien à produire, que j’avais juste à bien accompagner les personnes. J’ai mené un processus de contrôle. Quand je suis revenu, mon contrat était réussi, j’ai eu les éloges du client et les compliments de mon patron. Les contrats se sont enchaînés et j’ai travaillé chez « La Pie qui chante », chez « Renault » Maubeuge, « Renault » Douai, et chez la « Mondiale ». J’ai enchaîné beaucoup de prestations de service.

 

c)    La pie qui chante

 

Petite anecdote chez la société « La Pie qui chante ». Une collègue s’était enrhumée. Au laboratoire de l’entreprise, on m’a donné une toute petite fiole qui contenait un extrait de menthe. Ma collègue devait juste ouvrir et refermer le capuchon et nous, nous devions nous éloigner d’elle. Elle s’est mise à pleurer instantanément, son rhume s’est évaporé à la seconde et toute la pièce était embaumée de cet extrait ultra concentré ! Il faut savoir que le contenu de cette petite fiole est normalement incorporé dans trois mille litres d’un arôme « chocolat à la menthe ». Le matin d’ailleurs, tout autour de l’usine, une odeur de chocolat embaumait l’air. J’aimais bien le mélanger à du café… à en boire beaucoup…  

Dans le couloir, il y avait des paniers entiers fournis de chocolats de l’année précédente, des invendus qui devaient être refondus. Des poules cassées, à moitié pleines, des lapins ratés sans oreilles. En passant, on en prenait un, on le mettait sur le bureau et on lui donnait un coup de poing sur la tête, les morceaux s’étalaient et on se servaient tout en dégustant notre café. En fait, dans l’usine, on pouvait manger ce que l’on voulait mais il était interdit de sortir quoi que ce soit.

 

d)   EDF/Renseignements généraux

 

La division nationale des renseignements généraux de la direction EDF était basée à Reims. Ses dirigeant sont décideurs en matière des grands travaux d’intérêt national. Lorsqu’on est parmi eux, on n’a pas l’impression qu’ils travaillent… Ce sont des personnes qui ont des carnets d’adresses, des relations incroyables. Ils rient tout le temps, sont au restaurant et quand ils rentrent au bureau, ils sont un peu sur une jambe… J’avais un travail qui n’était pas très difficile et je m’amusais plus qu’autre chose. C’était assez franchouillard !

 

Je faisais le trajet Le Quesnoy Arras quasiment tous les jours, en passant par Cambrai et par les petites routes. Il n’y avait presque pas de radars mais un jour je me suis fait flasher. Je suis arrivé au travail avec la tête des mauvais jours et on m’a questionné. J’ai raconté ma mésaventure. L’équipe m’a laissé mijoter et affirmant que c’était grave. J’allais prendre cher, la facture serait salée et cette infraction serait mentionnée sur mon casier ! En plus, mes assurances augmenteraient et pas qu’un peu ! Le patron m’a convoqué dans son bureau, a passé un coup de fil et mon PV a été annulé. Génial ! Expérience intense, qui m’a marqué.

 

e)   Bouquet d’Or

 

Encore du Chocolat… Chez « Bouquet d’or ». À 27 ans, je fais partie des tests de « Rocher » qui étaient les bouchées, les concurrentes de celles fabriquées par Suchard. Je me rendais aux tests à l’aveugle avec un attaché case que je remplissais au maximum de guimauves car les fameux nounours étaient le péché mignon de ma première épouse. Paradoxalement je grossissais alors que Corinne restait mince. À la maison, le gros saladier rempli de guimauves était vide au bout de trois jours.

 

f)     La Mondiale

 

J’ai enchaîné beaucoup de contrats avec des entreprises ; la dernière est la Mondiale, dans les années 90. C’est intéressant d’expliquer les méthodes de recrutement de l’agence. Logista avait été racheté par Capgemini. Ils ne payaient pas cher, n’avaient pas la même qualité de prestations et « volaient » ainsi les contrats. Nous étions chers mais les prestations étaient bien autres et comprenaient la garantie du succès. À cette époque, l’informatique se nourrissait facilement du vide du domaine parce qu’il était en train de se construire. Donc, il y a eu des malhonnêtes…

Sogeti est une entreprise de services du numérique (ESN), entièrement filiale de Capgemini créée en 1967.

   

La marque Sogeti — acronyme de « société pour la gestion de l'entreprise et traitement de l'information » — a été initialement le nom de la maison mère Capgemini dans les années 1970 (Serge Kampf a créé Sogeti avec trois collègues en 1967 à Grenoble). La marque disparaît au profit de Capgemini (et des variantes de ce même nom) avant d'être réutilisée à partir du 1er janvier 2002 pour la filiale des services de proximité du groupe qui regroupe les activités d'assistance technique autrefois intégrées complètement à Capgemini, la maison mère. Sogeti s'est développé principalement via l'OPE en 2003 sur Transiciel, pour former l'entité Sogeti-Transiciel, devenue Sogeti en 2006.

Sogeti a donc évolué rapidement au niveau national à tel point qu’ils ont eu les moyens de nous racheter à 41%. Là, on a eu un coup de Trafalgar mais nous étions encore majoritaires, sauf qu’un ou deux ans plus tard, Sogeti a acheté les 59% restants. Nous avons tous démissionné comme un seul homme. Et en fait, nos plus gros clients nous ont tous embauchés ! Du coup, l’agence s’est vidée, et même en nous proposant des salaires mirobolants pour nous conserver, ils ont essuyé un raté car politiquement ils ont acheté une agence vide. Je suis donc embauché chez Mondiale assurance, en informatique. Quand j’y suis entré, j’ai fait des inventions incroyables et j’ai fait gagner de l’argent à cette société par dizaine de millions d’euros. Par exemple, j’avais réalisé qu’il y avait des retours d’adresses qu’on appelle NPI (N’habite plus à l’adresse indiqué) ce qui représentait une perte financière pour l’entreprise. Parfois, elle envoyait des courriers pour savoir si c’était encore « vivant » de l’autre côté. Les contrats d’assurance-vie sont signés pour une longue période. Les vies évoluent : mariages, décès, naissances, divorces… On avait un pool d’efforts de dix ans soit quatre millions d’abonnés… Inutile ! Vous prenez 10% sur ces quatre millions, ça fait une sacrée perte financière de contacter des gens et dans cette problématique-là, j’avais remarqué que la poste scindait les rues, changeait parfois les noms, en créait de nouvelles ou les remplaçait. Au niveau national, ce sont de gros mouvements.

J’ai fabriqué un outil avec les fichiers de Médiaposte qui permettait de rattraper les erreurs (y compris les erreurs d’écriture d’adresses). Tout additionné, ça fait 10% et moi j’ai réussi à corriger 99% de ces 10%, soit presque 10 millions chaque année à l’entreprise. Cet outil, un moteur que j’ai développé avec un Parisien n’a pas coûté très cher à mon entreprise. Il était convenu que l’entreprise développait l’application sous mon analyse. Le moteur lui appartenait et les dirigeants l’ont vendu une centaine de fois, 60.000 euros l’unité. Je suis fier d’avoir fabriqué ce bébé. Visionnaire, j’avais intégré dans le moteur les coordonnées Lambert qui permettaient de faire de la géolocalisation. J’étais en avance sur les Pages Jaunes, société qui est arrivée par la suite. Je n’avais pas compris pour quelles raisons on m’avait qualifié de « Génie de la boîte ». J’avais réalisé énormément de choses. On m’a donné le titre d’ingénieur dans l’entreprise. C’était tellement exceptionnel d’avoir une telle reconnaissance. Je ne l’avais pas mesuré parce que je m’amusais.

Il y avait le service développement, le service exploitation, le service système, c’était bien cloisonné. J’ai créé des pontages entre ces départements et forcément… bien après, je me suis fait des ennemis. J’ai toujours eu carte blanche et l’aval des patrons qui appréciaient mon travail. Responsable d’un service de veille technologique, j’étais au courant de toutes les nouvelles technologies et j’ai réussi à ce que les services soient tous en lien.

Lorsque je suis parti de la Mondiale, j’ai pleuré.

 

g)   Renault

 

J’ai décroché mon deuxième contrat chez Renault. Un matin très tôt de décembre ou de janvier, j’ai débarqué dans leurs locaux à Maubeuge. Il avait tellement neigé que l’on ne distinguait plus la route des bas-côtés et mes pneus ont laissé les premières traces dans la poudre blanche. Chez Renault, j’ai fait une prestation de services en informatique. Il y a eu quelques anecdotes comme lorsque je fus otage lors d’une grève du personnel. Comme je n’en faisais pas partie, j’ai poursuivi mon travail et j’ai été encadré par deux espèces de gardes du corps qui m’ont signifié clairement de ne plus mettre mes mains sur le clavier et de participer à la grève !

J’ai vu également six modèles de « Fuego » qui venaient de sortir et la Française n’avait aucune option. Ni appuie-tête, ni rétroviseur droit etc. alors que l’Espagnole, l’Américaine, l’Italienne étaient des versions « luxe ».

Mes contrats avec les firmes oscillaient entre trois mois et deux ou trois ans. Donc, je ne suis pas resté très longtemps chez Renault.

 

h)   Organic

 

2001. J’arrive chez Organic RIS à Sophia Antipolis (caisse des commerçants et des professions libérales). J’avais 7 ans d’avance mais j’ai fait de la régression professionnelle pour que ma première femme ne capitalise trop sur mon dos. Dans le Sud, je n’utilisais que dix pour cent de mes capacités intellectuelles. Au début, tout allait bien et puis je me suis fait des ennemis. Je proposais de véritables solutions, car l’entreprise était carrément en panne. J’étais encensé par les uns et jalousé par d’autres qui se sentaient relayés au second plan. Dans le Sud, on appuyait plutôt sur la pédale de frein que sur l’accélérateur. Dès ma première semaine, des collègues m’ont dit de ralentir car autrement j’allais les griller. J’avais une conscience professionnelle normale qui est devenue anormale chez Organic. Dans le Nord, on encourageait les initiatives, les bosseurs… pas dans le Sud. Je suis tombé de haut. J’avais un ordinateur à ma disposition. Il fallait bien compter quatre ou cinq minutes pour le démarrage, trois quatre minutes pour l’éteindre… le matin, le midi et le soir… 300 personnes travaillaient dans cette entreprise. J’ai vite fait le calcul en appliquant le taux horaire journalier divisé par le nombre de personnes, j’ai multiplié par le nombre de minutes et cela a dégagé une facture phénoménale. Le prix d’une barrette pour calmer tout le monde et gagner cette facture-là, c’est un centième de l’argent que l’on perd. Donc, il n’y a pas photo. J’ai développé un projet qui a duré trois ans avec deux bonhommes à cent pour cent du temps plein. Le projet a été bouclé et prêt à être livré. Quelqu’un a cliqué sur Internet pour télécharger un logiciel gratuit, mon projet a été catapulté du jour au lendemain ; l’argent du contribuable est parti à la poubelle. Au bout d’un moment, j’ai fait le calcul tous les projets que l’entreprise avait jetés à la poubelle, soit un montant proche d’un million d’euros… sur quatre ans. J’ai pris la feuille et je suis allé voir le directeur de l’informatique. Je n’ai jamais compris comment on avait pu mettre un tel incompétent à ce poste. Il est devenu tout blanc et je lui ai dit que mon pote Borloo de Lille était au ministère et faisait la chasse au gaspillage financier…J’ai réalisé que c’était ma façon de me protéger parce qu’autrement, j’aurais sombré en dépression. Faire des projets, encore et encore et les voir jetés à la poubelle… À la fin, j’en ai eu assez de travailler pour rien. Je mettais les gens qui m’emmerdaient face à leurs erreurs que je capitalisais et affichais. Du coup, on m’a mis dans un placard. Et pendant dix ans, j’ai pu faire ce que je voulais. Là où c’est grave, c’est que j’avais toute une hiérarchie qui n’a jamais justifié la présence d’un salarié payé à ne rien faire et ils ont entretenu ça. Donc, c’est une manipulation qui aggrave encore plus leur situation. Je me suis demandé si d’autres administrations au niveau national fonctionnaient ainsi…

 

J’avais pourtant apporté ma pierre à l’édifice comme on dit. J’en ai parlé avec mon père et nous nous étions fait la remarque qu’il était en retraite depuis longtemps : l’équivalent de sa période d’actif ! Je faisais mieux que lui car tout en étant actif, j’étais déjà en retraite car on ne me payait à rien faire. Donc, lui avais-je dit : « je suis encore plus fort que toi ! ». Nous en avons bien ri.

 

Ce temps, je l’ai utilisé à cent pour cent pour mon projet « Crashword ». Évidemment, je ne m’en vantais pas à mon travail et on me foutait la paix. Il y avait des situations insupportables, mais je ne brochais pas. Je ne voyais pas pour quelles raisons j’aurais dû donner ma démission, trouver un nouveau job dans une nouvelle entreprise, dans un nouvel environnement. De temps en temps, ils appuyaient sur le bumper pour savoir si j’étais encore vivant et comme je répondais favorablement à certaines de leurs demandes en quelques secondes – je caricature à peine - ils me fichaient la paix. Nous avions un accord tacite et certaines limites à ne pas dépasser. Cela m’a permis de faire la transition pour ma retraite que j’avais déjà bien programmée.

 

Ce qui est arrivé dans ma boite est un peu le reflet de ce qui est arrivé dans ma famille. Vous entrez dans un univers que vous pensez extraordinaire et puis on vous fait sombrer dans un piège auquel vous ne vous attendiez pas. Je pensais que la boite était bien, connectée au député et à l’Assemblée nationale parce qu’elle était collectrice d’impôts vis-à-vis des commerçants. Donc quand vous voyez une assise comme ça, vous vous dites qu’il y a des moyens et que tous les employés en poste font du travail sérieux…

 

Quelles collections d’idées farfelues :

1. L’ancêtre d’AGIS, un développement de 2 ans jeté à la poubelle, la veille de sa mise en exploitation, au profit d’une autre appli du même genre qui restait à RE développer et qui a coûté 50K€ de plus.

 

2. PVCS Dimension. Un projet majeur qui devait être motivé politiquement et qui se gère à minima 7 personnes bien qu’au final, je fus le seul à traiter le dossier ! La veille de sa mise en exploitation, il a été remplacé par un outil GRATUIT que l’on téléchargeait sur Internet en un clic. Trois ans de recherches jetées aux orties ainsi qu’une licence de 100K€. Ce qui ne m’a pas empêché de développer en parallèle des outils extrêmement sophistiqués à forts retours sur investissement. Nombre de ces projets ont été évincés pour des raisons farfelues du genre « Surdimensionnés » alors qu’ils étaient surtout « incompris », et qu’ils visaient pour la plupart la « cohérence des données techniques », la réutilisation de matériels inexploités et j’en passe. Bref, tout ce qui consolide un socle informatique qui se veut bien « huilé » pour effectuer des développements de qualité. (Mon job d’avant Organic). Suite à 2 GIE prévisibles et inutiles, on ne m’interroge plus car je dérange encore et toujours. La compétence semble être perçue comme un danger. J’assiste à la valse des « experts », qui se frottent les mains en termes de facturation et de solutions farfelues, des experts à la mode, qui défilent à tour de bras.

Je viens d’une entreprise privée « La Mondiale », où ma spécialité était les gains de productivité informatique en m’appuyant sur la « veille technologique » dont j’étais le responsable. Un secteur totalement occulté chez Organic/RSI/Acoss qui pourtant assurait les évolutions et évitait bien des erreurs dans les choix stratégiques.

 

Organic/RSI/ACOSS fut une belle expérience car je suis quelqu’un de POSITIF, extrêmement COMBATIF et qu’il faut avoir du COURAGE. Si j’avais eu un autre tempérament, j’aurais changé d’entreprise ou sombré dans je ne sais quelle profondeur.

 

Je suis content malgré tout de mon parcours professionnel, car et je le répète, il faut du courage face à l’incompréhension pour mettre en place des trajectoires productives. Heureusement que ma hiérarchie proche m’a laissé les mains libres, et je l’en remercie. Ce qui me permettait, au final, d’imaginer des solutions bénéfiques non seulement pour l’entreprise et d’aider des collaborateurs « sans solution ». Je me suis alors qualifié comme étant un « facilitateur », ou plutôt un « couteau suisse discret »

 

Je n’en veux pas du tout ni à mes proches collaborateurs, ni à mes supérieurs. 

Je n’ai plus de doute sur les incompétences de nos soi-disant têtes pensantes. J’ai souvent tenté de communiquer avec eux mais je n’ai reçu que du mépris ou de la condescendance, ce qui est bien pire !

Une entreprise qui n’a pas de véritable leader avec tout ce que ce poste implique est une entreprise vouée à l’échec avec une des pires conséquences qui soit « L’état d’esprit de l’entreprise » en berne. Une poule qui n’a pas de tête se cogne contre les murs, c’est bien connu.

 

On a beau communiquer, ça ne communique pas même si nous sommes noyés dans un océan de communication ! Le prix est exorbitant et pour quels retours ?

 

Si j’ai un conseil à donner, c’est de mettre de l’ordre grâce à un « Plan qualité d’entreprise » et non pas juste de petits coups de balais dans des pôles. Vous aurez ainsi de vrais indicateurs dont certains concernent les effets négatifs des leviers du Pouvoir ou des schémas directeurs chaotiques et incohérents. De plus, vous virerez surtout des dysfonctionnements « politiques ». Pour ceux qui pensent que c’est hors de prix, c’est une excuse qui les arrange. Dire déjà POLITIQUEMENT que le plan qualité se fera, permet de gagner plus de 5% de productivité. L’autocorrection de tous les collaborateurs rembourse la facture et remet dans l’axe « l’esprit d’entreprise » qui est la chose la plus difficile à corriger et la plus bénéfique à long terme. Au final. On communique « judicieusement » et non pas en mode « réseau asocial », pour faire « bien ». Cette communication survitaminée, c’est du cache-misère.

 

2 exemples de correctifs qui vont vous faire sourire.

 

Qui ne se rend pas compte du nombre de courriels que je qualifie de SPAMS, que l’on catapulte dans notre Outlook « chéri » et que l’on déteste de plus en plus (sans trop le dire). Si on devait lire tous ces spams, notre travail serait hors délais en permanence. Je pense que cela justifie certaines heures supplémentaires. Au moins cela aura le mérite d’accroître quelques salaires.

 

Qui est l’être suprême qui a eu cette intelligence rare de faire appel à une telle structure de communication « survitaminée », et qui passe 100% de son temps à envoyer des infos si « utiles » à la mode « réseau social » ! En un clic de souris, ils envoient un courriel à plus de 8000 de nos adresses intranet. (Eh oui ! nous en avons plus de 8000 chez nous). Et le support pleure de voir nos fichiers PST devenir de plus en plus obèses. Qui a le temps de TOUT lire ? (Pas moi, car toute cette communication, c’est du déchet qui part à la poubelle directe en vue de « m’économiser »)

 

Matérialisons le problème de cette communication sous un angle financier :

Avant tout : qu’est-ce qu’un spam dans une entreprise ?

            Lorsque dans une entreprise, on vous envoie un courriel, c’est pour qu’il soit entièrement lu !

            L’exercice consiste, à charge de l’entreprise, de bien adapter à votre profil le courriel qui vous est envoyé ! Ce qui est très rarement le cas. Cela signifierait l’adapter dans son contenu, dans sa longueur et dans sa pertinence dans l’objectif de ne pas nuire à sa charge de travail. Comme le politique fait appel à un département com survitaminé, ce service doit justifier sa présence et ses prestations d’où l’envoi de pavés, voire de livres à lire. On peut également vous inciter à enregistrer des vidéos amusantes. On n’a que çà à faire.

 

Premier exemple : un SPAM (courriel reçu et qui se doit d’être lu) pour 8000 personnes qui passent 5 minutes à le lire dans Outlook = 40 000 minutes = 666 heures = 83 jours (1j ouvrable = 8h). Prenons un salaire moyen + charges soit 3000€ * 2 = 6000€ que l’on divise par 20 jours ouvrables = 300€/jour. Multiplions enfin 300€/jour par 83 = 24900€

 

Si je ne me suis pas trompé, un message spam coûte environ 25 000€. Je ne compte pas le coût du réseau, du stockage, la perte de temps sur le projet ni le temps qu’a passé la personne pour comprendre le message ni les quelques minutes supplémentaires pour rattraper le temps perdu.

 

Allez ! je vous fais grâce des deux tiers de la somme et on arrondit à 10 000€ par spam. Les 8000 adresses courriels correspondants à environ 3000 personnes.

1 spam = 10 000€ ! faut avoir les moyens (que l’on n’a pas !) et on pleure d’investir dans ce qui améliore, faute de moyens ! quelle vaste blague.

 

Second exemple : Il y a une démultiplication exponentielle et insoutenable de logiciels qui progressent d’année en année. On passe plus son temps à les comprendre qu’à les utiliser véritablement, sans parler des bugs qui surgissent et qui nous bloquent aussi.

À force de démultiplier des services censés nous soulager, c’est plutôt une charge de gestion d’entreprise qui se déporte sur notre personne et au passage on en profite pour « fliquer » notre activité, ce qui nous détourne encore plus de notre travail. La finalité, ce sont les tableaux de bord à destination du pouvoir. Encore et toujours. Cette mosaïque logicielle et ces tableaux de bord deviennent si complexes que cela rétrécit le cerveau du pouvoir (et le nôtre aussi) à un point tel qu’on appel à des experts qui ne fabriqueront que des points de raisonnement entre les logiciels/tableaux de bord pour une meilleure interprétation. Ce sont les effets pervers du mode pompier, la gangrène de notre siècle. À force de virer tout ce qui freine, on joue les funambules.  Cette mosaïque logicielle devrait nous faire gagner de l’argent mais c’est faux. Et on ne cesse de faire des chèques pour combler des trous. Au lieu d’enchaîner des têtes pensantes, si on les gardait toutes dans une même pièce ! Cela nous coûterait peut-être moins cher tout en les rendant plus performants.

 

Plus grave, la perte de notre « concentration ». Je n’ai même pas osé aborder la floraison de sujets que l’on sous-traite à l’extérieur, souvent en mode « forfait » et qui nous forcent à transformer notre socle technologique, voire à nous déposséder de notre « métier » que l’on devrait garder sans faillir. Au final, que nous reste-t-il ? Le fameux vide généré par le haut.

 

Si en plus nos données sont mal gérées, éclatées, incohérentes, comme c’est le cas chez nous, cela donne quoi au final !? De la maîtrise perturbée en permanence. 0 point d’appui. Tout est en mouvance en permanence. Il n’y a plus le socle solide du raisonnement, la base. Il ne reste plus RIEN. On aura beau enchaîner des « parapluies dorés », le même résultat n’en sera pas meilleur. Peut-être que si les « Parapluies dorés » étaient troués, cela forcerait le personnel à être plus efficace pour colmater les brèches et éviter la noyade !

Il y a une maxime qui résume bien la situation : « Diviser, pour mieux régner » ! Sauf que ceux qui ont décidé de « diviser », ne sont plus capables de régner.  

J’allais oublier un tout petit détail : mon basculement du RSI vers ACOSS en mode « workflow » & « clic de souris » et une seule entrevue qui a eu comme un goût de « fausse considération de la personne ». De ma vie, je n’ai jamais eu cette sensation de n’être qu’un numéro relégué à une « alternative ». Les dirigeants sont doués pour vous faire comprendre que « c’est ça ou RIEN » sans vous le dire explicitement. Idem pour « et encore, sois satisfait de ce que l’on te propose ».

Honte à vous ! Dire que l’on est sur le même bateau, que l’on est déjà géré par des poules sans tête. Alors si en plus, il n’y a pas de rameurs… Mais que tout cela est bien grave.

Alors que notre monde va de plus en plus vite, certaines entreprises sont de moins en moins réactives et performantes, car elles ne contrôlent plus grand-chose. Elles se divisent trop, morcellent trop leur informatique et font trop confiance à des solutions extérieures qui sont plutôt des « modes » que des « forces de propositions efficaces ». De ce fait, on perd la maîtrise car le système devient si éclaté et si morcelé, qu’il faut engager des experts qui vont passer leur temps à créer des « ponts ». Que reste-t-il ? L’infirmerie. On applique des pansements partout. Là, on est carrément sur un front de guerre où les leaders planqués à l’arrière ne font que passer les témoins (de relais) à d’autres leaders. On a basculé du jour au lendemain des gains de productivité utiles à la chasse aux coûts tous azimuts sans réfléchir aux conséquences.

Au fond, les réseaux sociaux ont tout détruit en se propageant partout. D’abord dans nos vies, ensuite dans la TV, en ridiculisant nos politiques et enfin en traversant nos entreprises. Le niveau intellectuel BAISSE partout car tout le monde cède à cette mode « rigolote ». L’humour est très souvent utilisé comme outil même si parfois il faut rire vite et ne pas prendre le temps de réfléchir. Nos cerveaux sont tellement ramollis et « off » que l’on ne mémorise plus rien. Et comment prévoir, si on n’a plus de mémoire ? Vive les « experts », « consultants » « Ok Google » et « Wikipédia » ! Je clique et ma mémoire se rallume !

 

La poule sans tête ! Cela ne vous rappelle rien ? Au niveau des dirigeants ce n’est pas excusable. Les « obéisseurs », catégorie en-dessous, sont excusables, car ils ne font… qu’obéir. Quoi qu’il en soit, on est tous impactés par cette dégénérescence. Libre à chacun de s’en protéger.

VII.  Ma vie de créateur

 

On revient un peu avant la retraite et la place de mon projet « crashword » qui a nécessité du temps et a démarré en 2008. C’était clairement un second travail que j’accomplissais au fond de mon placard !

 

1.   Crashword

 

a)   Étape 1 : Naissance d’une idée

 

2008. Je suis dans un magasin de jouet et je regarde dans les rayons jeux de société s’il n’y a pas une nouveauté. Je ne suis pas spécialement « jeux » mais ma curiosité me pousse à voir ce qui existe. À cette époque, Cécile et moi, nous jouions de temps en temps au scrabble. Je pratiquais aussi le jeu de dame avec ma mère. J’ai toujours été fasciné par les jeux d’échecs, mais plus pour le côté esthétique que pour le jeu en lui-même. Ne trouvant pas de nouveautés, j’ai jeté mon dévolu sur une énième boite de scrabble. 15 jours plus tard, Cécile me rappelle mon achat et on le déballe. Quelle ne fut pas ma déception ! L’emballage était sympa mais une fois ouverte, la boite était aux trois quarts vide. Le plateau ultra glissant et les pions ne cadrant même pas avec la grille. Les pièces étaient arrondies sur les bords et il fallait avoir de longs ongles pour les attraper. Bref. Ce jeu ne valait pas l’argent déboursé.

Cécile et moi étions partis en vacances en Tunisie et par hasard dans un bazar, j’ai acheté la version de base bien connue en France pour la modique somme de 6 dinars, soit environ 3€ ! Cela m’a amusé d’avoir une version en langue Arabe. Ce qui m’a stupéfié, c’est que la même boite était vendue 25 euros en France ! Je décide de chercher sur « Google pote » un dé avec des lettres. À part le Boggle, le 421, le jeu de bistrot, il n’y avait rien.

Tout à coup, mon cerveau s’est mis à vibrer si fort sur les perspectives possibles de placer un jeu, un produit dans le monde économique mondial : Un jeu de lettres qui se base sur des dés, et ce sans tomber dans le piège du jeu Boggle. Un jeu qui était clairement en train de mourir car soporifique et inintéressant. Le seul qui soit connu mondialement, c’est bien entendu le Scrabble.

Est-ce que je n’étais pas plus motivé pour dégoter une pépite qui me rendrait soi-disant riche ou bien était-ce pour nourrir mon inventivité, ma curiosité en plongeant dans le monde du jeu ? Bien entendu, la soif de découverte fut mon moteur. Mais en même temps, j’ai instinctivement senti que j’avais toutes les cartes en main pour réussir même si le challenge était énorme. Il y avait une sorte d’évidence, il fallait que je m’y colle. Très étrange.

 

b)   Étape 2 : Élaboration du projet

 

Premier objectif. Donner un nom pas encore enregistré et le bloquer mondialement. Merci « Google Pote ». En 2008, on pouvait déjà vérifier sur son moteur de recherches si un nom existait ou pas. Rapidement, j’ai trouvé grâce à des combinaisons de mots- clés, « Crashword ». En l’inscrivant, Google répondait « Vous avez voulu dire Crash World » ! Bingo. J’ai donc déposé deux noms de domaine. Crashword.fr et Crashword.com.

 

c)   Étape 3 : Création des règles.

 

Durant mes réflexions nocturnes, je voyais pleins de dés avec des lettres. Sur Excel, je crée un tableau de six colonnes et autant de lignes que de dés, tout en me demandant combien il en faudrait pour fabriquer à coup sûr des mots sans jamais être bloqué. Quand on pense que 25 dés sont nécessaires rien que pour le mot « Anticonstitutionnellement ». On abandonne. Cependant, quand on sait que parmi les 350 000 mots de notre langue française, seuls 500 sont utilisés en moyenne dans toute une vie, la motivation revient ! Les personnes qui pratiquent la lecture en utilisent en moyenne 10 000. Que de sujets d’analyses intéressants. J’hallucine. Je comprends aussi les raisons qui ont poussé les créateurs du scrabble de créer son propre dictionnaire. Mon jeu n’en aura pas besoin !

Avec Excel, je ne m’en sors pas. J’ai beau ajouter des dés, ça coince. Ou il n’y en a pas assez, ou il y en a trop. J’ai beau user de calculs de probabilité, de répartitions de 6 lettres sur N dés, pas moyen de trouver une solution. J’ai failli tout arrêter. Ce que je fais durant quelques semaines. Et puis, à force de ne plus y penser, ça revient quand même. « Joker » ! Je ne sais même plus comment cette idée m’est venue ! « Et s’il y avait des dés sans aucune lettre ? »  Bingo. Plus besoin d’Excel. Avec douze dés frappés de lettres, plus 4 dés « Joker », je ne suis plus coincé. La règle est infaillible. Reste à lui donner une attractivité qui n’existe pas chez Boggle, ni au Scrabble qui pour autant est un très bon jeu, malgré tout « soporifique » à la longue surtout avec six joueurs.

 

 
Prototype 10 - 2009

 
Prototype 9 - 2009

 
Prototype 8 - 2008

 
Prototype 7 - 2008

 
Prototype 8 - 2009

 
Prototype 6 - 2008

 
Prototype 5 - 2008

 
Prototype 4 - 2008
 
Prototype 3 - 2008
 
Prototype 2 - 2008
 
Prototype 1 - 2008
 

Dans mon jeu, il y aura six joueurs grâce aux dés « Joker » sur lesquels ne figure aucune lettre. Une couleur différente sur chaque face et les six joueurs vont défendre leur couleur. Ma règle commence à être très intéressante. Comment la rendre plus attractive encore ? Ma règle a une telle puissance au regard des combinaisons de lettres possibles et de jokers pour fabriquer des mots que je peux me permettre de l’affaiblir, mais pas trop. Et je trouve assez vite la notion d’événements qui vont intervenir dans la partie pour perturber les joueurs.  Génial. Une étoile et hop. Tout le monde joue en même temps. Une tête de mot et hop ! Un joueur peut piquer le jeu. Une main et hop ! Va falloir le mimer sinon tu perds. Ça y est ! La règle est implacable, verrouillée.

 

d)   Étape 4 : Fabrication de prototypes

 

Mes parents en 2008 habitaient encore à Cannes. Je leur annonce que « Je suis en train de fabriquer un jeu ». Ma mère, enthousiaste a instantanément compris et me voit déjà milliardaire. Je demande à mon père s’il veut bien me fabriquer toutes les pièces d’un prototype. Motivé et bricoleur en retraite depuis un bail, il va mobiliser son petit atelier sous la charpente où tout est miniature, même mon père quand il y est ! La famille est retombée en enfance. Ce projet lui a donné de l’énergie. Génial. Moi-même je m’y suis mis. Pas moins de six prototypes sont élaborés. En parallèle, un ébéniste fabrique le plateau du jeu, sans les pièces que j’ai commandées auprès d’une société américaine en y laissant une fortune ! De magnifiques dés marbrés. Le jeu est complet, on teste en famille et tout le monde adore. Secrètement, ma mère m’inscrit au festival des jeux de Cannes. J’y suis donc allé, muni de mon seul prototype.

 

e)   Étape 5 : Présentation du jeu à Cannes !

 

Arrivé au stand des créateurs, je suis entouré d’inventeurs avec pour chacun un univers bien à lui avec des mises en scène sympathiques et originales. Je n’avais pas prévu cela et j’ai dû vite combler ma table de présentation qui était vide. En urgence, J’ai fabriqué un personnage que j’ai même nommé « CIWI » en allant chercher des pièces dans un

 

 

magasin de bricolage. Au final, un cube bleu très souriant et pour les bras et les jambes des ressorts géants.  De retour à mon stand, j’ai jeté sur la table une nappe verte en papier, un ordinateur avec les images des prototypes, « CIWI » et mon prototype. Durant quatre jours, ça n’a pas arrêté de jouer. Le matin, l’après-midi et même la nuit. J’ai photographié tous les joueurs, au moins 200, sans discontinuité. Même des joueurs de Scrabble, car le Scrabble « duplicate » était juste à côté. Ils ont tellement adoré qu’ils faisaient des mots incroyables et très longs, en moyenne douze à seize lettres. Je me suis dit qu’il allait falloir élargir le plateau d’au moins trois centimètres. Une phrase est revenue très souvent sur les lèvres : « Dommage que vous ne l’ayez pas à la vente. ». Mes parents sont venus au festival et ont constaté comme moi, que mon prototype plaisait vraiment. Maxence en vacances dans le Sud est également venu. Le festival s’est terminé et je suis rentré comme étourdi. Quelle expérience !

Chez mes parents, j’ai posé la question suivante : « J’arrête ou je continue ? » et d’une seule voix, ils ont répondu « continue ! ». J’ai déclaré : « d’accord, je démarre mais à une condition. Je fabrique un prototype et on fera une mini production que l’on vendra d’ici un an à Cannes, sur ce même festival des jeux ! ».

 

Mon objectif était de vérifier si les futurs clients s’engageaient véritablement dans cet achat. Peu importe la présence de professionnels, le client est roi et c’est lui qui a toujours raison.

 

f. Étape 6 : Fabrication à grande échelle

 

Je ne me doutais pas à quel point notre belle France était en vrac. En vrac en accompagnement, en solution industrielle, administrativement. Cette France m’a même fait peur lorsque j’ai créé deux entreprises par erreur alors que c’était illégal. J’ai vu arriver dans ma boite aux lettres des sommes à payer alors que je n’avais ni fabriqué ni vendu un seul jeu. Pour ce qui était de fabriquer mon jeu, on me répondait systématiquement : « Monsieur, mille exemplaires, ce n’est pas suffisant, la machine chauffe à peine ! Il va falloir nous en commander au moins cinq mille ». J’abandonne la France et je tape à la porte de la Chine qui me dit « NON » aussi. En Chine, les entreprises savent faire pour la plupart mais pas en dessous de dix mille pièces. Misère. C’est beaucoup trop. Très compliqué de dialoguer avec la Chine, mais j’y suis arrivé quand même. Compliqué et long depuis la France. À force de collectionner des entreprises qui savent faire mais ne font pas « en dessous de dix mille », j’en trouve qui me répondent « NON », et qui continuent la phrase en me disant « on va vous le faire quand même à condition que vous reveniez » ! Voilà ce qui ne marche pas en France…. « On va vous le faire quand même… ». Je trouve une première usine chinoise. Mon interlocuteur me pose une question que je n’avais pas du tout prévue. « À quel tarif fabrique-t-on ? ».  Je n’avais pas calculé les conséquences que ma réponse « sept euros par jeu, c’est possible ? » provoquerait ! Oui, c’était possible… Trois mois à dialoguer tous les jours à 3 heures du matin avec l’usine pour les aider à fabriquer. Pour éviter un stress en envoyant un chèque pour mille jeux à des inconnus lointains, je leur demande de m’expédier un échantillon de dix jeux et peu importe le prix. Je reçois un gros colis. Je l’ouvre et pleure. Le colis sans doute très secoué, tous les jeux ont explosé comme dans un shaker. Les sabliers cassés, les jeux en miettes, tout est mélangé. Un seul jeu était à peu près complet et le résultat était catastrophique. J’ai mis trois mois à m’en remettre et pas de solution. Je me ressaisis et m’adresse à nouveau vers la Chine, vers une autre usine et je fais autrement. Je propose neuf euros par jeu, après avoir estimé comme j’ai pu, le prix d’un exemplaire. Idem. Trois mois de suivi et je me fais envoyer dix jeux pour vérification. Résultat MAGNIFIQUE. Et l’usine lance la fabrication des mille jeux, envoie la palette par bateau et on patiente trente jours. Les jeux arrivent durant le nouvel an chinois en janvier, juste avant le festival de Cannes où je devais retourner pour valider la fameuse phrase. Bien entendu, je vais revoir mes parents et je leur montre le résultat. Je ne vous dis pas à quel point ils étaient enthousiastes et stupéfaits du résultat. Rien que pour la réaction sur leur visage, je ne regrette rien et si je ne continue pas, je leur laisserai quelques exemplaires bien entendu. Je m’inscris au stand des créateurs du Festival des jeux à Cannes, installant derrière moi quelque 250 jeux. Au cours des quatre jours, je vends tout le stock en regrettant de n’en avoir pas pris plus. Le même engouement. 

 

Des enfants, des joueurs, des scrabbleurs, des Anglais et des Allemands, des personnes âgées et même des directeurs de maisons de retraite qui ne trouvent pas de jeux pour leurs pensionnaires à part les mêmes depuis des lustres s’intéressent à « Crashword ». Que d’encouragements. Cette fois-ci, je continue avec en prime la motivation et la bénédiction de mes parents.

 

 

 

 

 

g)   Étape 7 : La vente.

 

Après le festival et durant au moins dix ans, il ne s’est pas passé une journée sans que je travaille sur Crashword en plus de mon job. Je ne mesurais pas non plus à quel point le monde économique était bien plus qu’une guerre impitoyable. Mais j’avais surtout réalisé qu’en France, tout était fait pour qu’un projet soit tué dans l’œuf dès sa création étant donné qu’il n’y a aucun accompagnement, aucun encouragement de l’univers professionnel. En résumé, du côté des clients joueurs : que du positif. Du côté des professionnels du jeu, un mur quasi-infranchissable. J’ai créé le site Internet. Il m’a fallu deux ans pour trouver un distributeur, « Topi Games », le pire qui soit. Pas au début quand il a démarré en même temps que moi et qui’ il m’avait promis une évolution normale on va dire. Mais cinq ans plus tard, j’ai réalisé qu’il n’y avait que du mensonge et de la manipulation. Mais grâce à lui, je suis allé à Paris au concours Lépine où j’ai pris un stand et où j’ai obtenu une médaille d’argent puis une médaille d’or l’année suivante. Incroyable. Un concours Lépine boudé par la France, une fois de plus. Il faut savoir qu’il est très suivi par quelques journalistes, mais pas dans l’esprit que l’on pourrait imaginer. En fait, le but du journaliste français est de trouver un Geotrouvetout plus ou moins amusant et de le catapulter à la télévision pour faire un buzz. Il faut savoir aussi qu’il n’y a quand même pas moins de trois mille candidats de toutes nationalités dont le but premier est de recevoir au moins le diplôme de participation. Des Chinois, des Thaïlandais, des Américains, des Britanniques, des Allemands etc. Face à moi, j’ai souvent des ingénieurs.

 

Ma médaille d’or n’a eu aucun effet. Zéro. Face au prix incroyable que j’ai obtenu, il n’y avait personne. En France, il n’y a pas d’usine de jouets. Par contre, et ce que l’on ne sait pas, c’est que la médaille d’or garantit normalement un succès commercial. Les étrangers le savent mais la France s’en fiche. Pas que la France d’ailleurs, mes enfants aussi ! Aucun signe d’encouragement de leur part. Pour autant, ’ils sont sur des réseaux asociaux stupides tout le temps à envoyer des salves de SMS jour et nuit, je n’ai même pas eu un seul message qui aurait dit un truc du genre « c’est mon papa » !

J’ai appris un peu plus tard que maman, à presque 80 ans, était allée démarcher les maisons de retraite avec mon jeu sous le bras. Sacrée Mamie. Je l’adore. J’ai réalisé que mon jeu avait donc du potentiel, car il pouvait se décliner de plein de façons différentes. Je me suis mis à chercher un studio de développement de jeux vidéo et ça m’a pris six ans pour en trouver un : Exkee à Marseille. Le même problème qu’avec Topi Game. Au début, tout est rose, et il faut bien avouer que le jeu vidéo qu’ils m’ont développé était le plus beau et le plus puissant au monde. Par contre, ça sert à quoi d’avoir une Ferrari au garage et la porte fermée à clé ? Le studio ne savait faire que développer un jeu et c’est tout. Aucune expérience pour faire connaître un jeu et le rendre visible sur la toile du web. Le temps que je recherche un studio, j’ai contacté les maisons Larousse, Hachette, le Petit Robert pour la création de dictionnaires. Aucune réponse. J’ai mis du coup un an pour en fabriquer cinq moi-même en français, anglais, allemand, espagnol, et italien. J’ai chassé des lexiques plus ou moins gratuits sur le net, jour et nuit. J’ai dû fabriquer des programmes qui « nettoyaient » les dictionnaires, supprimaient les doubles, et qui classaient les mots par thème. Tout ce travail et celui du studio à la poubelle. Alors que le jeu vidéo visible sur les stores Apple et Google récoltait à chaque fois des cinq étoiles et ne donnait à mon jeu aucune chance de réussir. Lorsque l’on tape « Jeu de lettres » sur Apple ou Google, en réponse, on a des pages de scrabble et de quelques autres jeux et mon jeu n’apparait jamais. Par contre si par hasard quelqu’un entre le mot « Crashword » ! Miracle ! On trouve mon jeu, mais pas que. Apple et Google donnent en réponse « Mais il y a aussi le Scrabble ». Misère de misère. Et oui ! Sur internet, le nerf de la guerre pour être visible, c’est toujours l’argent. En 10 ans de présence sur les stores, j’ai dû récolter 40 avis sur Apple et 80 environ sur Google (uniquement des 5 étoiles).

 

h)   Étape 8 : Mes rencontres « crashword » marquantes 

 

Ma plus belle rencontre a été Margaret Milan. La PDG d’ « Éveil et jeux ». En fait, je l’ai vue à la télé et immédiatement j’ai voulu la contacter, car j’ai bu ses paroles. Son actualité intéressait les médias car sa société avait été rachetée par la FNAC qui a ajouté des jeux à son activité. « FNAC éveil et jeux ». Mon jeu était soi-disant en test depuis six mois au moins à la FNAC et aucune nouvelle ! Quelle coïncidence ! Pourquoi ai-je voulu la contacter ? Il n’y a pas un seul jeu dans son catalogue qui n’a pas été testé, en famille, dans les écoles, dans les ludothèques, et vous savez pourquoi ? Pour que chaque jeu rassure les mamans. Et le client revient. « Éveil et jeux » valait des millions d’euros. La FNAC a fait une bonne affaire.

J’arrive à contacter Madame Milan et lui explique que mon jeu dort à la FNAC. Ne trouvant pas cela normal, ni une ni deux, elle se charge du problème et un acheteur me contacte enfin. Il m’informe de ceci. « On a testé votre jeu, école famille etc., est très étonnant. Alors qu’un bon jeu est noté maxi 5 sur 10, vous avez obtenu la note de 7 sur 10. On va donc vous en acheter et le vendre sur notre site ». Ils m’ont acheté deux cents jeux, on fait une fiche de présentation catastrophique et c’est tout. Peu après l’achat d’« Éveil et jeux », la FNAC a tué le catalogue Milan en ajoutant des jeux, on va dire stupides et non testés. Un peu plus tard encore, La FNAC a revendu le catalogue à OXYBUL et a retiré le mot « Éveil et jeux » de sa présentation. Avant la FNAC avait du « contenu sérieux ». Aujourd’hui, cette entreprise vend même des saucisses. Moralité ? Margaret Milan validait un produit avant sa commercialisation. De nos jours, avec le web, on catapulte une belle image pour tromper un mouton qui sera remplacé par un autre. Ce qui s’est passé au moment du rachat d’« Éveil et Jeux » en regard de la FNAC, c’est que l’on a basculé de l’ancien monde économique vers le nouveau. Ma plus grande surprise a été la société « Bonhomme de Bois ». Même stratégie que le FNAC. Mon jeu a dormi au service achat durant six mois au minimum. Puis un jour, je reçois un coup de fil d’une dame :

 

-  Monsieur Ruminski, je DOIS vous acheter des jeux.

-  Comment ça, vous devez ?

-  Et bien en fait j’étais en train de faire du rangement (c’est-à-dire de poubelliser des jeux), car j’en ai trop et je suis submergée. Ayant déposé le vôtre sur le rebord de mon bureau, le patron est passé devant, l’a pointé du doigt et m’a dit qu’il le voulait en rayon.

 

Elle a mis le jeu uniquement sur le site avec encore une fois une fiche catastrophique. Et le jeu est parti aux oubliettes. Une médaille d’Or à la poubelle.

 

 

Eureka Kids en Espagne. La patronne est une Française. Super. La seule à avoir craqué sur mon jeu. Une entreprise tellement importante et une patronne si motivée qu’elle voulait m’en acheter 40 000. La chance de ma vie. Avec une telle commande, je n’aurais plus besoin d’aide pour évoluer ! Qui plus est Eureka Kids avait des magasins un peu partout dans le monde : Amérique du sud, Italie, France, Espagne, que des franchises. Et l’étoile est tombée par terre juste au moment de signer le contrat. L’état espagnol a tellement augmenté le taux de la TVA que le tarif ne passait plus. 

 

i)                         Étape 9 : Trouver un investisseur.

 

Je pense avoir contacté tous les secteurs pour rien. Le Mondial de la Finance au MIDEM à Cannes, Le FOTEX, LinkedIn, les arrières de bateaux grand luxe dans les ports et les voitures super car au feu rouge. Même les politiques ne répondent pas. On ne prête qu’aux riches, c’est clair. Étonnant quand même. Le prix Lépine, un projet magnifique, des acteurs autour de moi, des cinq étoiles partout et même 800 000 vues sur YouTube en une semaine ! Ça ne vaut rien. 

 

j)                         Étape 10 : la destruction.

 

La France a mis quinze ans à essayer de m’épuiser. Quelle résistance, quand même. Tout ce qui touche de loin ou de près à la France est une catastrophe. Crashword était un magnifique projet. Au final une version médium qui se vend en France, une version « originale » qui se vend aux USA, le jeu vidéo, un jeu de cartes prototype, un jeu de plein air prototype. C’est sans regret que j’abandonne ce projet car il m’a enrichi d’un univers incroyablement intéressant. L’argent que j’ai gagné a neutralisé mes dépenses, ce qui est pas mal. Ma plus grande fierté est ma maman, la seule qui a compris le formidable potentiel de mon projet et le Concours Lépine bien entendu. Une médaille d’Or Lépine, c’est comme un rêve. La seule chose qui me peine un peu et qui fait que je pourrais regretter d’avoir travaillé en plus de mon travail durant plus de quinze années, est que je me suis chopé un diabète. Jusqu’en 2008, j’étais un sportif toujours dehors. À partir de 2009, le cul sur une chaise, j’ai le visage bronzé par un écran d’ordinateur ! Dans mon téléphone plus d’un millier de contacts inutiles. Des milliers de courriels envoyés pour rien presque. Au moins mille jeux donnés comme carte de visite et en cadeau et quasi aucun retour. Au fond, n’y avait-il pas une espèce d’étoile noire au-dessus de ma tête ? Et non ! C’est la France et l’état d’esprit français. Je ne suis pas né dans le bon pays. J’allais oublier Cécile dans cette histoire et quelque part, je garde le meilleur pour la fin. Cécile, ma chère et tendre épouse, a toujours été présente pour le projet (et en dehors du projet). Elle m’a motivé, mis en garde, aidé financièrement en m’exonérant de certaines charges. Elle a toujours été présente dans l’ombre, et je ne la remercierais jamais assez.

 

Crashword, une belle aventure et je ne regrette rien. En 2008 si on m’avait dit tout ce qui existe aujourd’hui dans ce projet, j’aurais répondu ! « C’est ça, dans ton rêve ». Les actes déterminent une personne et ce qu’elle fait de ses mains. La carotte n’est jamais le résultat mais les efforts et la trajectoire. La formidable aventure n’est pas tant le projet en lui-même mais ce qu’il m’a fait découvrir pour qu’il survive. Si vous saviez à quel point il faut combattre tant notre économie fera absolument TOUT pour anéantir la créativité. Avec le recul, je me demande comment j’ai fait pour tenir ne serait-ce qu’un an ! Et je suis encore vivant. C’est cela qui est incroyable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE 3 :

QUI SUIS-JE ?

MON REGARD SUR LE MONDE

 

                 


 

VIII.        La vie en général, la mienne en particulier

1.   De la préhistoire à aujourd’hui, qu’est ce qui a changé ?

 

De l’animal libre au fond d’une caverne, nous nous sommes transformés pour la plupart en avatars interconnectés. Le schéma de Darwin est bien incomplet. Bien évidemment, jamais il n’aurait pu prévoir la suite et nous non plus d’ailleurs. L’échelle de temps utilisée se compte en millions d’années et on ne sait jamais d’avance les progrès technologiques mis en place. A contrario, l’évolution de l’homme moderne se compte seulement sur une échelle d’une centaine d’années par rapport à celle utilisée par Darwin, intitulée la « théorie de l’évolution des espèces ». Plus on avance sur cette échelle, plus l’homme se redresse. Il est clair, que la vitesse de vie comprime le temps qui passe et on est vite tenté d’ajouter en fin de liste, après l’apparition de l’homme moderne, un personnage assis devant un écran d’ordinateur. Et pourquoi pas, d’ajouter dans la foulée un autre personnage, qui lui serait debout, la tête penchée vers le bas avec un smartphone dans le creux de sa main. Depuis la révolution industrielle en passant par les Trente Glorieuses, sur à peine cent ans, le monde entier, depuis les années 80 s’est sournoisement rendu dépendant d’une toile, que l’on appelle « WEB ». Très vite, le monde s’est également transformé en une toile vivante ou tous les individus se sont interconnectés, des otages consentants souffrant du syndrome de Stockholm.

 

Revenons à la préhistoire. La plus grande faiblesse de l’homme a toujours été sa fainéantise. Il n’a eu de cesse de remplacer sa force par des machines et son intelligence par l’informatique. Si on compare la vie du troglodyte avec l’avatar d’aujourd’hui, on pourrait déduire que l’homme des cavernes devait s’ennuyer ferme. Et bien non ! C’est tout le contraire. Il lui a fallu plus de 30 millions d’années pour se redresser et son cerveau a mis du temps à se réveiller pour le différencier de l’animal. On remercie au passage le virus qui a cogné son ADN, lui donnant ainsi un sacré coup de pouce en lui un injectant un nouveau gène, le FoxP2, libérant la parole. Bon. Mon idée n’est pas de critiquer Darwin ni de démonter sa théorie. Ce serait bien trop prétentieux de ma part, et ce n’est pas du tout mon objectif. Lorsque j’ai vu pour la première fois le fameux dessin qui représente sa théorie et que tout le monde connaît, j’y ai vu au début, une progression d’activité assez lente, couplée à de la béatitude assez active, il faut bien le reconnaître. Avec le temps, les courbes se sont croisées, l’activité s’est intensifiée et la béatitude s’est amenuisée.

Ne cessant de se redresser et de grandir durant des millions d’années, l’homme moderne sûrement fatigué s’est enfin assis devant un écran d’ordinateur. Ouf ! On se repose. Et depuis, il n’a plus eu de temps. Je dirais même que le temps, on lui en a volé un maximum sans qu’il sourcille ! Bien entendu, on profite de sa présence pour qu’il étale toute sa vie à des amis qu’il n’invitera jamais chez lui, sans oublier que le seul objectif n’est qu’économique, car la toile magique lui fera acheter tout ce dont il n’a pas besoin. Mais cela n’a pas suffi. Peut-être que la souris qu’il manipule tout le temps y est pour beaucoup. Et hop, on vire la souris de sa main et on la remplace par un joli smartphone. De ce fait, l’homme se lève de sa chaise et sort de chez lui, un zombi qui a comme compagnon un écran qui lui éclaire le visage jour et nuit. Il a troqué sa totale liberté au profit d’un avatar, véritable maillon d’une chaîne mondiale, où la seule raison d’être est l’arrivée d’une notification qui a priorité sur tout et qui lui donne une raison d’exister. Le web a créé une toile vivante mondiale, totalement dépendante et interconnectée. La porte de sortie ? Il y en a une. La béatitude. Alors qu’elle était naturelle durant des millions d’années, elle est devenue quasiment impossible à vivre. « Je n’ai pas le temps » à toutes les sauces. Cette phrase, qui est l’excuse des faibles, est la claire manifestation d’un abrutissement du basculement de l’homme moderne, vers l’avatar stupide. Il n’y a plus d’évolution des espèces mais des régressions. Je ne vais pas faire d’esquive. Il est clair que l’ordinateur, les smartphones sont des outils utiles. Il ne faut juste pas ignorer que l’avatar existe bien et n’est utile qu’à alimenter le BIG DATA. Qu’avec l’arrivée de l’intelligence artificielle générale, ce sera bien pire encore. Cette interconnexion, le manque de temps permanent détruisent la béatitude. L’homme aimait être un observateur évoluant dans le calme en prenant son temps. La progression d’activités, lente au début a basculé en un rythme d’activités exécutées à la vitesse lumière. Lorsque je parle d’activités à la vitesse lumière, Darwin m’a fait réaliser que plus le temps passe, plus la technologie nous rend dépendants et nous empêche d’exercer des activités manuelles. Qui dépose son smartphone à plus d’un mètre de son pantalon ou de son sac à main ? Il faut bien comprendre que l’homme moderne a disparu et a été remplacé par une adresse IP. Que tout est fait pour qu’avec votre pouce vous achetiez tout ce que l’on vous présente. « Ils » vous connaissent mieux que vous-même.

 

2.   Retours sur ma vie

 

J’ai creusé un peu plus le fil rouge de ma vie. La surpopulation mondiale grandissante, le mélange de civilisations, la fonte du permafrost qui libère des virus préhistoriques, les chercheurs en Égypte décédés après ouverture de sarcophages, Le Covid que nous avons vécu avec frayeur sur plus de deux années et ce qui reviendra encore et plus fort, vont nous confronter de plus en plus à nous vacciner davantage, pour tenter de préserver cette vie humaine. J’en reviens au décès de mon frère.

 

a)   Vaccination – énaction

 

Se vacciner oui, mais posément. Ce ne sont pas les statistiques qui comptent. C’est le protocole de vaccination qui prime.

S’il y a vaccin, il y a virus.

Moins dramatique : il y a des virus qui ont été bénéfiques. Le Néandertalien et le gène « foxp2 gène Néandertal », gène de l’intelligence. Plus tard, l’humain a été « cogné » par un autre virus, faisant apparaître le « gène du nomade », le DRD4-7R, identifié comme le gène de la haute intensité de la curiosité. Seule 20% de la population mondiale la détient. Pourquoi j’en parle ? Parce que j’ai cherché à me mieux me connaitre. Très jeune, j’ai réalisé que je détenais une créativité et une curiosité hors norme. Pour la plupart des mortels, leur vie se résume à la pyramide de Maslow, les fameux besoins vitaux de l’Homme. Bien entendu, étant jeune, je n’avais pas les mots ; c’est venu progressivement en vieillissant avec un coup d’accélérateur au moment du divorce !

 

Cette curiosité grandit en moi, je me cultive incroyablement et bien plus tard, j’ai croisé un mot qui me caractérise : ENACTION… un mot issu du dictionnaire peu usité, que j’ai à cœur et dont la définition est : « La notion d'enaction est une façon de concevoir la cognition qui met l'accent sur la manière dont les organismes et esprits humains s'organisent eux-mêmes en interaction avec l’environnement. »

Ou autrement exprimé (accrochez-vous bien) :

« Au problème de comprendre comment notre existence - la pratique de notre vie - est couplée à un monde environnant qui apparaît empli de régularités qui à chaque instant sont le résultat de notre histoire biologique et sociale... trouver une voie moyenne : pour comprendre la régularité du monde vécu dont nous faisons l'expérience à chaque instant, mais sans autre point de référence que nous-mêmes qui donnerait une certitude à nos descriptions et affirmations. En fait, tout le mécanisme d'auto-engendrement, comme descripteurs et observateurs, nous dit que notre monde, en tant que monde que nous présentons dans notre existence avec autrui, aura toujours précisément ce mélange de régularité et de changement, cette combinaison de solidité et de sable mouvant, si typique du vécu humain quand nous le regardons de près. »

Enaction : c’est essayer d’entrevoir des relations entre tout et tout, un peu comme l’interopérabilité. Ce que je pratique en permanence. Quel rapport avec les fameuses nouvelles 11 piqûres préconisées dans le cadre de la vaccination ?

-       Le formulaire interne dans les écoles…

-       6 mois plus tard, la loi.

-       1 an plus tard l’application de la loi.

-       Et tous les jours, l’immigration permanente dans notre pays. Je ne parle pas de celle qui est contrôlée, je parle de la « sauvage ».

Les 240 000 migrants par an qui déferlent par bateau depuis plus d’une dizaine d’années.

Et hop ! 11 vaccins de plus…. Juste une question. Les 11 vaccins sont injectés comment ? Avez-vous vérifié le « Protocole » de vaccination ?

Si ce témoignage permet à quelques parents de prendre conscience que, au plus on avance, au plus on appliquera un raisonnement de masse et au plus il va falloir être vigilants, alors tant mieux. On vit une époque où tant de choses sont implémentées sur notre personne qu’il faut apprendre à se protéger. L’excuse, de galoper dans cette vie au point de ne plus rien contrôler n’est pas acceptable.

 

Si ma mère avait su qu’il y avait un protocole de vaccination, mon frère serait certainement encore parmi nous !

b)   Le réveil de mon divorce de Corinne

 

Si elle savait à quel point elle m’a rendu service. On va dire que ma vie, la vraie a basculé depuis cet événement. Oh ! Pas un réveil du genre « j’ai fait l’erreur de la rencontrer ou bien de faire une liste interminable de griefs. Pas du tout. D’abord, je n’avais rien à lui reprocher. Ou presque. Cocufié deux fois. Je m’en fiche. C’est le mensonge que je réprime. M’avoir appris le divorce par téléphone à plus de 1000km ? Je m’en fiche. C’est la lâcheté que je regarde. Corinne a juste été là où la société l’avait mise. J’ai vite compris que c’est la société qui à tout influencé. J’ai pleuré trois jours et trois nuits mais à l’aube du quatrième, j’ai compris. C’est comme si on regardait vivre une ville où les personnes vont et viennent telles des fourmis et que l’on sait exactement ce qu’elles font depuis le hublot d’un avion. À partir de cet événement, je me suis mis dans une bulle pour me protéger du système. Je parle souvent de l’équilibre, moi, dans le déséquilibre, c’est-à-dire tout ce qui m’entoure. Vers 35, 40 ans, j’ai regardé toutes mes interactions avec cette société qui influence. Bien avant, je le percevais déjà mais sans y prêter attention. J’avais mieux à faire. Élever ma famille comme me l’a demandé cette société. Dans ma vie, il y a eu trois phases. L’informatique au lieu du sport. Un avant et un après Corinne et un avant et un après réseaux sociaux. L’informatique fut une formidable validation de mes capacités mentales et intellectuelles. En résumé : en informatique, on n’a pas droit à l’erreur. Un seul 0 à la place d’un 1 et c’est mort. La panne. On analyse et on écrit des milliers de lignes de codes pour un seul programme. Ce dernier a besoin de communiquer avec d’autres programmes car ils s’envoient des messages. Quand on a finalisé un logiciel, un programme, on le teste. Je n’ai jamais eu une seule erreur dans toute ma carrière.  Il m’est arrivé de relire des programmes très sophistiqués, même en avance sur leur temps et je me suis posé la question : « Mais comment j’ai pu fabriquer un truc pareil ?»  Après le Big Bang du divorce, j’ai réalisé que j’avais la capacité d’aborder à peu près tous les sujets et dix ans d’avance sur à peu près tout y compris la technologie. Je comprends pourquoi du coup, étant jeune, j’étais fasciné par la revue Science & Vie, un magazine auquel j’étais abonné. Dix ans d’avance sur la politique, sur la société, sur le comportement du genre humain et l’économie. Bon ! On se calme. Je ne suis pas Madame Soleil avec un instinct divinatoire exacerbé. Mon réveil m’a rendu visionnaire, capable de contourner les pièges manigancés par cette société. Après le divorce donc, mes instincts étranges sont montés en puissance, de pair avec mon instinct de protection. On a toujours cru autour de moi que j’étais têtu par exemple ou que j’avais toujours raison. Les effets de l’énaction mis au profit de mon métier, de ma famille et de mes amis et dans mes actes. Pour moi, avancer, c’est prévoir. J’ai toujours été en décalage avec mon entourage, décalage que j’ai rendu le plus discret possible. Malgré tout, on va dire que cela déborde et je me suis résigné à accepter mon côté soi-disant têtu, plus perceptible qu’une émotion bien plus ancrée en moi qu’il aurait fallu analyser. Mais sans empathie... Sur le compte de mon pseudo entêtement, je mettais toute mon énergie et tout mon savoir au profit de mon entourage. On appelle cela de la manipulation « positive ». Au final, têtu, mais sans jamais m’en vouloir vraiment.  Je ne vais pas pleurer sur mon sort. Faire profiter à ceux qu’on aime, j’en profite aussi. Mais cela ne se voit pas. Je ne possède pas de Rolls, rien de visible sur moi. Lorsque l’on fonctionne ainsi, le mot « Appâts Rances » est viré du dictionnaire. Je crois bien que la seule personne qui m’ait compris tardivement, c’est ma maman durant mes dix ans d’accompagnement de vieillesse. Papa un peu. Cécile, ma chérie, a mis du temps et il y a peu, a enfin compris aussi. Ce qui est étonnant car elle a à peu près les mêmes capacités que moi. Les enfants, complétement à l’ouest mais c’est compréhensible, surtout depuis l’arrivée des réseaux. Les sociologues l’ont confirmé. Ils ont tué la mère et le père. Merci Google. La société a une fois de plus réussi son coup. Après avoir isolé la femme de l’homme, prétextant la libération de la femme en détruisant le couple, tout en doublant l’économie, la société a ensuite isolé les enfants des parents en détruisant la transmission des valeurs. Comment des gamins de 25 ans boutonneux, peuvent-ils avoir raison et exiger du respect sans avoir aucune expérience ? Merci Google. Les vrais parents, on ne va même plus les voir, tant on partage son temps avec « Google pote » et ses milliers d’amis. Cette société a réussi à ranger la vie de cette nouvelle génération dans les cases de la fameuse pyramide de Maslow. « Je ressemble à mon voisin, et cela me rassure ». C’est ce qui s’est passé et que j’avais prévu bien avant que cela n’arrive. Lorsque Maxence m’a annoncé, sur le parking à la Glacière à Golfe Juan qu’il voulait retourner avec sa maman, j’ai pleuré en mon for intérieur. Son avenir était instantanément mort. Alors qu’il avait 14 de moyenne générale au lycée, mon fils est tombé à 3 en terminale. Il s’est orienté vers… trois années sabbatiques. Je passe outre ses relations infréquentables. Il a poubellisé son titre d’ingénieur alors qu’il avait une telle intelligence. Quel gâchis. Audrey est restée avec moi. Je n’ai pas su braver son entêtement avec un côté Jekyll & Hyde. Sans le divorce, elle aurait pu faire les beaux-arts… une artiste. Trop proche et influencée par sa mère, elle a basculé dans la facilité et les apparences.  Elle a voulu absolument être coiffeuse et j’ai tenté, en vain, de l’en dissuader. Elle m’en a voulu de l’obliger à faire son stage chez Caritas à Nice. Elle n’a pas compris qu’il valait mieux coiffer une tête par jour et passer des concours que d’en coiffer trente sales. J’aurai essayé. Maxence et Audrey ont perdu la mémoire et pourtant, ma mère le leur a rappelé maintes et maintes fois. Ils ont osé lui dire qu’ils n’avaient pas vécu tant de choses que cela avant le divorce. Heureusement que j’ai des tonnes de photos, de films et de vidéos qui prouvent le contraire et qui ne sont pas stockées sur Google Pote mais enregistrés sur un disque dur que je leur avais donné. Plus de quatre mille photos et une centaine de vidéos. Ils n’en ont pas autant dans leur smartphone et sur Facebook.

 

c)   La génération de mes enfants (années 80)

 

Cette génération est triste, dénouée de valeurs, de mémoire et de respect. J’ai appris que j’étais grand père par SMS. Rien que ça. Jamais je n’aurais osé agir ainsi envers mes parents. Toute l’éducation que j’ai pu leur transmettre était comme effacée. Invraisemblable. Alors j’ai dû faire un choix ! Soit j’agissais comme si tout cela était normal et je galopais vers eux en faisant semblant et au passage je faisais un coucou à la société… Soit j’enfilais mon costume de père et je devenais un repère. Je n’allais pas encore risquer de perdre une quinzaine d’années pour rien. J’ai laissé venir et je n’ai plus couru vers eux. Et on a bien fait. « On ». Les grands-parents, moi, des amis de ma génération… Nous avons tous subi la même chose. Un rare coup de fil, pas de visites, pas de nouvelles, pas de moments de partage, et des soi-disant « on t’aime papa !» ou bien « on t’aime Mamie ! ». Leur réponse quand il y en a une : « On n’a pas de temps »… sauf pour « Fesses bouc ». Les sociologues appellent notre génération, la génération des sacrifiés. Ce n’est pas virtuel, c’est réel. La société a isolé tout le monde en disant que le monde entier était devenu des amis. Formidable. Comment lutter contre cela ? Il y a bien mieux à faire. Puisque je ne vaux pas un clou. Tant qu’à faire, je vis ma vie et au moins je ne la rate pas « elle », sur le compte de je ne sais quoi de superficiel ou d’économique. Depuis plus de vingt ans, je ne souhaite plus la nouvelle année. Je souhaite une bonne santé et surtout de bien apprendre à se protéger. Rappelez-vous, « ENACTION ».

 

Peut-être même que mes enfants m’en veulent ! Qu’ils croient ce qu’ils veulent. Quand on ne donne rien, on ne reçoit rien. C’est vrai dans les deux sens. Logique. Avec mes parents, je pouvais m’attendre à RECEVOIR des raclées si je ne filais pas droit. On ne respecte pas, on est ignoré. Logique. Au moins une quinzaine d’années sans nouvelles. C’est qu’ils n’en ont rien à faire. Je ne vais pas lutter, et je ne suis pas le seul parent dans ce cas. Merci Dame société. Bref, la rubrique enfants est bouclée.

 

Mes enfants, vos vies sont vides de sens. J’espère qu’un jour, vos propres enfants vous feront subir la même chose. Si un jour l’un de vous deux me reproche quoi que ce soit, je me déplacerai et on s’expliquera. Je ne vous ai jamais interdit de me téléphoner, de venir, de vous manifester, voire de m’inviter. Je dis souvent à Cécile : « Quand on sait chier et pisser sur un trône en même temps, on sait communiquer avec son smartphone ». Je ne suis pas un de vos potes des réseaux, je suis votre PAPA et je ne céderai jamais quant aux valeurs transmises par mes parents que j’aime et qui me manquent tellement.

 

3.   Mon regard et mon ressenti sur des faits de société

 

a)   Sujet sensible, les Maghrébins. J’ai eu ma dose. Plusieurs exemples :

 

Une alerte en 1981 lorsque j’allais à pied à la gare. Au début un Français est au volant du camion de déchetterie et le Maghrébin court derrière. À peine deux ou trois ans plus tard c’est l’inverse.

La même année, mon meilleur ami Youssef ayant reçu son diplôme universitaire est reparti dans son pays piloter une usine. Sami, l’amoureux de ma fille s’est moqué d’elle tout en mentant à son père qui lui avait assigné une promise.

D’autre part, pourquoi faut-il annoncer systématiquement au journal télévisé qu’un politique qui vient d’être nommé est d’origine maghrébine ?

Maxence aimait le foot et avait un pied gauche formidable. Je l’ai donc inscrit au club de Cannes. Il a été dégouté par une majorité de Maghrébins qui lui ont fait clairement comprendre d’aller voir ailleurs. Aujourd’hui, avec les mêmes acteurs, la violence et le grand remplacement avec le coran en prime pour en arriver carrément au déplacement des civilisations. Au tout début, on m’a traité de raciste… moi, d’origine polonaise !

 

b)   Le pognon 

 

Concernant l’argent, j’ai écrit ces deux maximes :

« Moins on possède, moins on nourrit l’envie qui suscite de la jalousie ».

« Quoi qu’il arrive, on aide toujours que ceux qui le méritent. »

À méditer.

 

c)   Ils me manquent de peu

 

Gilbert Keith Chesteron affirmait que « Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement ». Je n’aime pas reprendre les citations des autres mais elle me parle et je rajouterais :

« L’émerveillement est souvent le moteur de la créativité. »

 

Baschung poétisait,Gainsbarre dérangeait, Michel Berger pianotait, Les Rita Mitsouko déliraient, Coluche se marrait, Mickael Jackson s’est starifié, Uma Thurman, De Niro, Rutger Hauer, Nicholson, Al Pacino, Tom Cruise, Charlie Chaplin, Marlo Brando, Clint Esatwood, Hitchcock, Paul Newman, Sean Connery, James coburn, Claudia Cardinale, Lee Marvin, Peter O’Tool, Anthony Quinn, Morgan Freeman, Samuel L. Jackson, DiCaprio, Johnny Depp, Denzel Washington, Keanu Reeves, Jim Carrey, John Travolta, Nicolas Cage, Antonio Banderas, George Clooney, Will Smith, Tom Hanks, Sean Penn, Kim Basinger, Sharon Stone, Salma Hayek, Monica Bellucci, Demi Moore, Angelina Jolie et tant d’autres qui jouaient…

 

Antoine de Maximy me faisait voyager,

Éric et Ramzy, Alil Vardar, Laspales, Blanche Gardin, Daniel Prevost, Elie Kakou, Fernand Reynaud, Gustave Parking, Guy Bedos, Jeff Panacloc, Lafesse, Jérémy Ferrari, Les Chevaliers du Fiel, Les inconnus, Michel Boujenah, Pierre Desproges, Pierre Pechin, Sim, Raymond Devos, Michel Leeb, Alex Lutz, Magdane, Les Nuls, Mister Bean, Bennu Hill, Gaspard Proust m’amusaient, Salvator Dali, le créateur fou m’inspirait, Philippe Sollers « Passion Fixe », l’écrivain génial estle seul que j’ai su lire. Gaston Lagaffe, iznogoud, Will Eisner « Comment éviter la mort », qui me font sourire…

La musique underground Américaine, Dountempo, Chilout, le Togo Japonais, le Tribal africain, de la rythmique mélodique fantastique ou un voyage onirique simplement en pensée.

 

d)   Passionné d’art !

 

Quand on télécharge plus de 20 000 films, spectacles, documentaires, pas moins de 400 séries TV, des millions de musique Mp3, des milliers d’images que j’ai plus ou moins transformées et le tout bien rangé sur mon serveur Synology. 4000 photos de toute la famille et une bonne centaine de vidéo. J’ai dû passer au moins la moitié de ma vie à collectionner, à garder, à modifier et à ne pas jeter.

Je ne cesserai de comparer la créativité extraordinaire de ma génération avec l’appauvrissement de celle de la nouvelle qui plus s’en extasie ! Tout cet Art que j’ai absorbé fut un tremplin à ma propre création qui n’a de cesse d’avoir besoin d’être nourrie. Le point de départ a été sûrement le cinéma de mes parents. Quelle chance ! Des finalités, il y en a eu pas mal. Un tableau au mur fabriqué à partir d’une ménagère en argent. Crashword évidemment. Je ne compte pas les sites internet que j’ai développés, « DécritDepeint », Crashword et WebTV aussi. Tous ces innombrables logiciels astucieux. J’ai fabriqué trois images dont une intitulée « 13 et 3 » (Très étroit) et qui rassemble les sept péchés capitaux, les cinq sens et les quatre éléments naturels. Je passe toutes les astuces des bricolages comme le siège de baignoire, l’évacuateur d’eau de pluie, le bureau de Cécile, le lit qui monte jusqu’au plafond, le chalet…

J’ai flirté en permanence avec toutes cette culture qui a clairement influencé, animé et enrichi ma vie. Ce monde ne cesse d’avancer, de progresser et peut être se détruit-il pour mieux rebondir ? Toutes ces innovations vont me manquer. Ce qui m’a le plus attiré dans ma vie, ce sont les sciences, les mondes imaginaires comme tous ces films d’anticipation incroyables. « Dune », « Star Wars », « Le seigneur des anneaux », « Interstellar ». Des univers si invraisemblables, si magnifiquement réalistes qu’ils vous oxygènent. L’être humain peut être tellement extraordinaire lorsqu’il utilise ses mains et si stupide lorsqu’il n’utilise que sa cervelle.

IX.    Mes écritures

 

Je me réveille souvent à 3h00 du matin. Le besoin d’écrire est pressant, mes pensées défilent et je les jette sur le papier. Il m’a semblé important de partager quelques-uns de ces écrits.

 

1.   Vengeance apocalyptique (Un-certain 11 septembre)

 

La ruche gauche, « enfourmillée » d'âmes bien ciselées dans leurs habitudes journalières était loin de se douter d'un doute à ôter. Celle de droite, rassurée de la présence de l'autre continuait d’enfanter des consciences professionnelles. Campées sur leurs bases, les cimes frôlant les nuages, elles ne s'imaginaient pas pointer depuis toujours un regard vers l'enfer.

Les milliers de spermatozoïdes qui s'introduisent chaque jour en elles étaient loin de penser à un enfantement du malin qui allait pourrir le monde entier d'un malaise profond. Pas une fois, les deux jambes n’ont faibli sous le poids d'une attaque plus ou moins cardiaque, ne se sont pliées sous le poids des années, d'un excès pondéral. Rien ne présageait une mise à mort soudaine tant la confiance et la sérénité imprégnaient les édifices noyés dans une forêt de semblables, inscrits dans une logique sécurisante. La liberté, dans toute sa stature avait son regard posé sur ces deux belles jambes lourdes et bien dressées, supportant le corps de tout un pays, morcelé d'états d'âmes, la tête confiante, badigeonnée de cinquante étoiles de plein d'espoirs sereins. Incompréhensiblement, elles se font piquer par des moustiques métalliques,

« sniperisées » par un individu qui hisse l'âme américaine au fin fond de l'horreur. Quatre morsures assoiffées de sang apparaissent instantanément, laissant même couler de la vie sur le sol surpris, et donc meurtri. Telle la Vénus, aucun bras ne peut porter un ébranlement de secours à la douleur furtive, soudaine, brûlante, urticante. Tel un soldat abattu d'avance, tout s'écroule, sans que le genou plie à la moindre exigence. Un nuage de poussière masque la chute aux yeux du monde, encore aveuglé par le quotidien, comme pour mieux mettre en évidence encore les deux futures absences emplis d'innocences, comme pour mieux faire naître le vide, le manque, le néant issu de contraires tellement proches. Après avoir respiré le nuage incinérateur, le monde entier rive à contre-cœur, son regard abasourdit, sur le macabre affaissement. L’encombrement des deux moitiés d'un tout, réduit à rien, empreint de l'idéal de chacun projetant tout autour et à leur tour un vide à l'unisson, plein de frissons… échec et mat, les réparties sont perdues d'avance. Les âmes sans cibles rejettent les corps mourants, les corps errants rejettent leurs âmes au crible, sans que plus rien ne se ressasse. Dans le tourbillon mondial de l’incompréhension, sont enfouis le dégoût et la révolte, sous le couvercle de l’impuissance. Le ciel noir voilé de cinq mille étoiles, obscurci d’âmes et d’idées sombres. Un ciel sur fond de colère grondant de rage voudrait frapper d’un coup d’éclair, concentré de la volonté collective, la main criminelle en plein cœur, pour qu’à son tour, l’être abjecte s’écroule, sous le poids de sa méchanceté, lacéré lentement par les cinq mille poussières d’étoiles, poignardé de milliards de reproches, damné pour l’éternité, et pour le plonger enfin dans l’enfer bouillonnant de l’indifférence…

 

2.   La Lionne

 

Rêve, effet mer à vagues à l'âme, animal de fond Triste... Ment ! La lionne... part… avec fière allure, et surgit de nulle part. Son « bas sein » se déhanche, et d'une démarche lourde et sûre, elle s'enfonce plus loin encore dans l’indiffère rance. Sa crinière... (Tiens donc !) s'enroule et se re-déroule à chacun de ses pas lourds et sourds, laissant derrière ailes cette obscure forêt de pensées noires d'où la regardent des millions d'yeux brillants, papillonnant leurs paupières pleines d’étonnements !

Elle avance, « implacable Ment » vers cet horizon plat... tellement plat droit devant elle, sans se retourner jamais. Elle avance, vers son point, d'un aller « de non-retour », confondant son point de vue avec celui de cet horizon qui l’engouffre, elle et son ombre, au fur et à mesure qu'elle progresse ! Sa crinière tombe telle une robe dénudant un corps (Ouf !), même l'ombre d'elle m'aime ne la retient pas, ni son ego, ni son sur moi ni son ki, ni les regards de derrière qui papillonnent toujours ! Rien ne perturbe cette avancée, cette démarche implacable et imperturbable. Elle avance « en corps » et toujours, tout droit, devant « aile ». Elle trace un trait si droit... marquant sa trajectoire qui devient si nocturne, que vu de cette excroissance de lune là-haut si « pas rouge de honte » et si belle et re-belle à la fois ! que sur cette pâle virgule, tapissée d'étoiles qui s’éteignent une à une, les pieds pendouillant dans le vide, un imperceptible Pierrot béat d'admiration la regarde, se disant qu'il n'aurait pas pu faire mieux avec ou sans sa belle plume ! Joli trait... d'esprit.... qu'aile fait la belle... Bête ! Elle avance ultra sûre vers cet Horizon ultra plat, en tirant toujours ce trait ultra obscur, au point de se confondre elle m'aime avec son point de non-retour vers lequel elle avance, avance, avance. Tout devient noir, autour d'elle ! Click ! Les paupières de cette forêt se sont fermées derrière elle fatiguées d’espérance, et ne papillonnent plus !

Click ! Les étoiles disparues une à une, toutes comme un compteur qui se décrémente faisant apparaître le néant galactique ! Click. Sans gomme, la virgule a disparu tout comme le Pierrot, tout comme tout ce qu'il a pu écrire ! Ou alors encore là mais pour d'autres regards ! La lionne avance maintenant dans son propre Noir, elle est si, si, si loin maintenant, qu'on ne devine dans cette nuit, plus que son bruit, toujours lourd et toujours sourd. On la devine encore marcher et se dandiner dans son « "m'aime », elle ralentit sans jamais se retourner. Le jour se lève ! Derrière Aile ! Je me réveille doucement de ce sommeil, de ce rêve, me retourne un peu, en me frottant les yeux remplis de cette poussière qui vient sûrement d'aile et qui s’est agrippée à moi pendant que je dormais ! Je vois cette Lionne encore... Si imperturbablement derrière moi hier.... Maintenant, progressant aussi imperturbablement devant moi... De cette démarche toujours aussi si sûre et imprégnée de ce m'aime rythme implacable. Elle avance dans sa propre image. Cette drôle de révolution diamétrale, planétaire, dépoussiérée de détails, qu'aile a entreprise dans mon monde impalpable qu'elle a piétiné, de ce tour drôle de tour mystique qu'elle a imaginée dans ma propre imagination cette nuit, m'a mystifié. Je la vois encore et en corps si prés-hante et si impalpable ! Elle est là, avance et me traverse inexorablement de part en part !

Je ressens tellement cette masse animale vaporeuse !

Je la ressens tout autour de moi, elle m’emprisonne de son histoire volatile.

Je me lève, marche d'un pas lourd et sourd...

Je trace ma route, tout droid de mon lit vers la douche qui m'attend. Comme chaque matin, je me nettoie, nettoie de tous ces jolis rêves qui m'imprègnent ! Click l'eau tombe ! Je plonge ma main dans un gant. Une nouvelle journée qui sera encore vraiment belle, et je souris... en baillant presque à m en arracher la mâchoire, à l'image d'un lion qui baille sans bruit, allongé sur un lit d’Afrique... Et qui aura peut-être rêvé de moi avant de se lever, avant d'aller se laver dans sa rivière préférée...

 

3.   Un love, Amour, leurre uni vers celle ! Tic ! Tac ! re Tic ! re Tac !

 

Moi je n’aime pas l’amour, qui n’est qu’une enveloppe d’émotion nécessaire

Moi je n’aime pas l’amour, il aseptise les sens sauf ceux qu’on espère

Moi je n’aime pas l’amour, un transport certes, mais pas dans la vraie atmosphère

Moi je n’aime pas l’amour, un mot que tout le monde utilise sans savoir quoi en faire

Moi je n’aime pas l’amour, plutôt qu’une vie colorée, seul le rouge « sang » opère

Moi je n’aime pas l’amour, tellement il fait mal et que le manque frappe et exaspère.

Moi, je n’aime pas l’amour, puisque si visible qu’il cache les valeurs sous terre

Moi je n’aime pas l’amour, le temps implacable qui passe le relègue au cimetière

Moi je n’aime pas l’amour, nombreux se tuent pour lui et finissent en poussière

Moi je n’aime pas l’amour, car il a pire que lui, la passion comme compère

Moi je n’aime pas l’amour, aveugle, il rend sourds les doigts parfumés, met les sens en jachère

Moi je n’aime pas l’amour, qui alourdit l’espérance des femmes qui se veulent être légères

Moi je n’aime pas l’amour, en s’amenuisant il réveille la destruction massive comme une poudrière

Moi je n’aime pas l’amour, il ne dure pas aussi longtemps qu’une vie plénière.

Moi je n’aime pas l’amour, tellement il rime trop avec le mot éphémère.

Moi je n’aime pas l’amour, rare sont les deux qui le vivent de la même manière.

Moi je n’aime pas l’amour, cornélien, il plonge un être fragile dans une solitude austère.

Moi je n’aime pas l’amour, représenté par dieu, il n’élimine aucune misère.

Moi je n’aime pas l’amour, tout s’emballe et on perd ses repères.

Moi je n’aime pas l’amour, avant on le veut, pendant on ne le voit plus, après c’est derrière.

Moi je n’aime pas l’amour, son pire ennemi la conscience qui elle, est si salutaire.

Moi je n’aime pas l’amour, ou alors si, mais l’amour corsaire. 

Moi je n’aime pas l’amour trop de temps gâché et nul ne s’en hydrate vraiment et s’en désaltère.

Moi je n’aime pas l’amour pour « toujours », j’ai beaucoup mieux à me vivre et à faire.

 

Aimer ! Oui mais alors juste la dernière seconde avant mon dernier soupir avec plein de sourires. 

 

Aimer juste une seconde de tous ces moments que j’aurai vécus tellement je n’aurai pas été amoureux, tellement ma seule amie la « conscience » oui, m’aura permis de me vivre en toute confiance les yeux grands ouverts pour apprécier TOUT…, sans cette vision déformée du spectre de ce qui m’entoure.

 

Aimer cette vie, après coup, d’avoir donné tout, tout le temps, pour que l’autre voit bien et palpe ma personne au lieu de donner un quelconque crédit à un affect condamné à se volatiliser, ne touchant qu’un cœur plutôt qu’une personne entière. Bien plus fort qu’aimer, c’est tellement être « BIEN », dans la simplicité, plutôt que de vivre une nébuleuse émotion juste nécessaire, mais pas suffisante, universelle soi-disant, mais aussi vaporeuse que les rêves qui ne seront jamais exaucés.

 

Aimer, c’est accepter l’éphémère.

 

Aimer génère bien trop de « maux » dans une balance et pas assez de mots dans l’autre pour la faire pencher du bon côté.

 

Je pense oui que j’aimerais bien pendre le risque d’AIMER ! 

Juste la dernière seconde d’avant mon dernier soupir… et me péter le cœur d’une émotion si forte, que ça m’aide à mourir vite, noyé dans une émotion que je n’aurais pas le temps de regretter. Ou alors déçu de réaliser que c’est une émotion stupide et de n’en avoir grillé qu’une seule… de seconde en me disant ouf.

Ravi de ne pas avoir misé sur cette ineptie.

 

 

À chacun la traduction de cet amour qui lui est propre, le « non » amour est une traduction autre, qui vaut largement son contraire, tellement on ne le rencontre pas, ou peu, voire de moins en moins !

 

Cela vaut-il la peine de consacrer toute sa vie à cette recherche si inaboutie !?

 

Mon « non » amour m’a permis de me rendre compte plus tard que j’étais « peut-être amoureux quand même, mais autrement… !?

 

Hum ! oh non. J’étais juste « Bien » ! Avec les yeux grands ouverts comme deux billes à apprécier tout à sa juste valeur ! Je m’en fous de cet amour, il ne m’a jamais attiré… Je préfère les « beaux sentiments » qui durent et me sentir « Bien » ; réaliser que je suis « bien ». Je veux ça et rien d’autre.

X. Mon cœur

 

J’ai eu des soucis, on va dire techniques avec mon cœur. Il faut dire que je l’ai beaucoup sollicité ! Même en prenant de l’âge, je ne ménageais pas ma peine et le cardio a beaucoup fonctionné ! Lorsque l’on a déménagé, je suis arrivé avec 20m3, j’ai fait des va-et-vient avec une machine à laver à Juan-les-Pins qui faisait soixante kilos. Trop d’efforts ! Je suis parti tout de suite à l’hôpital.

J’ai fait l’araignée par terre, toujours parce que j’avais fait trop d’efforts. Des allers-retours du Nord vers le Sud, surtout après le décès de maman. Je devais remonter pour mon père que je ne pouvais laisser seul. J’ai recommencé à courir ! Par contre, les trois mois de travaux dans la maison de Montauroux, ça m’a donné la patate ! J’ai perdu vingt kilos. Au départ, je n’arrivais pas à porter un sac de ciment sur l’épaule, aujourd’hui, je peux en soulever deux.

Honnêtement, si je me retourne… sans ces travaux et l’obligation que j’avais de gérer, de participer aux tâches etc., je serais mort. J’en suis persuadé. Et puis, Cécile maintient un régime alimentaire équilibré drastique. Du coup mes coronaires en ont profité !

 

 

 

 

 

 

1971

 

 

 

                             1978                                                                     2003

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

Richard en 2005, 2008, 2010 et 2012

 

 

Conclusion

 

Pourquoi cette biographie ? Un devoir de mémoire, un besoin de transmission.  J’ai toujours eu à cœur de mémoriser les évènements familiaux. 5000 photos. C’est moi. Plus de 30 heures de vidéo. C’est moi.  Sans oublier les vieux films en 8mm et les vieilles photos, ce qui semblait impossible à la base. C’est toujours moi. Si je ne l’avais pas fait, qui l’aurait fait ?

Qu’est ce qui aura été le plus déterminant dans ma vie ? Le plus marquant.

Cela se résume en une phrase.

 

            « Ne pas faire une priorité de quelqu’un qui ne fait de toi qu’une option »

 

Cette phrase, qui était si rare au début de ma vie, est devenue un sport mondial. L’égoïsme.

Comme le l’ai dit au tout début, je n’ai rien à me reprocher. Je n’avais qu’une alternative. Rester dans mon rôle de père ou bien courir au-devant de tout le monde en faisant le « Oui Oui ».  On m’a inculqué des valeurs. Je les applique, que ce soit pour Cécile, Cathy, Maxence, Audrey, sans oublier les parents. J’ai fait mon maximum. Mais à un moment donné, quand il devient impossible de faire entendre raison, d’enclencher le bon sens, cela n’a plus de sens. Je laisse venir.

 

 

1.   Sait-on encore aimer ?

 

J’ai expliqué mes relations avec mes enfants. La seule chose que je puisse dire, c’est qu’un père est grand et devient un grand-père quand on montre qu’on l’aime.

Quand on a tué le père, il n’y a plus de grand-père. Les chercheurs en sociologie ont affirmé que chaque année, il y avait 16% d’augmentation de suicides. Les jeunes ont tout trop vite et tout vécu vite juste avec des clics de souris. Le culte de l’apparence leur a fait perdre la notion de vraie vie. Ils n’ont plus de rêves et plus rien à conquérir car le net leur offre tout sans qu’ils aient besoin de réfléchir. La plus grande guerre qui fera plus de morts que l’addition de tous les morts de toutes les guerres sera le taux de suicide grandissant à cause du net. La dislocation des familles empêchera la transmissibilité du savoir et des souvenirs. L’égoïsme deviendra un dieu qui tuera l’empathie, la gentillesse et le sens du partage.

 

2023. L’homme a tout fait pour remplacer sa force par des machines. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle générale, il aura assez de temps pour ne penser qu’à se détruire définitivement dans des guerres. (TchatGPT, Discord)    

 

Juillet 2023. J’ai 65 ans et enfin je profite. Comme tout le monde, j’ai beau avoir vingt ans dans ma tête, le corps suit de moins en moins et ça pue la résignation à plein nez.  Comme tout le monde, je réalise que chaque jour est le premier jour du reste de ma vie qui arrivera quand ? Et je m’en fiche pas mal. En tout cas, je peux me regarder dans un miroir et sourire. Je suis fier de ma vie. J’ai toujours fait ce qu’il y avait à faire. Droit et honnête. Oh pas toujours droit et pas toujours honnête non plus, mais je frôle les 99% quand même. On a tous une petite part d’ombre à cacher sous le tapis et ne pas l’admettre c’est mentir à soi-même et aux autres. Je vais à peine mentir en vous brossant ma part d’ombre. Juste après mon divorce je me suis mis en tête d’expérimenter des femmes tellement l’originale, Corinne, était une catastrophe. J’ai voulu croiser une Noire, une Jaune, une de toutes les couleurs et pourquoi pas une extraterrestre, ou plutôt une terrestre extra. Rien de tout cela. Il y a eu Sandrine, Christine, Dona, Francesca, Liliane, Isabelle, Marie Laure, Marie-Pierre, Marjorie, Mélina, My, Nathalie, Odile, Sylvia, Sylvie Tiffany et Valérie. Elles étaient physiquement différentes mais elles se ressemblaient spirituellement. Le plus important malgré tout ce n’était pas la beauté ni l’intelligence mais le fait qu’elles se sentaient différentes des autres femmes au point qu’elles avaient l’impression de ne pas vivre leur vie à cause de l’incompréhension de leurs semblables. Elles étaient chacune aussi différentes que je l’étais. Je n’irai pas plus loin dans l’explication de ma part d’ombre. Ces femmes m’ont apaisé et j’espère que je leur ai rendu la pareille.

 

À part My, d’origine chinoise, ce fut un fiasco avec les femmes de couleur. Malgré tout, j’ai donné un nom à toutes ces femmes. Je les ai appelées « Les femmes Arc-en-ciel » tant elles ont illuminé ma vie. Nathalie qui est devenue une amie ; lorsque je l’ai rencontrée, j’ai rejoint un fantasme invraisemblable. Elle était la copie conforme d’Uma Thurman dans le film « Pulp Fiction ». Un fantasme ne se consomme jamais, sinon ce n’est plus un fantasme. On se calme. Le temps passe et nous vieillissons tous. 

 

Est-ce que la véritable vie ne consiste pas à vivre de belles histoires ? Pour que plus tard, on en sourit quand on y repense. Peut-être que ceux qui ne vivent jamais d’histoire ont raté leur vie. La mienne a été une succession d’histoires bien remplies. Tous ces moments de partages perdus avec mes enfants auraient pu apporter plus de richesse à tout le monde. De la même façon plus de richesses encore si mes parents et le papa de Cécile n’avaient pas disparu. C’est la vie. 

 

De mon point de vue, ma vie a été conditionnée par celle de mes parents qui m’ont transmis des valeurs auxquelles je crois. Certes, chacun a sa propre vision et c’est ce qui fait la couleur de cette humanité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Annie, Corinne, Sandrine, Mélina,

Christelle, Donia, Liana, Vanessa,

Francesca, Isabelle, Nadine, Valérie,

Marie, Isabella, Christine, Sylvia,

Marie Pierre, Nathalie et Cécile

 

2.   Et si l’on répondait à la question : Qui suis-je ?

 

Bien entendu, il serait raisonnable que je ne réponde pas à cette question. Ne serait-ce pas plus judicieux et honnête de demander à ceux qui m’entourent d’y répondre ? En même temps, qui pose véritablement cette question ? Pas grand monde je pense.

Mais comme je me suis intéressé à ma personne et ce depuis pas mal de temps, je vais pouvoir y répondre en partie, car je vous assure qu’à cette question, il me semble impossible d’y répondre totalement. Nous avons tous en nous, une part d’ombre, des jardins secrets, des pensées inavouables. Qui l’étale sur la place publique ? Non, je n’esquive pas. Je ne vais juste pas entrer dans le piège complexe de la psychanalyse qui vise la mise à nu au point parfois, d’enfiler des gants pour remuer de la merde mentale. C’est bien plus simple que cela. Pour moi, ce qui détermine une personne, ce sont ses actes, et là, nul ne peut tricher ou esquiver quoi que ce soit. Je n’invente rien. La loi elle-même annonce un verdict en regard des « faits ». Et les faits, ce sont les résultats de nos actes.  Du coup, de cela me facilite la tâche. Il vous suffit de bien lire cette biographie, dans laquelle il y a d’innombrables actes émanant de ma personne. Des actes plus ou moins manqués d’ailleurs.

Deux mots me déterminent : « Enaction » et un mot anglais « Intent ».

Pour enaction, j’ai un esprit vivace et extrêmement aiguisé, une mémoire sélective impitoyable qui me permet de faire des relations entre « tout » et « tout » et tout le temps. Tellement de choses sont rangées dans les tiroirs de ma mémoire, que le jour où j’en ai besoin, le tiroir s’ouvre. Je suis capable d’aborder à peu près n’importe quel sujet, et de fabriquer à peu près n’importe quoi de mes mains. Je suis un vrai curieux compulsif permanent. C’est ce qui fait que je suis inventif et créatif tout le temps. Pour le mot anglais « Intent », c’est mon côté « attentif » à l’instant « T ». Hyper empathique, je ne suis pas seulement à ma place. Je suis tout le temps au même moment, à la place de l’autre. Au fur et à mesure, j’ai compris les raisons qui m’animent instinctivement. En fait, il y a une espèce d’objectif inconscient. Est-ce la personne qui est en face de moi est « toxique » ou pas. Si elle l’est, je m’évapore sans heurt, sans faire la guerre, elle ne s’en aperçoit même pas. Une façon de me protéger sans nul doute. En fait, je me sens en équilibre, dans un déséquilibre. Je me suis mis en quelque sorte dans une bulle, qui se déplace et voyage un peu partout. Alors bien évidemment, si quelqu’un touche la bulle, la pique et qu’elle explose, la bulle ne protège plus rien. Dans cet espace, il y a des valeurs inestimables qui ne coutent pas un centime.

 

Il y a de la gentillesse et qui la propose ?

Il y a le respect et qui le met en pratique ?

Il y a du courage et qui l’enclenche ?

Il y a de l’expérience et qui la partage ?

 

Toutes ces valeurs sont dans cette bulle que je protège car elle contient tout mon héritage intellectuel. Il est hors de question que je la brise. Il ne faut pas confondre « se croire parfait » et se protéger d’un monde égoïste. Maxence, Audrey, ma sœur, mes neveux… Ils m’ont fait le pire. Ils ont voulu détruire non seulement ma bulle, mais aussi celle de mes parents. Ils n’ont même pas compris que notre société actuelle les avait modifiés. Lorsque j’avais leur âge, je n’avais pas le dixième des outils de communication qu’ils possèdent aujourd’hui. Tant de moments de partage irrattrapables, perdus et gâchés dont ils n’ont même pas conscience.

 

Mes maximums

Mon maximum pour Cathy. Je l’ai aidée quand elle a été alcoolique et que ses enfants trainaient dans les rues. J’ai essayé de la sortir pour qu’elle se change les idées. Combien de fois ne l’ai-je assistée en informatique ! Quand elle a changé de logement, j’ai déménagé tout seul la totalité du contenu de son appartement. Et d’ailleurs, personne ne m’a jamais donné un coup de main pour mes propres déménagements ! J’ai dû même remplacer l’autorité de son ex-mari. À la mort de nos parents, j’ai du tout gérer seul, elle ne m’a aidé ni soutenu en rien, bien au contraire. Alors que je vivais le pire moment de ma vie, j’ai aménagé sa maison de quelques éléments de cuisine pour son confort. Je l’ai, oui, virée de sa maison pour clarifier l’administratif dans la donation qu’ont fait nos parents. Pas une fois Cathy ne m’a appelé dans sa vie pour me demander comment j’allais, sauf quand elle avait besoin. Aucun remerciement face à l’énorme générosité de la famille. Je n’oublie pas qu’elle a même porté plainte à mon égard, avec la risée de la gendarmerie en prime.  Voilà mon maximum pour Cathy. En retour, j’ai eu droit à quoi ? Qu’est ce qui a transpiré de sa personne, mise à part sa méchanceté doublée d’une jalousie infondée.

 

Mon maximum pour Maxence.  Maxence, il y a eu l’avant et l’après divorce.

Avant le divorce, j’organisais absolument tout.  Les courses, parfois les repas, les petits déjeuners, ta chambre, la cabane au fond du jardin, les vacances d’été et les sports d’hiver, tes Noëls. Le judo, le foot à Cannes, toutes les sorties au parc. Tu ne manquais de rien. Les surprises au petit déjeuner, et mes assiettes surprises quand tu n’avais pas faim. Avant le divorce, je me suis occupé de toi à 95% et pas ta mère. Elle ne s’occupait que du paraitre et son toc de nettoyage. Après le divorce, comme tous les enfants, tu as choisi la solution facile. Glander avec ta mère au lieu de bosser avec ton père.  Résultat : 3 années de ta vie à la poubelle. 3 années sabbatiques. Quel luxe. Je te téléphonais presque tous les jours.  « J’attends le déclic » ! Le peu de temps que tu as passé dans le sud, tu as eu 13,5 de moyenne générale, puis 3 avec ta mère.  Le peu de temps que tu as été avec moi, en remerciement tu as fichu un sacré bordel dans tout le quartier avec tes soi-disant, potes magrébins et la honte pour moi en prime. Alcool, cran d’arrêt à l’école, rouler sans casque en scooter, sauter dans toutes les piscines et j’en passe.  Pour couronner le tout, tu as fusillé ta santé avec tes boites de poudre pour te muscler en 5 minutes. Et ensuite ? Tu as beau avoir grandi, vieilli, tu n’as pas muri ! Tu as abandonné ton père. Tu as abandonné Mamy et Papy. 20ans plus tard, tu restes aussi silencieux et surtout absent. À 30 ans, tu ne changes toujours rien, Poker, MacDo, moto, boulot, et puis tu fais construire. Chapeau ! Tu es devenu responsable… Tellement, que tu n’as besoin de personne. Il est certain que le problème, ce n’est jamais toi, mais les autres. Sache que chez les Ruminski, on n’abandonne personne. Jamais. Alors ne te vante pas d’être un Ruminski car tu es le champion de ceux qui abandonnent.  Tu fais partie de cette nouvelle génération qui ne respecte rien sauf leur nombril.  Tu n’as même pas de mémoire, aucun souvenir, comme si je n’avais jamais rien fait pour toi ! Mais il y a les 5000 photos et les 30 heures de vidéo. Il faudrait excuser ta jeunesse ? Foutaise ! Il y a des enfants qui savent faire la différence et qui écoutent et appliquent les bons conseils.  Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus ? Face à quelqu’un qui ne sait que dire NON et qui ne respecte que lui-même et ses chaussettes blanches. Le plus grave ce sont tous ces moments perdus de partage, que l’on ne rattrapera jamais. Des dizaines d’années ! Et tu te dis responsable ? Sache que si tu étais resté avec moi, tu aurais été minimum ingénieur en triplant au moins ton salaire et en faisant beaucoup moins d’effort, car tu avais de fortes prédispositions que tu as gâchées tout seul comme un grand. Voilà mon maximum avec toi. En retour, j’ai eu droit à quoi ? Qu’est ce qui a transpiré de ta personne, mis à part ce que j’appelle, comme étant de lâcheté, ou bien de la fierté mal placée. Ne jamais s’intéresser à son père. Quelle honte.

 

Mon maximum avec Audrey.  Qu’est-ce que je n’aurais pas fait pour toi. Tête de mule. Comme pour Maxence, il y a eu un avant et un après divorce. Avant le divorce, même chose que pour Maxence. Je me suis occupé de toi à 95% et pas ta mère. Ta chambre, les sorties, la nounou, la cabane au fond du jardin, la gymnastique, ce n’est QUE moi qui t’y emmenais. Tu peux lire le pavé de Maxence et Maxence peut lire le tiens. Après le divorce, j’ai voulu t’accueillir et ton frère et j’ai fait vos chambres dans le Sud presque à l’identique que celles dans le Nord.  J’ai essayé en vain de te faire comprendre que tu devais faire de la coiffure autrement, que tu avais un don. En vain. Et puis, quelle chance tu as eu. J’aurais rêvé avoir un appartement rien qu’à moi à 17 ans, avec vue mer ! Ce que j’ai fait pour toi. J’ai tout fait pour que tu ne rates pas ta vie. Maxence devait être ingénieur et toi faire les beaux-arts. Quel gâchis ce divorce ! Comme si cela ne suffisait pas, tu vas voir ta mère au moins une semaine par an et lorsqu’elle vient dans le sud, que tu la vois encore ! Moi jamais. Avec moi, tu passes sous mon balcon sans venir me voir 5 minutes. Je n’oublie pas le jour où j’ai reçu une photo dans mon smartphone. Il est né ! Génial. Je n’oublie pas ta demande de financement, convaincue que mes parents étant décédés, j’étais devenu La Banque de France. Raté ! Et puis, aussi faut-il le mériter ! Tes amis sur Fesses bouc ne t’ont pas aidée eux ? Je n’oublie pas que tu n’as pas su attendre 5 minutes de plus au chalet, alors que je courrais comme un fou. J’ai encore les jouets que je devais te donner pour le Noël de ton fils. Quelle radicalité ! Quelle naïveté ! Tout comme Maxence, tu as fait le choix d’abandonner ton père. Pas ta mère. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Alors que je vous ai éduqué au mieux, en faisant tout mon possible. Le PARAITRE. Facebook et vos milliers d’amis C’est si bonifiant, cela vous fait tellement grandir dans la vie. Heureusement que j‘ai surveillé ton ordinateur, sinon, cela ce serait mal terminé pour toi. Vous avez oublié tous les deux qu’après le divorce, c’est encore moi qui me suis occupé de vous jour et nuit. Qu’est qui a transpiré de ta personne envers ton père ? Mis à part de lui en vouloir et je ne sais pas pour quelle stupide raison. J’ai fait mon maximum pour toi aussi.   

 

Cas particulier : Alexis et Luther ! Quand je pense que ce sont mes parents qui les ont élevés durant 10 ans presque. Tous les jours. Payé la voile, le permis, les sorties et la liste est tellement longue. Quand les parents sont décédés, au lieu de m’aider, ils m’ont attaqué. Aucune manifestation à leur égard. Zéro. Le Néant absolu. Quelle honte. Comme on dit : « Tout ça pour ça ».

 

Mon point de vue.

À force de faire mon maximum pour vous tous, dites-moi comment j’aurais profité égoïstement de ma vie ? Qu’est-ce que j’ai eu comme retour ? Zéro pointé. Je suis bien curieux de la liste que vous allez me tendre. Ma famille, la vraie, ce sont mes parents et Cécile. Mes parents m’ont éduqué, inculqué des valeurs. Mais c’est surtout moi qui suis fier de ce qu’ils ont été, du comment ils ont démarré dans la vie, ce qu’ils sont devenus et tout ce qu’ils ont fait pour les autres. Ils ont été incroyablement généreux, accueillants, gentils et en retour comment vous tous, leur avez-vous manifesté une quelconque reconnaissance ? En venant les mains vides chez eux sans jamais les sortir nulle part ? Vieux, ils ne demandaient que ça. 

Savez-vous comment on qualifie, comment on détermine une personne ? De par ses actes. Demandez-vous juste, quels ont été vos actes à l’égard de votre entourage. Et s’ils ont été justes. De mon point de vue, que des actes manqués.

Quand quelqu’un ne dit rien, ne communique pas, n’agis en rien, a raison sur tout sans se prouver en quoi que ce soit. Et bien on n’y va pas. On laisse venir et on GAGNE du temps. Quand en prime, on se croit plus fort que l’expérience, cela en devient risible. C’est comme si un nouvel embauché se prenait pour un patron.

Tout est dit ou presque, et ne croyez pas que je vous en veuille. Ce n’est pas de votre faute, mais celle du divorce, des réseaux et du paraitre. Le système vous a donné l’illusion d’avoir de l’importance alors que vous n’en n’avez aucune. Aux yeux du système bien évidemment. Par voie de conséquences, le système a modifié vos jugements et vos comportements, vous êtes des millions à être tombés dans le panneau. « Achète » « Parait » « Gâche ta vie et ton temps » pour des futilités en étalant ta vie à de parfaits inconnus sur des réseaux pour te donner une importance, que n’as pas bien entendu. En quoi un vendeur dans un magasin qui peut fermer du jour au lendemain est-il original ? Qui ne coupe pas des cheveux dans un salon de coiffure toujours debout à respirer des produits nocifs ? Tout ça pour ça ? Du gâchis sur toute la ligne.

Mon pépé a travaillé dans les mines. Mon Papa jetait de la benne de son camion toujours en panne du charbon à coup de pelles dans les soupiraux. Plus tard, mes parents ont failli se retrouver à la rue et ont rebondi. Une salle de cinéma à Le Quesnoy, plus six à Valenciennes. Quel parcours. Je voulais être prof de sport et finalement je suis devenu ingénieur de haut niveau. Puis une médaille d’Or au concours Lépine. Ma voiture a joué dans un film et je viens même d’écrire un scénario pour un film. J’ai transformé un terrain nu en un Magnifique chalet web 2.0 et je fini ma vie dans un Mas Provençal extraordinaire, le résultat de toute une vie. Finir ma vie ! Après deux AVC ! C’est vite dit ! Le troisième sera peut-être la bonne porte de sortie. 

Quand il n’y a plus de respect, il n’y a plus de loyauté, plus de gentillesse, plus de justice ni d’équité. Il n’y a plus qu’une vie fade et sans saveur. Une vie banale qui ressemble à la même vie banale de son voisin qui a la même maison que toi, le même nombre d’enfants que toi, les mêmes emmerdes que toi, et passe les mêmes vacances aux mêmes endroits que toi, et qui a aussi le même genre d’épouse ou d’époux que toi et qui sûrement la baise ou le baise dans le dos, tout comme toi.

Je n’invente rien ! 3e étage de la pyramide de Maslow. « Rejoindre un groupe qui me ressemble, et cela me RASSURE »

En un claquement de doigts, vous avez déjà 40ans. En à peine encore deux claquements, vous finissez dans une boite !

Dépêchez-vous d’être moins cons. Il ne vous reste plus beaucoup de temps.

 

Alors, je reste dans ma bulle. Hors de question de céder. Parfois j’ai des pulsions d’écriture. Mais ces écritures sont plutôt une thérapie personnelle pour vomir du noir et qu’ensuite ça aille mieux. Heureusement, c’est rare et puis quoi qu’il arrive je suis toujours positif, souriant, volontaire et pas mal courageux. Dans ce qu’il y a à faire, je suis assez intransigeant. Conscient que cette vie ne vous fait aucun cadeau, il ne faut pas déraper. Le décès de mes parents m’a permis de réaliser que j’étais capable d’absorber la tristesse et la douleur. Leur départ, le divorce ont favorisé un sentiment d’abandon qui n’a cessé de s’amplifier. En toute logique, je suis le prochain sur la liste de la Faucheuse alors que je rêve d’immortalité. Cette biographie m’a fait prendre conscience de tout mon cheminement. J’aurais pu peut-être avoir une meilleure étoile et plus de réussite… mais il est clair qu’on m’a mis beaucoup de bâtons dans les roues. Au final, je ne me plains pas. Je suis assez fier de mon parcours. Je suis convaincu que j’ai tout fait dans ma vie pour ne pas la rater et j’ai pas mal réussi.

 

Si on devait me décrire, je serais proche d’Horus. Je ne suis pas du tout Astro sans doute à cause de « Madame Soleil » et de « Télé7 jours » que je trouvais ridicules dans les années 80 avec leurs prédictions. Cependant, lorsque je croise un texte dont chaque mot me parle… je le garde. Qui plus est, j’aurais rêvé naviguer sur le Nil sur ce vieux bateau à aube ! Ambiance Agatha Christie. Bateau que j’ai identifié pour aller visiter les sites égyptiens qui me fascinent depuis tout petit. Surtout l’incroyable musée qui vient d’ouvrir ses portes.

 

Qui est Horus ?  Si vous êtes né : du 20 avril au 8 mai. C’est mon cas.

Couleurs bénéfiques : pour les hommes le rouge carmin. C’est mon cas.

 

Le nom de Horus en hiéroglyphes

 

Horus était représenté par un faucon ou un homme à tête de faucon coiffé de la couronne de la basse et de la haute Égypte

 

Horus « Œil Lumière » (c’est tout moi)

Le sens de la justice sociale s'incarne et se manifeste en vous, selon la tradition astrologique égyptienne. Vous avez les pieds bien sur terre et un sens clair, net et précis des responsabilités et des valeurs. La dimension politique prend toute son ampleur par votre action. Vous êtes prêt à mener de front plusieurs combats pour le bien de tous. La lutte ne vous fait pas peur. Votre devise : qui ne risque rien n'a rien. Vous traitez d'égal à égal avec l'autorité établie et vous ne tolérez que l'autorité naturelle, c'est-à-dire celle qui s'acquiert au prix de la compétence et de la grandeur d'esprit. Vous détestez au plus haut point ceux qui arrivent par des moyens détournés. La profondeur des oubliettes leur serait destinée si vous aviez le pouvoir en main. Votre jugement est juste et implacable si la situation l'exige. Votre droiture peut confiner à la raideur tant vous voulez être à la hauteur de vos exigences. Un peu de souplesse dans la manière d'agir vous serait utile de temps en temps. En effet, votre droiture qui fait votre force, fait aussi votre faiblesse, car on sait que vous attaquez toujours au grand jour et de front. Ainsi vous devenez prévisible.

Votre esprit conquérant a besoin d'être maîtrisé, aussi devriez-vous écouter les propos sages de personnes confiantes qui vous entourent. Dans une collectivité, vous devenez vite le personnage par qui tout transite. N'oubliez pas que vous êtes votre propre ennemi tant votre puissance est grande. Votre bonté vous rend naïf, méfiez-vous. Vous êtes fécond(e) et les pilleurs de trésors ne manquent pas. Si les dieux vous ont donné la grâce et le pouvoir de gouverner avec sagesse et grandeur, restez modeste. Le prestige donne des ailes qui font voler plus loin et plus haut, mais le soleil reste le maître absolu.

 

C’est avec Horus que la dimension politique de la justice s’incarne dans le monde mythique des anciens égyptiens. Fils d’Isis et d’Osiris, ce dieu vengeur mena avec Seth un combat légendaire. Avec l’aide des partisans fidèles à son père, Horus put reconquérir le royaume envahi et au cours de la lutte, conquit celui de Seth, dans les terres nubiennes, devenant ainsi le premier dieu souverain de la grande Egypte unifiée. On le voit toujours combattant, aidé par l’acuité de son regard justicier.

 

Lors du combat avec Seth, la force d’Horus enfanta l’histoire des souverains magnifiques et de la puissance de protection ramassé dans l’éclat de l’oudjat, œil magique, arraché à Osiris et repris par Horus. Le dieu oiseau possède à un suprême degré cette vertu bénéfique de l’œil lumière, de l’œil pacificateur qui redonne la vitalité des fluides à ce qui était asséché ou figé.

 

Le natif Horus s’avance dans le monde avec l’éclat d’une personnalité à la volonté aigue. Son intelligence, l’ampleur de son érudition, le font paraître capable de tout comprendre, de tout découvrir. Son esprit d’insurrection doit être précocement maîtrisé avant que son impatience à exercer son influence corrompe ses stratégies en opportunisme.

 

Son psychisme profond est mal équilibré entre une idéalisation bien naïve de toute la dimension virile et paternelle et un certain dédain pour ce qui est apporté par l’ensemble des mères et épouses.

 

L'Œil oudjat (l'Œil d'Horus)

Ce symbole représente l'Œil du dieu faucon, Horus. Il est nommé aussi l'Œil oudjat, ce qui veut dire complet. A la mort d'Osiris, c'est son frère Seth qui reprit le pouvoir en Egypte. Voulant venger son père, Horus part en guerre contre son oncle. Au bout de nombreuses batailles, Seth est vaincu et Horus reprend le trône d'Egypte. Cependant, pendant une bataille, Horus perd un œil. Ce dernier, brisé en 6 morceaux, est reconstitué par Thot et rendu à son propriétaire. L’Œil oudjat est ainsi devenu le symbole de la victoire du bien sur le mal.

Cet œil symbolise également l'entier, la santé et l'intégrité. Il était utilisé en Egypte comme une sorte de porte-bonheur. On le pensait, en effet, capable de protéger contre les maladies.

 

L’Oudjat était aussi utilisé par les Égyptiens comme indicateur des fractions l'hékat. Ceci est une unité de volume servant aussi bien pour les liquides que les solides. Cependant, la somme des fractions de l'Oudjat ne fait que 63/64. En effet, dans la légende, lorsque Thot rassembla l'Œil perdu d'Horus, il en manqua un morceau. Thot ajouta donc le 1/64 restant pour permettre à l'Œil de fonctionner. Ainsi, l'Oudjat devint également un symbole de connaissance car c'est Thot qui apportait le 1/64 manquant aux calculs des scribes, qui se plaçaient ainsi sous sa protection.

 

Voilà l’histoire d’Horus et en partie une bonne description de moi-même, mise à part la genèse historique bien entendu. À chaque fois que je pense à cet Horus, c’est comme un voyage magnifique qui me fait oublier la réalité d’aujourd’hui. Quand je pense à ces tonnes de pierres en plein désert qu’ils ont déplacées, ces monuments gigantesques construits à la sueur des esclaves, ces murs intérieurs peints et ces hiéroglyphes, ces objets incroyablement beaux, il y a plus de 3000 ans… Ce monde m’émerveille et en prime, j’ai des points communs avec Horus !

Seule l’écriture, maniée par une minorité de personnes maintiendra cette porte d’évasion ouverte. Sur 8 milliards d’êtres humains, seuls 0,03% écrivent, soit environ 4 millions d’écrivains dans le monde qui sortent chaque année entre 500 mille et 1 million de livres. Sachant qu’un livre contient environ 50 000 mots en moyenne et qu’un ado envoie environ 3 mille SMS par mois, soit 36 000 sms et je vais être généreux, 2 mots par SMS, ce qui fait 72 000 mots par an, par ado. Ce monde n’est-il pas devenu stupide ? L’Égyptien qui a martelé durant des semaines un seul message coloré sur un mur. Mur qui a traversé des millénaires. Au fond, n’était-ce pas une page d’écriture ou un SMS qui reste ? Aucun SMS d’ado ne dure et des millions de livres partent à la poubelle !

Je suis certain que ce que je viens d’écrire sur Horus, suivi d’un peu de hors sujet mais pas tant que cela, vous a fait voyager. Elle est là, la puissance de l’écriture. Les écrits restent, traverseront les âges et permettront de faire rêver.

 

 

 

Qui suis-je ?

Qui suis-je pour mes parents ? ? Un fils intéressant.

Qui suis-je pour mes enfants ? Un père absent.

Qui suis-je pour ma sœur ? Une jalousie.

Qui suis-je pour Corinne ? Une erreur.

Qui suis-je pour mes collègues de travail ? Un génie

Qui suis-je pour mes amis ? Je n’ai plus d’amis.

Qui suis-je pour Cécile ? Un chouette gars. Un « Doudou »

Qui suis-je pour moi-même ? Un gars qui a fait de son mieux. Ma forme n’est certes pas extraordinaire, mais le fond lui est irréprochablement honnête.

Encore une fois, je suis pour les autres le résultat de mes actes. À vous de juger. Mais une chose est sûre : de ma vie je n’ai fait de mal à personne et ça, je peux l’affirmer, le prouver à qui oserait dire le contraire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


J’ai réussi à les faire sourire ! Plein de fois…